GARBAGE « No Gods No Masters »
Presque trois décennies après leur explosif « Only Happy When It Rains », les Garbage de Shirley Manson et Butch Vig n’ont rien perdu de leur énergie synth-rock inégalée et le prouvent à nouveau de manière cinglante en signant, après cinq années de silence, un brillant retour discographique avec ce tout tout chaud et brillant « No Gods No Masters ».
C’est le 7ème épisode de leurs aventures discographiques en plus de 25 ans d’une solide carrière, Garbage sémillante formation de Madison dans le Wisconsin entrainée par l’incendiaire Shirley Manson revient en force et manifestement, la rousse incendiaire séduit toujours autant notre Jean Christophe Mary national 🤪
Par Jean-Christophe MARY
« I Think I’m Paranoid, Push It, Queer, Stupid Girl, Only Happy When It Rains…Vous souvenez-vous de l’époque où ces titres inondaient les radios du monde entier dans les 90’s ? Fondé par le producteur américain Butch Vig et la chanteuse écossaise Shirley Manson, ce quatuor faisait la une des magazines, tandis que sa pop rock à base de grosses guitares et d’effets électronique faisait danser les foules. Sans vouloir les comparer à The Clash, Garbage a connu un parcours un peu similaire. Si à la fin des 80’s, The Clash symbolise mieux que personne le mouvement punk, véritable révolution culturelle qui a détruit les clichés sur lesquels était alors bâtie la musique, au milieu des 90’s, Garbage est l’un des derniers groupe à avoir su donner au rock cette dimension insurrectionnelle avec un vrai engagement politique. Après l’essor du rap, du hip-hop, de l’électro et du nu metal, les Garbage sonnent exactement en 2021 comme ils sonnaient au milieu des 90’s. Décriant plus fort que jamais les injustices exponentielles, dans un monde toujours plus chaotique, les piliers du rock alternatif US reviennent revitalisés et énervés plus que jamais. Voilà une musique brute, remplie de fureur et de passion, une musique autant faite pour les rockers nostalgiques que pour les aficionados d’électro rock indus.
Si sur « No Gods No Masters » les arrangements sont conçus à partir de machines de samples et de bidouillages sonores, les titres vivent et respirent comme des êtres faits de chair et de sang. Les chansons sont délivrées avec le cœur et les tripes à l’image de «The Men Who Rule the World » ou « The Creeps », brulot électro rock particulièrement nerveux. D’autres titres sont exaltés, comme sous sous haute tension électrique, tels le magistral « Godhead » indus à la forte signature Depeche Mode. Ici on assiste à un enchevêtrement de voix chuchotées qui s’envolent haut dans les aiguës derrière des basses électro qui pilonnent et des roulement de batteries syncopés. Une bande son où règne la folie électrique comme on l’entendait déjà sur leur premier album éponyme de 1995. « The Wolves » nous emmène en voyage dans la 3eme dimensions, avec ces riffs de guitares rehaussées d’un armée de synthétiseurs fous. L’univers mystérieux du quatuor se métamorphose en une sorte de psychédélisme 2.0 où le son distordu des guitares fusionne aux basses et aux claviers pour se prendre dans une spirale vertigineuse dont il est impossible de sortir. Des chansons comme « Uncomfortably Me » et « A Woman Destroyed » témoignent d’une esthétique architecturale sombre, si dark qu’elle vous donne le vertige. Et puis on imagine déjà les futurs milliers de portables allumés sur le « Starman » de Bowie ou le « Because the Night » de Patti Smith, autant de romances oniriques où le groupe apporte son inimitable touche personnelle. Quand la voix iconique aussi séduisante, imposante que menaçante de Shirley Manson monte vers les cimes, parfois poussée jusqu’au point de rupture les titres entrent dans une sphère atmosphérique menaçante, pulsés à vivre allure par des rythmiques synthés industriels absolument fascinantes. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu ce mélange de force et de lyrisme dans une voix féminine. Cet album, leur meilleur depuis 20 ans est une véritable onde choc qui emporte tout sur son passage. Hâte de vérifier maintenant si ce bel équilibre tient aussi bien la route en live.