SOUL ASYLUM “Hang Time”
Voici 30 ans dans BEST, GBD continuait à fondre comme neige au soleil sur le rock des grands lacs nordiques des minneapolitains de Soul Asylum. Un an auparavant, pour un documentaire sur la « ville de Prince » il avait posé sa caméra face au power combo emmené par l’hyperactif Dave Pirner. Depuis, Soul Asylum tout en demeurant sur le label indé Twin Tone était désormais distribué par A&M qui publie cet ardent et néanmoins tonitruant « Hang Time ». Flashback….
À la fin du printemps 87, on apprend que Prince va donner près d’une semaine de concerts à Bercy. À l’époque je cumulais mes grands reportages pour BEST, mes réalisations de sujets pour l’édition de 18h du JT de TF1, alias « Le Mini-Journal de Patrice Drevet », et mon show quotidien « Planète » à l’antenne de RFI. Prince à Paris, médiatiquement c’était la perspective de n’obtenir aucune interview, non seulement de Prince mais également de la part de ses musiciens et de toute son équipe. Et bien entendu pas question de faire rentrer une caméra dans le POPB et de filmer quoi que ce soit du décor et des concerts. J‘ai dù dire à Patrice Drevet, mon rédacteur en chef : « Si on reste à Paris, tout ce qu’on pourra faire c’est envoyer une équipe interroger le public parisien dans sa file d’attente devant la salle et ce ne sera pas très télégénique ! ». Une semaine auparavant, dans les colonnes de Newsweek j’avais découvert l’existence du Paisley Park, un lieu multiple voué à tous les aspects de l’art de Prince. Alors, j’avais contacté le management de Prince pour obtenir la permission de visiter et de filmer ce fameux Paisley Park. Après avoir vérifié qui j’étais, sans doute également se souvenaient-ils de ma rencontre au Palace avec le Kid, les managers ont donné leur accord. Drevet a signé mon bon de tournage, sur mes conseils, le planning technique m’a trouvé un cameraman indépendant à Minneapolis. Je suis passé dans un autre bureau de Cognaq-Jay récupérer frais de mission en cash, bon de location de voiture et billets d’avion. Deux jours plus tard, je décollais de Roissy direction Minneapolis, où j’allais profiter de mon séjour pour rencontrer de nombreux artistes de la scène funk-rock tels les Ex Time Jimmy Jam et Terry Lewis ou Alexander O’Neal, mais également les représentants les plus estimables de la scène rock garage comme les Replacements ou les Soul Asylum (Voir dans Gonzomusic https://gonzomusic.fr/minneapolis-et-le-parc-psychedelique-de-prince-episode-3.html )
Publié dans le numéro 245 de BEST
À la jonction des grandes plaines et des lacs-océans au nord des USA, un groupe a su faire bouillir les sources du Mississippi et incendier la scène légendaire du club First Avenue. À Minneapolis/Saint Paul, les Twin-Cities, on les surnomme les mini-Husker Dü car les déflagrations de leurs guitares ont ouvert tant de concerts pour le trio forcené. Après Husker Dü et les Replacements. Soul Asylum est LE nouveau fleuron du label garage d’or, Twin Tone. Dans les rues de Minneapolis tous les afficionados du rock connaissent la silhouette en lame de couteau de Dave Pirner. Avec ses longs cheveux blonds et son look clodo sauvage. Dave Pirner, le chanteur de Soul Asylum, s’est taillé sa part de légende. Sa voix rappelle ostensiblement celle de Robert Plant et avec les trois autres Soul, le combo est un vrai raz de marée pour fureur de vivre. Métal punk intense à la frontière de l’insoutenable, les deux premiers LP étaient pressés par Twin Tone. Cette fois, le micro label minnéapolitain s’est associé à A & M pour propulser ses poulains. Domestiqué par le mythique Ed Stasium (Doors, Ramones etc…) le son de Soul Asylum n’a jamais été aussi performant. Dans cet « asile de l’âme» le speed Led Zep électrochoque les harmonies Byrds générant des étincelles à la Husker Dü. Bref, « Hang Time » est une vraie course poursuite. Si le jet brûle son kérosène. Dave Pirner lui roule à la rage intense pour s’imposer avec succès comme le nouveau chef d’atelier de ce vibrant garage sound.
Publié dans le numéro 245 de BEST daté de décembre 1988