SHERYL CROW « Threads »

sheryl-crowC’est son ultime album, mais Sheryl Crow revient, comme au pays des Merveille, pour un dernier tour de piste : la belle américaine a décidé de ne plus se laisser enfermer en studio. Comme un bouquet de feu d’artifices « Threads » nous éblouit de 17 duos incandescents avec tous ses potes  Clapton, Richards, Luka Nelson, Willie Nelson, Joe Walsh, Dolly Parton, Emylou Harris, James Taylor, le nouvel Eagle Vince Gill et même Chuck D…red pill or blue pill ? Ce sera les deux à la fois…

ThreadsSouvenirs souvenirs…. juste avant la sortie de son « Tuesday Night Music Club », Sheryl débarque à paris pour sa première journée promo d’artiste. Certes, à 31 ans, la belle du Missouri connaissait déjà la musique. N’avait-elle pas accompagné une armada de stars sur scène, de Lionel Richie à Eric Clapton , en passant par Michael Jackson avec lequel elle vocalisait live en duo « I Just Can’t stop Loving You » ? Mais cette fois c’était différent, avec ce club informel de super musicos, dont les deux David de David & David, Sheryl avait enfin trouvé sa voie (voix).  Et elle était aussi cool que jolie, ce qui ne gâtait rien. Deux ans après notre première rencontre, Sheryl secourait un GBD naufragé devant le fameux Viper Club de LA, en me prenant par la taille pour franchir le cerbère qui verrouillait l’entrée. Sheryl cool ! Au fil de ses hits chaleureux et ensoleillés, « If It Makes You Happy », « Soaking Up the Sun » ou son (gentil)  coup de griffe à Eric Clapton sur « My Favorite Mistake », elle s’inscrit durablement dans notre paysage musical. Mais, après 11 albums et des années de tournée, à 57 ans Sheryl Crow ne veut plus avoir à montrer les crocs. La preuve par ces 17 duos en forme d’au revoir joyeusement analysé par son très grand et néanmoins sérieux fan hexagonal…

 

Par Denis GARNIER

 

Sheryl CrowLa Dodge Charger classic imaginaire s’ébranle en position drive, la nuit est chaude et un vrai feeling estival flotte encore dans l’air. Mon moteur  V8 vrombit le long d’une côte sauvage, dans une immense forêt de pins, la princesse du rock a annoncé que ce « Threads » serait son tout dernier album, alors, forcément, je monte le son et, dès l’ouverture, Stevie Nicks et Maren Morris  se joignent à Sheryl  pour un « Prove You Wrong » aussi fatalement country que bien burné ( sorry Ladies 😉 ) et l’on se dit alors : « c’est bien parti ! ». Puis, le voyage se poursuit avec les deux maitresses femmes de la country et du blues que sont respectivement Bonnie Raitt et Mavis Staples  dont les voix se fondent dans celle de Crow  pour la délicate « Live Wire » ; et j’avoue être moi-même sous tension… mais de plaisir. En découvrant “Tell Me When It’s Over”, on renoue avec le pur radio hit, façon Sheryl et il n’y a rien à rajouter, avec une composition de la trempe de « My Favorite Mistake », où elle vocalise en totale perfection et en duo, avec le cow-boy à la grosse voix, Chris Stapleton. Et, c’est à ce moment-là que Sheryl nous fait du rap. Euhhhhhh, du rap ? Oui, mais en version rock, avec le Public Enemy Chuck D , Gary Clark Jr et Andra Day, et notre chanteuse se révèle toujours aussi à l’aise, portée par son euphorique grâce vocale.

Surprenante reprise à 4 de « Beware Of Darkness », la perle de « All Things Must Pass » de Georges Harrison, mi british-boys avec Sting et « Slowhand » Clapton ( qui jouait et vocalisait déjà sur le double LP de 70 !) à ma gauche et  mi-yankee-girls avec à ma droite avec la cow-girl Brandi Carlile et la maitresse de maison, pour une impétueuse cascade d’harmonies émotionnelles. L’aventure se poursuit avec un vertigineux et vibrant bidouillage de sa propre chanson, « Redemption Day » de 96, que Johnny Cash avait repris sous la houlette de Rick Rubin et qui avait été publiée post-mortem en 2003. Trop fort,  Sheryl la ré- enregistre, juxtaposant sa voix à celle de Johnny Cash, deep so deep,  juste bouleversant de retrouver cette vocalise d’outre-tombe à la fois si belle et si familière. Allez, on range le Kleenex et on retrouve Lukas Nelson boosté par la présence de son mentor Neil Young à la gratte sur la balade aussi champêtre  que western « Cross Creek Road ». Du beau, du très beau linge, on vous dit ! Sheryl Crow

Puis, la promenade musicale de Sheryl aux pays des Merveilles se poursuit avec délice. Autre reprise, cette fois « Oh Mercy » de Bob Dylan en 89, période Christian rock avec l’ex Drive-By Truckers, Jason Isbell, sur ce road movie speedé qu’est « Everything is Broken » aux accents de country rock bien maîtrisée  et aux échos du « Cadillac Walk » de Willie DeVille. Invité de marque, Keith Richards lui-même reprend en duo un titre des Stones issu de « Voodoo Lounge », « The Worst », à l’acoustique aussi cool que minimaliste et d’une sincérité à toute épreuve.  Décidément le Keith sera toujours le Keith. Et on enchaine… sans perdre le rythme puisqu’après le gamin surdoué, Lukas de Promise Of The Real, voici, Willie, le père, plus bandit que manchot, on va dire, dans une prod irrésistible couleur Nashville laid back pour une chevauchée forcément…fantastique, intitulée « Lonely Alone » et c’est comme un duel au soleil entre leurs deux voix si emblématiques . La poursuite continue dans les grands espaces, cette fois en compagnie de Kris Kristoferson sur « Border Lord », aux guitares aériennes qui trouvent leur paroxysme en vibrant vibrato de bottleneck. Puis, déboule un son rock si familier qu’il fait partie de notre ADN West Coast, celui de « Life’s Been Good To Me So Long » ou de « Life In the Fast Lane » de Joe Walsh, avec la nerveuse et pourtant si furieusement mélancolique « Still The Good Old  Days ». Bien plus exotique et pop, certainement tubesque et plus contemporaine que l’ensemble du projet,« Wouldn’t Want To Be Like You » avec madame St Vincent  compte sans doute parmi les atouts de ce bel album.

Délicatement soul rétro 60’s façon Supremes, Dionne Warwick ou Martha and the Vandellas, capturée avec le groupe Lucius de Brooklyn, « Don’t » joue et gagne au jeu d’une orchestration où les violons font carrément pleurer des rivières. Toujours dans la délicatesse, on retrouve Sheryl en compagnie d’Emmylou Harris pour un « Nobody’s Perfect » tout en douceur. Et la coolitude nostalgique se poursuit sur « Flying Blind » enregistrée avec James Taylor, l’expert du genre relax. Enfin, Sheryl Crow achève ce « Threads », forcément en beauté, incroyable galerie de portraits soniques, en compagnie de Vince Gill, qui remplace désormais le regretté Glenn Frey au sein des Eagles ( Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/eagles-live-at-the-la-forum.html  ), avec la lyrique « For The Sake Of Love ». Certes, on a du mal à croire qu’à seulement 57 ans, Sheryl remise définitivement son habit de lumière, m’est avis que, portée par le succès de ce dernier opus, elle ne tardera guère à partir en tournée avec ces duos et tout son bagage de hits égrenés au fil de ces 26 dernières années. C U soon on the road…again, miss Sheryl !

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