TRAVIS « 10 Songs »
Depuis le milieu des 90’s, Travis, un quatuor originaire de Glasgow incarne comme Coldplay, Keane, Embrace, Starsailor ou encore Stereophonics pour ne citer qu’eux, une des britpop les plus lumineuses de la planète rock. Ce nouveau CD, « 10 Songs », petit joyau de grâce et de justesse, est l’occasion rêvée de les redécouvrir.
Par Jean-Christophe MARY
On se souvient bien sûr de « The Invisible Band » sorti en 2001 qui fut double disque d’or en France, disque d’or à une époque où cette récompense remise à un artiste voulait encore dire quelque chose. Travis devenait l’un des groupes les plus populaires au monde grâce notamment à un tube « Sing » multi diffusée sur les radios. C’est donc avec un plaisir extrême qu’on salue leur retour. Retour d’autant plus satisfaisant que « 10 Songs » reprend l’histoire là où on l’avait laissée, autrement dit une belle brochette de chansons aussi riches en mélodies pop qu’en émotion.
Les écossais font à nouveau parler d’eux et ce n’est fait pas pour nous déplaire. Entouré de ses copains, le pianiste et chanteur Francis Healey doué pour les compositions de haut-vols débarque ces jours-ci avec ce 9eme album de pure brit-pop sensible. Il faut se souvenir qu’on a affaire à un excellent songwriter, qui a trempé sa plume dans l’encrier des maîtres du genre, notamment Chris Martin de Coldplay (pour ne pas le nommer), dont les constructions harmoniques semblent parfois très proches. Francis Healey a en effet cette faculté de vous faire adhérer à des titres aux constructions et aux ambiances aussi différentes qu’opposées. Cette capacité à faire couler les mots sur la musique, à faire cohabiter des rythmiques rock dur à des cordes, des guitares acoustiques à des refrains accrocheurs. Lui possède ce sens inné de la mélodie, ces petites notes qui s’ajustent les unes aux autres et qui vous trottent dans la tête des heures et des heures.
L’album débute par « Waving at the Window », dont le texte et les arrangements sont la signature même de Travis : piano étincelant de Francis Healey, basse ronde de Dougie Payne, arpèges de guitare signés Andy Dunlop le tout pulsé par la batterie faussement rock de Neil Primrose. Le second titre est un magnifique en duo avec Susanna Hoffs des Bangles, Ce titre « The Only Thing » est un moment fort, tant les deux voix s’entrelacent de manière émouvante et féérique, flottent en apesanteur au-dessus d’un piano scintillant et d’une steel guitare, le tout rehaussé de nappes de cordes du plus bel effet. Une mélodie forte qui rappelle un peu celles écrites par Chrissie Hynde (Pretenders). S’ensuit « Valentine », un titre à l’esprit glam rock 70’s, qui ressuscite l’esprit rock et vigoureux du groupe. « Butterlies » et « All Fall Down » sont deux ballades soft rock aux sonorités flottantes, douces et légères et avec ces remarquables constructions couplet-pont-refrain. « A Ghost » s’emballe avec cette rythmique galopante où fusionnent à l’unisson les quatre instruments. Soutenue par une basse batterie qui groove, « A Million Hearts » est l’autre morceau attrape cœur, tant la voix de Francis Healey y est vibrante d’émotion et de mélancolie. « 10 Songs » est un coup d’œil dans le rétroviseur de la carrière de Travis, un beau condensé de tout ce que le quatuor a accompli jusqu’ici. Un album vif et léger, qui célèbre à la fois l’héritage et la maturité du groupe. Comment vous dire, une fois le disque fini, le manque devient si fort que, pour s’en délivrer, il faut mettre et remettre ce CD en boucle… à l’infini 😜