THE WHITE STRIPES “Greatest Hits”
En huit ans seulement, le power duo The White Stripes aura publié 6 albums studio, deux lives, un EP et 26 singles. Dix ans après la séparation entre Meg White et Jack White, histoire de nous rappeler à son bon souvenir, notre guitariste supersonique nous a concocté le plus explosif des track-listings avec ce « Greatest Hits » aussi nostalgique que sur-vitaminé, qui n’a pas laissé JCM indifférent, bien au contraire.
“Seven Nation Army”, “Fell In Love With A Girl”, «Hotel Yorba», «Dead Leaves And The Dirty Ground», «Hello Operator», «Icky Thump», «Apple Blossom»…la première anthologie officielle du duo rock légendaire, Jack and Meg White, rassemble 26 chansons qui couvrent l’ensemble de leur ( bien trop) courte carrière.
Par Jean-Christophe MARY
Si les 90’s auront été les années triomphantes de l’électro et du hip-hop, le début des années 2000 aura marqué un retour fort aux sources du rock’n’roll. Oubliés les studios high tech, les grosses productions au son léché, des Black Keys aux Kills en passant par Boss Hog et The Yeah Yeah Yeahs tous ces nouveaux combos qui surgissent de nulle part vont à l’essentiel : on branche une gratte en direct sur l’ampli, on attrape une paire de baguette et on envoie la sauce. Les White Stripes furent de ceux-là. Un gars (Jack) et une fille (Meg) qu’il présentait alors comme sa sœur (mais en réalité ex-époux, mariés en 1996, puis divorcés quatre ans plus tard, en 2000) et puis des fringues en noir, blanc et rouge ( Comme le Clash et Taxi Girl) , voilà pour le look. Une guitare, une batterie et une voix et voilà pour la musique. Comme approche, on ne pouvait guère faire plus minimaliste. Sur les 26 titres (qui durent en moyenne 2’30 !), on assiste à feu d’artifice rock’n’ roll sale et débraillé. Des morceaux de rock primaire où s’entrechoquent violence des sons et mélodies branques et sauvages, à l’image de ces tonitruants « Let’s Shake Hands » en ouverture ou ce magistral « Screwdriver » tout en rage et puissance contenue.
Dégaine hirsute, guitare brute de décoffrage, voix écorchées, Jack White passait du punk rock le plus abrasif « Fell In Love With A Girl » au garage rock dépouillé « The Big Three Killed My Baby »en passant par des titres folk 60s’ « Hotel Yorba », « Apple Blossom » à des parties plus rock psychédélique 70’s « I’m Slowly Turning Into You » ou ces blues à vous faire hérisser les poils « Death Letter », « I Fought Piranhas ». De temps à autre surgissait ici où là une ballade folk émouvante comme « We’re Going To Be Friends », « Jolene » ou « Dead Leaves And The Dirty Ground ». Derrière ses fûts, Meg jouait pied nu, cognait juste, assénant coup de cymbales quand il le fallait le tout avec un aplomb, une robustesse, et une aisance particulièrement féminine. Tête renversée en arrière, les yeux fermés, levés au ciel, Dieu que cette fille était belle. Une sorte de sirène à la beauté du diable, entre la femme animale et la petite fille. Quand Jack partait dans ses spoken words, Meg appuyait les mots à coup de pied sur sa grosse caisse. Cette voix de chat éraillé, ces notes arrachées du bottleneck resteront à jamais ce mélange détonnant de rock qui nous a pris aux tripes durant une courte décennie. Un groupe majeur et fondateur dans la lignée des Led Zeppelin des Stooges ou MC5. Thanks guys !