42ND STREET AU CHATELET

42ND STREETAttention chef-d’œuvre ! 42d Street est assurément l’un des « musicals » les plus importants de tous les temps. Après avoir triomphé au Théâtre du Châtelet en 2015 et 2016, cette adaptation du grand classique de Broadway, lui-même tiré du film de Lloyd Bacon & Busby Berkeley, fait son grand retour pour 46 représentations exceptionnelles. Un must pour les fêtes de fin d’année pour vivre un éblouissant Broadway sur Seine !  

42ND STREETPar Jean-Christophe MARY

Après la crise financière de 1929, Julian Marsh, producteur ruiné, mise sur un nouveau show pour se refaire. L’équipe de production est confrontée à de nombreuses difficultés : les décors ne sont pas prêts et Dorothy Brock la vedette féminine n’est pas montée sur scène depuis 18 ans. Cerise sur le gâteau, elle se blesse à la cheville lors des répétitions. Le spectacle sera sauvé grâce au talent d’une jeune recrue de la troupe. Reconstitué en 16 tableaux, chorégraphies époustouflantes et numéros de taps dance plus spectaculaires les uns que les autres, ce musical qui fit sensation à NYC dans les 80’s tire son inspiration de l’âge d’or du Broadway des 30’s, immortalisé par ses célèbres numéros de claquettes.

42ND STREET Les premières notes s’échappent de la fosse d’orchestre et l’on découvre l’imposant dispositif scénique : une immense salle de répétition en poutres métalliques et briques rouges qui deviendra au cours des 2h35 de spectacle, un building avec ses passerelles de secours, un hall de gare ou un somptueux salon chic plus vrai que nature, avec ses imposantes lampes art déco, son mobilier et ses glaces impressionnantes. Mais ici la véritable star, ce sont ces numéros de « tap dance » autrement dit de « claquettes » tous plus éblouissants les uns que les autres. Dès le lever de rideau -qui dévoile uniquement les pieds des danseurs de claquette- le ton est donné par cette chorégraphie époustouflante qui est la marque même des grandes comédies musicales de l’âge d’or de Broadway. L’entrain et la précision des quarante danseurs soulève l’enthousiasme et l’ovation du public. Comme dans les sublimes partitions de « Show Boat » ou « Kiss Me Kate » présentés ici ces dernières années (un grand merci à Jean Luc Chopin !) l’intrigue de ce « backstage musical » (un backstage est une comédie musicale qui raconte la préparation d’un spectacle) est le prétexte pour présenter une grande revue américaine à paillettes, avec ses « girls « , son « chorus line » où tout est agencé, réglé au millimètre dans un ordre absolument parfait. L’autre volet de l’histoire repose sur le contexte social. En effet l’action se situe pendant la grande dépression et souligne en arrière-plan l’exploitation des artistes, leurs conditions de travail et de vie, forcés par de riches producteurs à endurer des répétitions interminables toujours en affichant un bonheur factice pour distraire le public. La scène où les danseuses défilent dans des tenues légères avec des chapeau surmontées de livres, coupes et bouteilles de champagne tandis que les auteurs chantent « Restez jeunes et belles si vous voulez être aimées » en est une parfaite illustration. L’air de « We’re In the Money « où des enfants en guenilles se réjouissent d’avoir trouvé 10 cents nous rappelle la dureté de la crise qui suivi le krach de 1929.

42ND STREETDans les années 30, la 42ème rue était une artère mal famée où voyous, artistes, clochards, prostituées et danseurs mondains tanguaient entre la vie et la mort. Dans les pensions de famille chacun arrivait avec des économies, du talent et beaucoup de culot. Pour réussir à sortir du lot le talent, ne restait plus que le bluff. Emily Langham (Peggy Sawyer), jeune provinciale montée du Midwest avec sa valise et devenue star, en est la parfaite incarnation. C’est le rêve américain dans toute sa splendeur où tout le monde peut réussir. De bout en bout, cette partition est une ode à l’optimisme au travail, à l’imagination, à la ténacité et à l’amitié avec en toile de fond le décor d’une Amérique en trompe l’œil. A cette époque, dans les théâtres et les restaurants de Time Square, la fête est permanente. Broadway se pare de luxe et brille de mille feux. Cette belle production, teintée de jazz et de musique de big band mise en scène de façon spectaculaire, une quarantaine de comédiens, chanteurs et danseurs, tous plus fascinants les uns que les autres dans ces chorégraphies et numéros de taps (claquettes) réglés au millimètre. La partition musicale, entrecoupée de sublimes chansons, est servie ici par des pointures du genre : Alexander Hanson qui excelle dans le rôle de du producteur Julian Marsh, une Maggie Jones campée par le vibrato puissant de Annette McLaaughlin et Emily Langham voix lumineuse joue à merveille de sa voix suraiguë une Peggy Sawyer, enthousiaste et naïve. Décors impressionnants et costumes soignés aux tonalités rouges, blanc, noirs, mauve ou gris scintillants, chorégraphies spectaculaires, Stephen Mear signe là une mise en scène d’un très haut niveau. Un spectacle euphorisant pour les fêtes de fin d’année. Dépêchez-vous de réserver…

Du 07 décembre au 15 janvier 2023

Théâtre du Châtelet. 1, place du Châtelet, 1er. Tél. 01 40 28 28 40. A 20h. De 12 à 109  €.

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