SOUL II SOUL BRITISH SOUL BROTHERS

Soul II SoulVoici 30 ans dans BEST, le pionnier BB comptait parmi les premiers à rencontrer Jazzie B, le lider maximo de Soul II Soul, nous invitant à plonger à ses côtés dans le courant tumultueux de cette nouvelle soul qui allait bientôt submerger la scène British, puis le reste de la planète, de son bien nommé « Club Classics Vol. One ». Flashback…

Jazzie BIl fallait être doté d’un sacré culot pour baptiser son tout premier album « Club Classics Vol. One », mais à 26 ans Trevor Beresford Romeo alias Jazzie B n’en manquait manifestement pas. Né sur le sol british, à Hornsey en banlieue de Londres, de parents originaires de l’ile d’Antigua dans une fratrie de dix enfants, le futur DJ s’intéresse de manière précoce à la musique. Épaulé par ses frères ainés, qui exercent déjà l’art de faire tourner les platines dans les sound systems, Trevor a tout juste 14 ans lorsqu’il se lance sous le pseudo de Jah Rico et commence à faire guincher le public. Il faudra attendre 1982 pour que Jah Rico laisse place à Soul II Soul qui devient à la fois un sound-system, une ligne de vêtements et une boutique de disques située à Camden. Parallèlement, surfant sur l’essor des radios pirates ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/acid-house-in-london.html ) Jazzie B assure un show Hebdo très populaire sur Kiss FM qui lui ouvre les portes des plus grands clubs de Londres comme the Fridge à Brixton et qui lui permet finalement d’ être signé par Virgin records. Le leader deSoul II Soul devient éfgalement un fameux remixer pour Maxi Priest,  James Brown, Ziggy Marley, Nas et entre autres Destiny Child.  En en peu moins de dix ans, Soul II Soul publie 5 albums avant de se séparer en 1998. S II S se reformera en 2007, mais sans jamais retrouver son éclat de l’aube des 80’s. Anyway, porté par leur son aussi velouté que délicatement groovy, cette soul neuve aura marqué la scène anglaise de manière durable. Interview ET chronique de ce premier album « Club Classics Vol. One », signés Bruno Blum.

Soul II Soul Publié dans le numéro 254 de BEST sous le titre :

SOUL SYSTEM

Par Bruno BLUM

Soul Il Soul – prononcer Saule tou Saule – sont numéro un en Angleterre, aux États-Unis et ils frappent très fort dans toutes les boites d’Europe. C’est le nouveau son, doublé d’un magasin de fringues (nazes) et de disques de soul branchés. Jazzy B en est le master-mind, et ce qu’il fait est nouveau et important.

« On était un sound-system, au début. On organisait des soirées avec notre sono, et on continue à le faire. On mélange la musique et la mode. Nous sommes des victimes de la mode, et on crée la nôtre: la boutique est responsable de ça. On va en ouvrir une deuxième à Londres, et une a New York bientôt. On s’arrache nos produits. Mais nous sommes une organisation collective de disc-jockeys, en fait.

Quelle est ta relation avec la chanteuse du groupe ?

Soul II Soul « Keep On Moving » est un tube en Amérique. Ici, à Londres, c’est « Back To Life ». Elle chantait déjà les chœurs sur « Feel Free », une chanson sortie il y a déjà longtemps. C’est moi qui lui ai demandé de chanter ces morceaux. Soul Il Soul c’est le nom de I’organisation toute entière, et sur la pochette il y a « featuring Caron Wheeler ». Pour ce que j’en sais, elle est ravie ! Elle s’est embarquée pour une carrière et j’espère que nous travaillerons sur ses compositions. C’est à elle de décider. En ce moment, je travaille avec d’autres artistes, j’écris mon deuxième album. J’aime les nouvelles têtes, les deux dernières s‘appellent Rose et Doreen. Le rapport entre tous ces gens, c’est les boites. Ils viennent à nos soirées ils connaissent Soul Il Soul et en font partie. Je les connais tous depuis longtemps.

Que penses-tu des disques Motown ?

Je trouve que ce que Berry Gordy a fait, pour moi en tant qu‘homme noir, est ce qu’il est arrivé de plus important dans le show-bizz. Il contrôlait et possédait Motown, et il a toujours fait ce qu’il fallait. Que ce soit découvrir Diana Ross et les Supremes dans les années soixante ou de revendre Motown, ce qu’il a fait récemment, bon, ils ont un tube aujourd’hui (très bon!) avec Public Enemy… génial  ( « Fight the Power » extrait de la BO Motown de « Do the Right Thing »: NDREC) ! C’est de ça qu’il s’agit. C’est super. Berry Gordy m’a donné un but à atteindre. Il m’inspire beaucoup.

Et Bob Marley ?

Justement Don Taylor, son manager est devenu mon manager ! Tu vois que je me sens très proche de lui. C’est mon héros numéro un. Avec peut-être Michael Jackson. Je vais d’ailleurs re-mixer un maxi pour son fils Ziggy Marley.

Soul II Soul Quel est le secret de ton son ?

Difficile à dire. J’ai une formation d’ingénieur du son, je fais ce qui me semble le mieux dans chaque mix avec les gars de Silent Productions. J’ai remixé Money Love et un nouveau groupe sur CBS, les Chimes, et puis Allison Williams.

Tu es une version antillaise des Stock Aitken et Waterman ?

Pourquoi antillaise ? Anglaise. Je viens d’Antigua, mais je n‘y ai jamais vécu ! Et je n’y tiens pas, pourtant mes racines y sont. Je ne me sens pas très accepté ici. Nulle part dans je monde. Même  en Angleterre, ici nous ne sommes qu’une minorité, je reçois bien plus de respect pour ce que j’ai fait en Amérique.

C’est vraiment différent d’être Noir ?

Bien sûr ! Ce n’est même pas la peine d’en parler. Mais ce n’est pas mon problème. Moi, ma cause, mon truc, c’est de faire ce que je dois faire pour avancer dans la vie. Et j’espère aussi rendre les choses plus faciles pour les enfants qui grandissent, pour qu’ils n’aient pas à se farcir le parcours difficile que j‘ai eu. Au moins, aujourd’hui, Soul Il Soul est à moi, et avec I’aide de tous ceux qui en font partie, Daddae H, Sparky, Pat, tous ceux qui sont à fond avec nous, j‘espère, on laissera quelque chose à nos enfants, ne serait-ce qu’un exemple. Je suis très fier qu’on marche en Amérique. C’est toute ma vie. C’est mon marché. Dommage que ce ne soit pas L’Angleterre !« 

 

Soul II Soul SOUL II SOUL « Club Classics vol. One »

Kronik by BB

Formule originale pour un multi-numéro un de l’été inattendu. Un D.J. rappeur ingénieur du son, noir anglais, compose un album entier en se basant sur son expérience de disquaire chevronné des boites les plus hip de Londres. Il s’entoure de ses suiveurs les plus fervents et demande à 4 différents vocalistes de ses amis d’interpréter ses créations. Jazzy B. a ensuite réalisé l’ensemble, se chargeant de tous les arrangements, d’un mixage délicat et expert. La sobriété de ses Club Classics montre une finesse, une légèreté inaccoutumée pour la Dance music, et une grande classe se dégage de l’ensemble de l’album, qui est sans doute un des must les plus évidents de l’année.

Soul II Soul Monté en épingle par une pléthore d’artistes qui se disputent déjà ses services, Jazzy B. s’impose aussitôt comme un courant funky réparateur qui risque de marginaliser un peu plus encore le courant house, fort fun au demeurant, qui est encore le son de référence sur les pistes anglaises, sur-générées par cette musique de dingues. Économique, efficace, Soul II Soul est très remuant, mais plus cool, plus élégant que le concassement de marteau-pilon auquel nous nous sommes (pourtant) habitués. Les voix de sirènes de Caron Wheeler, pleine de soul, ou de Rose Winross, tout aussi entières dans ses figures vocales très libres, et les violons du Reggae Philharmonic Orchestra dirigé par Mykhaell S. Riley (Ex-Steel Pulse) concourent à créer une ambiance « Funky Dread » de club résolument irrésistible. Trois secondes de « Keep On Movin » suffisent à allumer la glande swing de vos lobes avant même que le chaud monologue de Jazzy B. ne vienne modifier l’ambiance. Solo de flûte traversière, soul, groove, mood music… une page de plus de la musique afro-occidentale vient d’être tournée.

 Publié dans le numéro 254 de BEST daté de septembre 1989BEST 254

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