THE CLUB

The ClubEncore une prod Netflix qui nous va droit au cœur… et dans tous les sens du terme, voici THE CLUB, bluffante série turque qui nous projette dans l’Istanbul des années 50 et qui raconte (un peu, beaucoup, passionnément…) l’histoire de ma famille à travers un fameux cabaret et ceux qui y travaillent évoquant pour la première fois la persécution des communautés « non musulmanes » ( juifs, chrétiens, arméniens, homosexuels) dans la Turquie de l’après-guerre.

The Club1492, Isabelle la catholique, dans la foulée de la « Reconquista » chasse non seulement les Musulmans d’Espagne, mais aussi les Juifs qui y vivaient en paix depuis des siècles. La plupart d’entre eux vont traverser la Méditerranée et s’installer en Afrique du Nord, Algérie, Tunisie, Maroc, mais une petite minorité se réfugie en Italie, en Grèce et en Turquie. 5 siècles plus tard, ils ont conservé entre eux cette langue espagnole du 14ème siècle, baptisé le Ladino-espagnol, qui est un peu ce que le québécois est au Français moderne. Ainsi, lorsqu’en 1973 je suis allé pour la première fois à Izmir, sur les traces de ma famille, autour de la piscine du Buyuk Efez, le palace local, on pouvait entendre parler français et espagnol, mais ce n’étaient ni des Français ni des Espagnols, mais des chrétiens turcs francophones et des juifs turcs hispanophones. Aujourd’hui, la magnifique série THE CLUB donne la parole à ces communautés oubliées et persécutées. Car si la majeure partie de ma famille a quitté Izmir avant la guerre, pour finir pour la plupart déportés par les flics français transportés par l’ancêtre de la SNCF et gazés à leur arrivée à Auschwitz par les nazis – hé  non Mr Z ( dont je n’écrirai pas le nom) de merde , Pétain n’a pas sauvé les juifs Français, devançant même les demandes des SS en livrant également les enfants que les allemands n’avaient pourtant pas réclamé-, une partie restée en Turquie a émigré juste après la fondation de l’État d’Israël  en 1947. Or j’avais toujours cru qu’ils avaient quitté le pays par sionisme, c’est en regardant THE CLUB que j’ai compris qu’ils avaient surtout fui des persécutions antisémites.

The ClubBienvenu au Club, le cabaret le plus fameux d’Istanbul en 1955 où se produit l’homme à la voix d’or, le chanteur le plus célèbre du pays Selim Songür qui est  ouvertement homosexuel. Selim se prend d’affection pour Matilda, une femme juive tout juste libérée de prison qui devient sa costumière. Dénoncé par un employé musulman, le père et le frère de Matilda ont été envoyés au bagne où ils sont morts d’épuisement. Leur faute ? Ne pas s’être acquitté du Varlik Vergisi, un impôt sur la fortune uniquement payé par les Arméniens, les Juifs et les Grecs (chrétiens). Pour s’être vengée, Matilda est envoyée en prison, sa fille Rasel ( Rachel) est élevée dans un orphelinat. À sa sortie de prison, elle parvient à se faire engager à THE CLUB comme femme de ménage. Mais la star du show, Salim la prend sous son aile, tandis que le manager du cabaret Çelebi lui voue une haine inexplicable. Quant au patron du CLUB Orhan Sahin, il joue double-jeu, dissimulant sa religion chrétienne, mais en même temps cédant aux sirènes nationalistes racistes du pouvoir en place. Et, en ce qui concerne la jeune Rasel, tombée amoureuse d’un séduisant chauffeur de taxi musulman, elle lui cache ses origines juives. Lorsque celui-ci les découvre, il gifle la jeune fille dans une scène-choc. Réalisé par Seren Yüce et Zeynep Günay Tan, THE CLUB n’est pas seulement une série qui a le courage de sortir la poussière de dessous le tapis, elle est aussi un miroir de la situation actuelle, d’un nationalisme exacerbé par la stupidité du pouvoir despotique en place de Recep Tayyip Erdogan. Avec ses superbes décors, ses costumes classieux,  ses sublimes voitures américaines des 50’s rutilantes, ses personnages bouleversants et ses dialogues à la fois en turc mais aussi en ladino, les deux saisons de THE CLUB  ne sont à rater sous aucun prétexte, la preuve vivante que dans notre 21éme siècle les séries les plus intéressantes viennent désormais d’horizons différents comme l’Espagne  de CASA DE PAPEL ou l’Israël de FAUDA.

 

Saisons 1 et 2 diffusées sur Netflix depuis le 6 janvier 2021

 

 

 

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