SO LONG SEYMOUR STEIN GENIUS MUSIC MOGUL
Il s’est éteint, chez lui à Los Angeles après un valeureux combat contre le cancer, Seymour Stein était âgé de 80 ans et il était un des derniers nababs du rock avec son label légendaire Sire records, sur lequel il avait signé la crème de la crème de la vague punk new yorkaise avec les Talking Heads, Blondie, les Ramones, sans compter les Pretenders et Madonna. Son flair si affuté, son amour et sa connaissance de la musique manqueront tant désormais à cette culture rock que ce mensch avait si largement contribué à forger. RIP Seymour Stein !
C’est le NY times qui raconte l’anecdote. Seymour Stein est encore un jeune Seymour Steinbigle agé de 15 ans, mais il développe déjà sa passion pour l’industrie musicale au point de convaincre son paternel de le laisser partir deux étés de suite à Cincinnati, Ohio dans les bureaux du label King records qui avait à son actif James Brown et Little Willie John. Il faut dire que le jeune Seymour pouvait aussi compter sur un allié de poids, un certain Syd Nathan, un des producteurs du label qui a senti tout le potentiel qui bouillonnait en lui. Sans doute Nathan se projetait il aussi dans ce petit feuj les yeux brillants qui lui ressemblait tant quelque part. Nathan lui conseille aussi de larguer la partie « bigle » de son nom de famille pour devenir Seymour tout simplement Stein. Seymour Steinbigle est né le 18 avril 1942 dans une famille juive orthodoxe du quartier de Bensonhurst à Brooklyn. Son père, David, travaillait dans le secteur de la confection, les shmates à Manhattan, sa mère, Dora (Weisberg) Steinbigle, travaillait depuis son plus jeune âge dans un marché familial à Coney Island. Mais Seymour ne rêve que de musique, il débarque au magazine Billboard et parvient à les convaincre de l’engager. Et c’est ainsi que démarre l’une des carrières les plus incroyables de toute l’industrie musicale qui s’étendra sur plus d’un demi-siècle. Car avec son label Sire, Stein se classe sans peine dans le Top 6 des plus grands patrons de l’histoire du disque, aux cotés des Berry Gordy, Ahmet Ertegun, Jac Holzman, Richard Branson et Chris Blackwell. Fondé en 1966, en s’associant au fameux producteur Richard Gottehrer, Sire – mélange des deux premières lettres des prénoms de chacun – S, E, R et I – ils baptisent leur nouvelle société Sire.- s’inscrit durablement dans l’histoire du rock de la cote Est, en révélant les Talking Heads, Blondie, les Ramones (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=ramones ), les Pretenders et Madonna. Mais au-delà du showbiz et de son extraordinaire connaissance de la musique, Stein le music-lover se distinguait surtout par son flair de « découvreur de talents » particulièrement éclectique. Il pouvait ainsi signer et distribuer le tubesque « Pop Muzik » de M, alias Robin Scott que le caliente « Paris Latino » des frenchies de Bandolero qu’il avait repéré. Ou encore imposant aux US la New Wave cinglante des Anglais d’Echo and the Bunnymen, the Cure , The Smiths, Depeche Mode tout comme les Soft Cell à l’explosion de leur « Tainted Love ».
En 1982, hospitalisé pour un problème cardiaque, Stein a signé son contrat le plus juteux. Il avait repéré une certaine Madonna Ciccone, jeune chanteuse et danseuse avec sa démo de sa chanson « Everybody ». Pour griller la concurrence des autres labels, M. Stein l’a convoquée à son chevet à l’hôpital Lenox Hill et signe avec Madonna un contrat de 45 000 dollars pour trois singles, avec une option pour un album, ce sera son plus gros jackpot. Puis il finit par revendre son label Sire à Warner… dont il devient bientôt le boss, distribuant alors Lou Reed ou Brian Wilson. « Il connaît les paroles de toutes les chansons que vous avez entendues », a déclaré un jour Chrissie Hynde des Pretenders à son sujet. De même, on raconte qu’il connaissait par cœur les paroles de notre « Marseillaise ». Carrément ! Seymour Stein a officiellement pris sa retraite en 2018. Après sa disparition hier à l’âge de 80 ans, à Los Angeles, Seymour Stein est pleuré par sa fille Mandy, une cinéaste qui a notamment réalisé un documentaire sur le CBGB, une sœur, Ann Wiederkehr, et trois petits-enfants. Le nabab du rock avait l’habitude de proclamer : « J’aime la musique et j’aime ce métier. Et vous savez quoi ? Je n’arrive toujours pas à croire que je sois payé pour ça. ». La musique n’aurait décidément jamais été la même sans Seymour Stein….
Je connaissais le nom de ce grand monsieur parce qu’au printemps 1966, Linda Keith (véritable découvreuse de Jimi) avait présenté son protégé à Stein mais cela n’avait rien donné.