So long mister Leon Redbone
De son vrai nom Dikran Gobalian, l’immense Leon Redbone s’est éteint avant-hier à Bucks County, aux confins de la Pennsylvanie. Atteint de démence précoce, le fameux bluesman n’avait que 70 printemps. La triste news a été publiée sur la page d’accueil de son site officiel leonredbone.com, so long mister Redbone.
« C’est avec un cœur lourd que nous avons la douleur d’annoncer que tôt ce matin du 30 mai 2019, Leon Redbone a traversé le delta pour un rivage magnifique à l’age de 127 ans. Il a quitté ce monde, accompagné de sa guitare, de son fidèle compagnon Rover après un simple salut de son chapeau. Il sera sans doute intéressé de découvrir ce que Blind Blake, Emmett et Jelly Roll ont accompli durant son absence et il projette d’interpréter avec Sari Barabas un chant entraînant qu’on chantera avec lui. Une éternité à plonger dans des textes de la bibliothèque d’Ashurbanipal sera un repos bienvenu, peut-être suivi d’un verre ou deux de whisky avec Lee Morse et d’une longue discussion avec son oncle préféré, Suppiluliuma I des Hittites. À ses fans, ses amis et sa famille aimante qui le regrettent déjà dans ce domaine, il dit : « Oh, sois sage. Merci….et bonsoir à tous ». »
C’est par ce texte quasi pythique que le site officiel de Leon Redbone nous a appris sa disparition tragique des suites de la démence précoce qui habitait le fameux guitariste au chapeau. Souvent comparé aux plus grands, Dylan, Cohen, Waits, Leon Redbone était véritablement un artiste à part. D’origine arménienne, né à Chypre, c’est seulement lorsqu’il débarque au Canada dans les 60’s qu’il adopte officiellement son patronyme de Leon Redbone. Mais c’est seulement après avoir été adoubé par Dylan au Mariposa Folk festival en 72 que Redbone rentre dans la lumière et qu’il signe chez Warner pour publier ses albums. Toujours reconnaissable à ses fameux Panama sur la tête et à ses lunettes de soleil, Redbone se refusait obstinément à évoquer son passé, jouant de son énigmatique personnage pour composer son fameux cocktail musical de blues intense et de jazz pulsé.
« Je ne suis qu’un amuseur, et j’utilise la musique comme moyen de divertissement « , disait-il de sa grosse voix si caractéristique. « Mais je ne suis pas vraiment un amuseur non plus, parce que pour être un amuseur, il faut avoir un grand désir de vouloir amuser. »
Ce personnage à part nous lègue une douzaine d’albums précieux et une poignée de live remarquables. Et ce documentaire de 21018 aussi atypique que son personnage au titre prémonitoire qui lui était consacré : « Please don’t talk about me when I’m gone (s’il vous plaît, ne parlez pas de moi lorsque je serai parti) », RIP mister Leon Redbone.