REMEMBER SUPERTRAMP ?

Roger HogsonVoici précisément 30 ans, je tendais mon micro à Roger Hogson, la voix de Supertramp. Hogson avait pourtant quitté le groupe  et avait publié son premier LP solo « In the Eye of the Storm » quelques mois auparavant. Rencontre avec le « super-clochard » ultime.

Comme dans Tennessee , on a tous en nous une chanson de Supertramp. De 1974 (« Crime of the Century ») à 1979 (« Breakfast in America »), le groupe British enfile les hits comme un collier de perles: « Give a Little Bit », « Take the Long Way Home », « Dreamer » et surtout l’étincelant « Breakfast in America ». Et si chacun de ses tubes est un phénoméne mondial, c’est surtout en Amérique qu’ils résonnent de manière si particulière. Le fait que Hogson et sa famille se soient installés dés 81 à Los Angeles n’est sans doute pas étranger à ce succés made in USA, cette symbiose de Supertramp et de l’Amérique, au point qu’on oublie parfois qu’ils sont Anglais. Hélas les relations avec son binôme Rick Davies se détériorent au point qu’Hogson décide de claquer la porte pour s’envoler vers de nouvelles et solitaires aventures. C’est donc pour son premier album solo « In the Eye of the Storm » que j’ai rencontré pour Best ce fameux clodo.Roger Hogson

Superclodo

Roger s’est fait raser la barbe. Roger est gentil et un rien timide, il parle doucement un peu comme Stevie Winwood, en détachant chaque syllabe pour être certain d’être entendu. Pauvre Roger, en dix ans de Supertramp, il a dû accorder dix fois moins d’interviews que ces quelques derniers mois. Roger Hodgson, illustre alien, doit expliquer au monde qu’il EST Supertramp à lui seul, même si ses ex-confrères, sous la direction de Rick Davies, conservent l’appellation d’origine et s’apprêtent à nous balancer un LP en Avril prochain. Supertramp or not Supertramp, j’ai administré à Mister Hodgson une série de tests irréfutables pour le déterminer.

«Je m’étonne que l’on s’étonne des similitudes entre ma musique et celle de Supertramp, car Supertramp c’était en grande partie ma voix, mon style, mes compositions et mes arrangements.» souligne Hogson. Les aveux signés, je brûle d’en savoir plus, la cause de la rupture par exemple ou si vous préférez, le mobile du split:Supertramp-Breakfast-In-Amer-522031

« Le fun a disparu, l’étincelle ne brillait plus, l’esprit ne nous visitait plus. J’avais le choix entre deux issues: continuer Supertramp pour devenir plus gros, plus riche et plus célèbre ou tout laisser tomber pour découvrir ailleurs cette magie disparue. Supertramp était devenu un rêve mort. Un groupe, c’est comme n’importe quel mariage, pour qu’il tienne et s’enrichisse il faut l’entretenir Or, nos rapports se dégradaient Nous avons enregistré «Famous Last Words » dans mon studio, c’était une ultime tentative de réconciliation; avec Rick on a vraiment essayé de recoller les morceaux mais j’ai craqué à la moitié de l’enregistrement. Cet album est un ratage complet, sur tous les plans, car il n’a pas d’âme. Lorsqu’il est sorti, nous savions qu’il n’y aurait pas de suivant, voilà pourquoi nous avons trouvé ce titre ».

Solo or not solo, Supertramp avait l’avantage de masquer ses héros, Roger est désormais seul. Va-t-il sacrifier son incognito:

« Il faut savoir distinguer l’artiste de la rock star. Pink Floyd était un groupe d’artistes et ils n’ont jamais eu de problèmes pour se balader dans la rue. Nous avons eu la chance de pouvoir vivre de manière protégée à l’abri des photographes et des interviews, Nous ne nous sommes jamais transformés en rock stars, car notre but n’était pas d’exciter les ados, Les gens nous aimaient pour notre musique, pas pour nos gueules, C’est bien plus facile dans ces conditions de préserver sa vie privée, Lorsque le public ne fantasme pas qu’il couche avec vous, il se fiche pas mal de savoir ce qui se passe dans votre maison. D’ailleurs, en 85, je ne cache plus rien puisque je me suis fait couper la barbe pour les besoins de mon vidéo clip. J’essaie aussi d’être plus accessible à la presse, la preuve »

L’album est baptisé «In the Eye of the Storm », Roger a-t-il déjà aguiché l’œil du cyclone?In the Eye of the Storm

« Ma vie a été un cyclone ces quelques derniers mois si l’on considère la rupture avec Supertramp et quelques changements radicaux dans ma vie privée. Le titre est sans doute une projection de tout ce qui s’est passé dans ma tête, mais il reflète aussi tous les antagonismes ouverts de la planète, Nous sommes face à l’œil du cyclone, les fesses posées sur une bombe prête à exploser Tout cela m’inquiète, même si je ne craint pas la mort personnellement. Nous vivons une période trop confuse pour trouver facilement son équilibre et le disque reflète toutes ces contradictions ».

Roger est installé aux USA depuis près de dix ans. Supertramp a investi la Californie et son way of life. Aujourd’hui Rick, Roger et les autres seraient incapables de reprendre la vie en Angleterre, Breakfast in America for ever ?

« Pour un Anglais, la Californie est vraiment un endroit magique. Le climat est idéal, mais c’est surtout les gens qui font tout son charme, ils sont jeunes et accueillants. Tous les frappés, tous les excentriques de la planète vivent en Californie et c’est en soi une raison suffisante pour s’y installer»,

Bye bye Supertramp, mais au fait quel en est l’album préféré de Roger? «Indiscutablement« Crisis, What Crisis? » parce qu’après huit ans il reste d’une actualité brûlante, J’aime aussi « Crime of the Century» et bien sûr « Breakfast in America ».

Bas les masques, ras la barbe, Roger «glabre» Hodgson veut s’affirmer. Il nous promet d’ailleurs que son prochain album sera double et méconnaissable de la «Supertramp touch », mais en attendant« In the Eye of the Storm» envahit notre espace sonore sous le signe du « S » comme Superclochard.

 

Publié dans le numéro 200 de BEST daté de mars 1985

 

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.