YAZID HENDRIX

HendrixHis name is Hendrix… Yazid Hendrix… et s’il n’est pas exactement le petit frère du légendaire guitariste de Seattle… il mériterait très largement de l’être. De son vrai nom Yazid Manou connait Hendrix comme sa poche. Attaché de presse indépendant aux choix artistiques pointilleux, depuis son festival hommage « Jimi’s Back » sur la scène de l’Olympia en 90, il est devenu LE spécialiste francophone incontournable sur la vie et la carrière du plus iconique guitariste gaucher de l’univers. C’est à ce titre qu’il vient de signer l’intégralité des textes qui accompagnent- sauf les bulles- « Jimi Hendrix en BD » car le 27 novembre prochain, s’il avait vécu, Jimi Hendrix aurait célébré ses 80 ans.

Yazid ManouCela parait juste incroyable, mais Yazid Manou est un véritable personnage de roman. En effet, Stéphane Koechlin a écrit un bouquin publié chez Castor Music qui raconte son histoire personnelle. Intitulé « Blues pour Jimi Hendrix » publié en 2010 il évoque, certes de manière romancée, ses parents, le Bénin d’où il est originaire et surtout toute l’organisation du fameux festival « Jimi’s Back » qu’il avait monté en 90. C’est justement à ce moment-là que j’ai commencé à pratiquer et donc à apprécier Yazid, fou de musique que je croisais systématiquement à TOUS les concerts et ils étaient nombreux à cette époque-là. D’ailleurs, entre journalistes on avait l’habitude de plaisanter en affirmant : si Yazid n’est pas là, c’est que le concert a été annulé. Au fil des ans j’ai aussi souvent travaillé avec ce garçon solide comme un rock 😜 et d’une infaillibilité quasi pontificale. De Sixto Rodriguez à Suzanne Vega en passant par Graham Nash et tant d’autres, j’ai souvent mené certaines parmi mes plus belles interviews par l’entremise de Yazid. Bref, ce n’est pas uniquement parce que je l’apprécie que Gonzomusic lui tend aujourd’hui ce micro, mais bien parce qu’en contribuant à cet épatant « Jimi Hendrix en BD », il passe désormais de l’autre coté du miroir d’Alice au pays de Seattle et que cela méritait largement d’être salué.

« Rappelle-moi Yazid, en quelle année tu es vraiment né ?

Tu veux dire en quelle année j’ai découvert Hendrix, c’est ça ? Alors c’était en 1977 pour mon 12ème anniversaire mes parents m’ont offert « Electric Ladyland ». Et là s’est produit un déclic. Dans les premières secondes de la première version de « Voodoo Child ».

Tu t’es dit : un phénomène pareil ne peut pas exister ? Tu as cru halluciner ?

HendrixIl y a un truc qui s’est passé. J’ai essayé de remettre le disque une bonne cinquantaine de fois, mais cela ne s’est plus jamais reproduit. Mais voilà, c’est ainsi que je suis tombé dedans.

Est-ce que cela avait un rapport avec le fait que Jimi était black comme toi ? Tu t’es senti plus proche de lui à cause de cela… ou il aurait été blond et albinos le même déclic se serait produit ?

Bien sûr, je pense qu’il y a eu un rapprochement déjà musical, et cela je m’en suis rendu compte par la suite. En fait, mon père a toujours écouté beaucoup de musique à la maison et pas mal de blues dont du Lightnin’ Hopkins, du John Lee Hooker, B.B King et compagnie. C’est vrai que j’ai dû être sensibilisé par la note bleue et que en effet dès les premières secondes de « Voodoo Child » un truc s’est produit. Il s’est passé un choc musical au départ.

Mais il ne s’est pas produit une sorte de transfert de personnalité…

S’il y a un transfert, j’ignore complètement comment il s’opère. (sourire narquois). J’ai ressenti un choc émotionnel et physique au moment des premières secondes, mais peut-être que oui, si Jimi avait été asiatique je ne serais sans doute pas assis là en face de toi. On ne peut pas savoir. Mais quand j’ai découvert les premières images à la télévision en 77, ça a forcément troublé mon esprit de découvrir un artiste noir américain qui joue ainsi de la guitare. D’ailleurs dès la fin de l’émission, je me suis précipité pour essayer d’en savoir plus, en lisant le Quid ; car à l’époque on lisait le Quid, et je découvrais que Jimi Hendrix état né d’un père noir, d’une mère indienne… ce qui n’est pas tout à fait vrai, mais ce qui m’avait pas mal impressionné à l’époque, c’est qu’il était mort à 27 ans d’une overdose. L’enfant de 12 ans que j’étais, ça l’a marqué.

Et à 12 ans tu étais très loin de te douter que tu deviendrais un jour le spécialiste, déjà hexagonal si ce n’est européen du fameux guitariste de Seattle ?

C’est impossible. J’avais juste découvert un artiste qui était mort depuis déjà sept ans, auquel, je l’apprendrais par la suite, de très nombreux musiciens vouaient un culte sans limite, mais je n’avais pas de vocation précise. À cette époque-là, Je regardais les filles, j’essayais de bien travailler à l’école. Je ne pensais pas à un quelconque métier. Tout ça, c’est venu que beaucoup plus tard.

Et beaucoup plus tard, vu que je connais bien ta story cela nous ramène à une certaine soirée à l’Olympia ?Yazid Manou

Cela nous ramène à 1990.

Lorsque tu as décidé de rendre hommage à Jimi (qui avait justement joué à l’Olympia) en organisant un concert ?

Du fait de mes liens privilégiés avec le New Morning, où je trainais quotidiennement, je me suis entêté, entiché… je ne sais pas comment le dire mais il fallait absolument que quelque chose se passe pour les vingt ans de la mort de Jimi Hendrix. Et pour te la faire court, j‘ai organisé avec deux associés, un festival qui s’est étalé sur une semaine à Paris, que j’ai appelé « Jimi’s Back ! » du 14 au 22 septembre, avec des expos dans toutes les FNAC de la capitale qui se sont poursuivies jusqu’à Noël 90. Mais surtout, nous avions organisé des projections de films au Max Linder, des conférences également dans les FNAC. Et surtout l’apothéose, le 15 septembre 1990 avec un hommage live qui a duré quatre heures où 11 formations ont joué Jimi devant 2000 personnes. C’était plein à craquer et j’ai eu mon quart d’heure warholien à ce moment-là.

Ça n’est pas le seul ?  😜

Non, mais c’était le premier.

Les formations, quelques noms…

La première, c’est celle qui m’a ouvert toutes les portes, c’est que Noel Redding le bassiste de Jimi Hendrix a accepté de venir pour cette occasion. Il est donc resté une semaine à Paris. Et quand j’ai eu l’accord de Noel Redding, comme par hasard, les portes se sont grandes ouvertes nous avons eu le OK de Louis Bertignac (Voir sur Gonzomusic BERTIGNAC LA SAGA DU LOUIS D’OR: Épisode 1   et aussi   BERTIGNAC LA SAGA DU LOUIS D’OR: Épisode 2 ) , d’Axel Bauer, de Paul Personne (Voir sur Gonzomusic MY AMERICAN DREAM BY PAUL PERSONNE  ) , dans les Français. Et pour les Américains, j’ai réussi à mettre la main sur Randy California, du groupe Spirit qui avait quinze ans quand il a joué avec Jimi en 66.

Je peux faire un mauvais joke… Jimi’s Back… il ne s’agit pas de son dos bien entendu mais de son retour !

Détrompe toi … je plaisante, mais il y a eu en 2002 sur les murs de Paris il y avait une photo de Jean Pierre Leloir, magnifique cliché pris de dos, derrière la scène qui annonçait la grande expo de la Cité de la Musique; « Jimi Hendrix: backstage », la première grande expo rock. Cela ne s’appelait pas Jimi’s back, mais c’était une photo de dos de Jimi. Nous nous avions pris une photo d’une photographe qui a tout lancé qui s’appelle Nona Hatay, qui l’avait photographié le 18 mai 1969 au Madison Square Garden  et on a pris ce nom de « Jimi’s Back » pour notre évènement. Même si pour certains Jimi n’est jamais parti !

Avant le festival tu en savais déjà autant qu’aujourd’hui sur Jimi ?

Non. Car de 77 à 90 j’étais un fan, à la rigueur. Mes parents ou un petit cercle de potes à l’écoles connaissaient ma passion pour Hendrix. Mais je n’avais pas une coupe Afro. Je ne portais pas un bandeau dans les cheveux. Je ne venais pas en classe avec des T-Shirts de Jimi Hendrix. Donc c’était une passion qui était plutôt secrète. Je ne m’en cachais pas, mais je n’ai jamais joué de guitare non plus.

Tu n’as jamais essayé d’imiter Jimi à la guitare, de composer comme Jimi…

…. Non, non, non… rien de tout cela.

C’est juste une curiosité de biographe amoureux ?

Oui, parce qu’après je voulais en savoir plus, alors évidemment j’ai au départ comme tout le monde acheté quelques disques. Et je me précipitais tous les mois dans Rock & Folk pour essayer de mettre un coup de Stabilo dès que le nom de Hendrix apparaissait. Mais il est vrai que les choses se sont accélérées à partir 88, 89 car là j’étais en relation avec Caesar Glebbeek, le plus grand spécialiste au monde et qui, à l’époque, vivait en Irlande. Et il a sorti la bio la plus imposante de 700 pages « Electric Gypsy ». Et ensuite, il mis au point un fanzine, publié après en 91, Univibes que j’ai fait distribuer chez Parallèles puis c’est vrai que le lendemain du Festival tout a changé pour moi, parce que du coup y a eu une médiatisation. J’étais devenu le référent des médias car pendant la semaine du festival j’ai assuré les JT, les émissions de radio les interviews dans la presse… il n’y avait pas encore internet ! Ensuite, je suis devenu grâce à ce festival, attaché de presse indépendant dans la musique, je ne m’occupais pas que de Jimi Hendrix, évidemment cela aurait été une erreur, mais je travaillais avec tous les artistes qui m’intéressaient… y compris Hendrix, bien sûr. Avec toute cette médiatisation, je me suis retrouvé en relation avec des fans qui m’envoyaient des cassettes, des photos. Je distribuais des fanzines, je lisais des magazines, je répondais à la presse alors forcément mon appétit hendrixien n’a pas cessé de croitre.Jimi

On va évoquer l’intéressé. Franchement, avant de lire la BD, qui est super agréable à lire, remarquable et dont je ne tarirai pas d’éloges. Mais surtout, c’est la vie de Jimi telle que je croyais la connaître… sans la connaître qui m’est apparue.  Et un truc m’a particulièrement bouleversé. C’est comment ce mec du début à la fin a été pressé comme un citron et exploité par son entourage. Et surtout les managers producteurs, déjà le premier Ed Chalpin qui lui a fait signer le fameux contrat léonin avec lequel il l’a ensuite menacé et surtout le Mike Jeffery qui l’a pressé comme un citron. Pour mémoire, Jimi a joué combien concerts en 67 … 265, ce qui parait juste incroyable.

De toute façon, Jimmy ne vivait que pour la musique. Bon, et il est vrai que pour son manager, même si au départ, il en a eu deux. Donc, on retient le nom de Chas Chandler, mais qui était associé avec le mystérieux Mike Jeffery qui avait justement été le manager des Animals. Il est vrai qu’Hendrix était devenu une vraie poule aux œufs d’or qui rapportait beaucoup d’argent. Le seul qui n’était pas content c’est Noel Redding. Il l’a écrit dans un livre plus tard parce que durant ces trois années avec Hendrix, il a toujours demandé où était l’argent. Quant à Jimi, ce n’était pas vraiment son problème c’est à dire que dès que Jimi haussait le ton, hop on lui filait 2000… 3000 $ ; tu veux une Corvette tu as une Corvette et tu veux de la came…  tu as de la came.

C’est marrant, parce que si on remplaçait Jimi par Johnny, tu pourrais dire exactement la même chose !

Mais parce que les éléments sont les mêmes. C’est l’histoire éternelle du jeune artiste qui a soudain énormément de succès, qui est naïf, qui n’est pas méchant, qui n’est là que pour s’amuser, qui n’a en tête que la musique et pour lequel le reste n’est pas son problème.

Et qui est aussi généreux avec son entourage…

Bien souvent cela va de pair. Mais Jimi lui, du moment qu’il pouvait jouer et qu’il pouvait s’amuser, il ne se souciait guère du reste. Et c’est ce qu’il a fait pendant 4 ans. Voilà.

Mais le fameux Jeffery qui a mystérieusement disparu dans un accident d’avion et qui était un ancien des services secrets…

… paraît-il.

S’il n’avait pas été là, Jimi serait encore parmi nous ?

Non, on ne peut pas dire les choses aussi simplement. Je ne serais pas aussi catégorique. Je n’ai pas tous les éléments …

Tu as des convictions, Yazid.

Jimi Hendrix by Sam Feinsilver

Jimi Hendrix by Sam Feinsilver

Certes, mais je ne vais pas accréditer la thèse qu’il aurait été impliqué dans…

Je ne te pose pas la question de manière factuelle, mais juste par rapport à ton ressenti.

Mike Jeffery n’avait aucun intérêt à la disparition de son poulain. Ça déjà c’est clair.

Bien sûr, mais s’il ne l’avait pas poussé à bout… il n’aurait peut-être pas disparu aussi vite ?

Ce n’est pas qu’il l’a poussé à bout, c’est que à un moment donné Jimi, on va faire le lien avec Johnny, mais ça s’est passé beaucoup plus tard, quand Johnny a dit : y’en a marre… il a changé d’agent. À un moment donné, Jimi même si ça n’est pas assez entendu, il en a eu marre et c’est vrai qu’on a des informations qui révèlent qu’il s’apprêtait, il en parlait autour de lui à son entourage, à quitter son manager. Le sort en a voulu autrement, mais il ne supportait plus d’être constamment pressurisé. Cette pression fait d’ailleurs que le groupe a explosé à la fin l’Experience en 69. Ensuite, il a monté le Band of Gypsyes , ce qui n’a pas vraiment plu à Mike Jeffery. Ça n’a pas duré. Mais il est vrai aussi que Jimi était un peu cul et chemise avec Mike Jeffery, c’étaient des « acid buddies » comme on dit à force d’avoir partagé les mêmes trips. Mike le tenait aussi un peu par rapport à ça. Et finalement jusqu’à sa disparition, Jimi n’a pas eu le cran de s’en séparer alors qu’il disait à ses proches qu’il voulait le quitter. Est-ce que cela se serait fait un peu plus tard ? On ne le saura jamais. Mais une chose est sûre, c’est que sans Mike Jeffery, Jimi n’aurait pas eu cette carrière.

Une carrière absolument incroyable. Elle a duré très peu de temps.

Oui, quatre ans.

Il a produit…

… trois albums…

… allez on va dire quatre puisqu’il y a un double ! On peut parler d’un album par an quoi ? Voilà mais par contre depuis combien de lives sont sortis ?

Non, mais je n’ai pas compté.

40 ?Yazid

En fait il y a eu des centaines de disques. Si l’on additionne les officiels, les disques pirates, plus les disques qui sont retirés du marché, il y en a eu effectivement des centaines.

Il n’existe aucun autre artiste rock qui a une carrière qui ressemble à ça, c’est à dire 3 albums studio et 300 lives ?

J’aime bien quand on me pose la question, sortir la phrase que j’avais entendue dire par Eddie Kramer, l’ingénieur du son en titre de Jimmy. Et évidemment, moi je ne vais pas dire le contraire. Ils ont tellement de matière au niveau live qu’on pourrait sortir un album par mois pendant 10 ans. Voilà donc ça résumé tout !

Alors tout à l’heure, je te disais: bon allez on remplace Jimi par Johnny et là on remplace Jimi par Prince et on pourrait dire exactement la même chose ?

Bien entendu, l’histoire se répète. Mais peut-être que désormais, avec tout ce qui s’est passé de bien et de mal et surtout de de mauvais sur Jimi Hendrix, les fans de Prince, par exemple, espèrent qu’on va en prendre de la graine et qu’au moins ses ayants-droits feront plus attention. Et qu’ils ne tomberont pas dans le piège hendrixien. Donc, si Jimi a pu servir de modèle pour toutes ces sorties posthumes, on verra bien. Ce sont des artistes qui ne pensaient qu’à leur art et qui n’ont fait que produire produire produire produire… voilà ! De surcroit, Prince en partant c’était le bordel pas possible, parce qu’il y a que lui qui gérait donc c’est encore un autre problème mais c’est aussi un lien avec Hendrix. Il ne comptait pas les heures de studio, c’est pour ça d’ailleurs qu’il a fini par avoir son propre studio. Mais quand on voit la matière qu’il a enregistré, ça partait dans tous les sens. Il a laissé un véritable bordel…

J’adore dans la BD lorsqu’on fait dire à Eddie Kramer : « non mais tu te rends compte, il a fait jouer du djembé au taxi qui l’a ramené hier soir ».

Il a plein d’anecdotes du genre. C’était son côté extrêmement généreux et qui ne vivait que pour la musique et qui ne voyait pas le coté business. Donc il dépensait des heures et des heures de studio car il était perfectionniste. Un morceau qui fait quatre prises, il en faisait cinquante. Donc les bandes derrière tournaient. Donc que faisait la maison de disques ? Certes elle payait les heures de studio mais elle les déduisait des royalties. Qui s’en rendait compte ? Le manager, pas Jimi. Parce que Jimi dès qu’il avait besoin d’argent parce qu’il veut partir en vacances au Maroc …

…. Le pauvre ce n’est pas sa semaine à Essaouira qui a plombé les comptes…jimi

… oui mais ce sont les seules vacances qu’il ait prises. Tu veux partir une semaine en vacances… tiens prends 2000 dollars. Ce qui est énorme 2000 dollars en 69 ! Dès qu’il avait besoin d’argent, on lui donnait l’argent dont il avait besoin. Jimi avait besoin de cash pour acheter des fringues, pour acheter des guitares, pour partir en vacances, pour acheter une voiture…

Si tu avais Jimi face à toi en 2022… il est né en 42 n’est-ce pas ?

Oui on va fêter ses 80 ans, là.

Il est en face de toi, il a 80 ans. Il a joué toute sa vie, tu l’as vu 100 fois sur scène, tu as écouté tous les disques géniaux qu’il a pu sortir… que lui dirais-tu, le rencontrant enfin pour la première fois ?

Je vais répondre par une pirouette car déjà je n’imagine, pas Jimi à quatre-vingts ans. Ensuite, vu l’état dans lequel ce Monsieur me met depuis 77, je n’imagine pas le rencontrer uniquement pour la première fois en 2022, ça serait totalement, totalement impossible. Et donc, qu’est-ce que je lui dirai ? Merci pour ce pour ces moments ! Mais à part lui dire : Monsieur vous avez changé le cours de ma vie… mais je ne veux pas raconter de bêtises car je ne l’avais jamais imaginé. Mais tout dépend aussi dans quelles conditions il serait face à moi. Est-ce que comme Johnny à la Cité de la Musique où je vais à peine avoir le temps de trinquer d’une coupe de champagne et d’avoir 10 secondes, avant que tout le monde ne lui tombe dessus. Ou est-ce qu’on me dit : Yazid Manou je te présente Jimi et on nous ferme la porte pour une véritable discussion ?

Bien sûr… il t’a réservé une heure ou deux !

Alors je lui demanderai qu’il me parle de sa maman, par exemple.

C’est marrant car avec moi Prince s’est barré au bout de dix minutes d’interview parce que je lui avais demandé qu’il me parle de son papa !

Oui mais Jimi n’était pas Prince. Et puis, ils n’avaient pas les mêmes rapports familiaux. Mais oui, se serait cela qui pourrait le plus m’intéresser puisque depuis le temps j’en saurais tellement de toute façon. Car si je commence à évoquer tel ou tel morceau, ou tel truc spécifique … toutes les questions qu’on me pose sur les tonnes d ’énigmes dont nous ne connaissons pas la réponse…

D’endroits où il est supposé être allé… ou pas, des gens avec lesquels il est censé avoir joué… ou pas ?

Mais oui exactement. Donc soit Jimi débarque par surprise dans ma vie et j’ai une heure, alors forcément je dois improviser. Ou bien on me dit que dans un an vous allez rencontrer Jimi tel jour précis, là j’auras forcément des milliers de question… alors est-ce que la guitare de Linda c’est celle de Keith Richards ? Est-ce que…. Est-ce que… ça devient ridicule

Ton Top 5 des artistes avec lesquels tu as bossé ?sixto rodriguez

Ah la question-piège ! L’histoire la plus folle de toute ma vie que j’ai vécue au niveau du boulot, mis à part Hendrix, qui est hors-concours, c’est Sixto Rodriguez ( que j’ai interviewé deux fois pour Rolling Stone grâce à Yazid, justement : NDR). Il vient d’avoir 80 ans en juillet dernier.

Tu as des nouvelles ?

Le Monde magazine a fait huit pages sur lui à cette occasion. J’ai donc eu des nouvelles en lisant l’article, ils sont partis à Detroit le rencontrer là où il vit, dans une pièce toute noire car maintenant il est pratiquement aveugle. Donc oui, Sixto Rodriguez est un artiste qui m’a marqué avec lequel j’ai vécu une aventure extraordinaire. Pour rester dans les artistes les plus connus, j’ai aussi eu une relation forte avec Joan Baez. Même si je ne suis pas expert c’est vrai que c’était impressionnant de passer quatre jours de promo avec Jimmy Page, c’était en 2003 pour la sortie du DVD qui avait cartonné à l’époque intitulé « Led Zeppelin ».

jimiIl faut aussi citer Luther Allison car je me rappelle que quand je montais mon hommage à Hendrix on m’a dit : mais tu ne peux pas rendre un hommage à Hendrix sans avoir Luther Allison … ce n’est pas possible. Mais pour moi en 90 avoir Luther Allison c’était aussi difficile que de décrocher John Lee Hooker. Mais on m’a dit :  mais si mais si… Luther est super cool. C’est un fan Hendrix, il habite dans le 92 à Levallois.  Et donc on m’a donné son numéro de téléphone.  Je lui explique qui je suis, ce que je suis en train de monter et Luther me dit : non mais bien sûr que j’en suis. Et je lui dis que cela se déroule à l’Olympia, le 15 septembre. Mais Alison, il m’a dit ah là, je ne suis pas libre. Ah et donc pour avoir absolument Luther Allison j’ai monté une soirée au New Morning où il a joué avec Noel Redding et quelques artistes qui étaient à l’Olympia. On a clôturé avec Luther et son fils Bernard Allison sur scène le 22 septembre. Voilà, j’ai eu cette relation forte avec Luther qui a disparu en 97. Et pour le 5éme du Top, sans doute le moins connu, je songe à Otis Taylor, avec lequel je travaille depuis 2001, qui est un immense bluesman originaire de Boulder dans le Colorado. Et on revient à Hendrix, puisqu’il a jammé sur scène avec Jimi justement à Boulder en 1968 lorsqu’il avait 20 ans. Il pratique ce qu’on qualifie de trans-blues. Depuis 2001 on se voit à chacune de ses visites parisiennes. Nous sommes devenus amis, il m’a même invité dans le festival qu’il organise chaque année à Boulder.

kiss the skyMais pour revenir à Hendrix, en plus de la BD, j’ai  également écrit quatre pages dans un Jazz magazine spécial  consacré à la fabuleuse et fantasmagorique histoire entre Jimi et Miles Davis.  Avec un dessin, en guise de couve où l’on découvre Miles et Jimi, car aucune photo de leur rencontre n’existe. Voilà et donc j’ai écrit tout ce que je savais sur la réunion entre les deux artistes. Et il y a aussi  la parution du  live inédit du show de l’Experience, le 26 avril 69 au Los Angeles Forum qui sort le 18 novembre.

Enfin, il faut aussi mentionner une seconde BD consacrée à Hendrix…

Oui par Mezzo et JM Dupont, qui avait fait un carton il y a 8 ans avec son « Love In Vain » consacré à la vie de Robert Johnson. Et là, il est parti sur l’histoire de Jimi Hendrix. Sauf qu’il s’est rendu compte que c’était une tache énorme. Et comme il est très long quand il fait ses dessins, ça va sortir en 2 volumes. Donc, le premier tome « Kiss the Sky » c’est 42/66 et quand on ferme la page de ce premier volume qui vient de sortir, Jimi s’envole pour Londres. Donc, pas avant 2024 paraîtra la suite en couleurs 66/70. Et enfin un Français, Stéphane Korb, va dévoiler le 27 novembre à l’heure de naissance de Jimi Hendrix soit 10:15 Seattle time ( 18:15 heure de Paris) pour ses 80 ans, 10.157 NFT de l’artiste. Et pourquoi 10157 ? C’est que Jimi a passé 10157 jours sur Terre. »

« Jimi Hendrix en BD » éditions Petit à petitHendrix

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2 réponses

  1. Saltron dit :

    Yazid, vert experienced, very tuned, véridique.

  2. Eteneau dit :

    Yazid et un ami. Son talent et son honnêteté, vont de pair avec une rigueur absolue. L’a peu pre n’est pas de mise pour lui, surtout lorsqu’il s’agit de Jimi. Parfois je croyais l’énerver en proferant une erreur sur Jimi, mais non. Yazid ne mord pas, j’ai pas attraper la rage. Juste que pour lui, il est habité par Jimi hendrix d’une façon peu être mystique. Voilà. J-Marie.

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