RACHID BARA SE BOUGE LES FEST AU HELLFESSES 2024
Hellfest 2024 : l’envoyé spécial de Gonzomusic , Rachid Bara a vécu 4 Jours d’Enfer et de Damnation dans un Doux Leurre forcément sonique, pour un max de frissons à Clisson… et lumières … mais aussi grosses galères et carrément blessure légère occasionnée par la sécu du site, un comble pour un journaliste dûment missionné pour couvrir l’évènement où l’on retrouvait entre autres Steel Panther, Tom Morello des Rage Against The Machine, Shaka Ponk, Prodigy, Extreme, Accept, Mr Bungle, sans oublier le têtes d’affiche Queen of The Stone Age et les Foo Fighters… bref un joyeux blitzkrieg de décibels, pour une bien belle et forcément assourdissante édition !
Par Rachid BARA
Chaleur, décibels, high voltage, le volume à 11 et un doux leurre sur cette édition des records du plus grand Festival extrême européen dans le pays du vignoble Nantais entre Gros Plant (Folle Blanche) et Muscadet, même si, sur ces 4 jours d’enfer et damnation, ce festival ressemble plutôt au paradis de la bière… Plus de 200 groupes programmés sur 4 jours, dont une centaine jouait à Clisson pour la première fois. Mais aussi une imposante machine en déambulation la Gardienne des Ténèbres pour un effet visuel des plus saisissant.
Encore un record établit cette année 240 000 billets vendus pour 4 jours de festival soit 60.000 festivaliers par jour. Comme tous les ans depuis belle lurette, le Hellfest s’ouvre à guichets fermés et cette année on va approcher des 500 000 litres de bière et 23 500 litres de vins vendus, de quoi rallumer les flammes lors de ce marathon de décibels en forme de metal.
Coup de chaud sur le Hellfest ! Alors la température avoisine les 30 degrés on cherche un peu d’ombre pour s’abriter, le Hellfest, 17e édition du nom, ouvre ses porte le jeudi à 14h, soit midi au soleil. Du monde, il y en avait aussi devant la porte d’entrée du festival, la cathédrale… toujours sous le soleil. L’enfer est décidément brulant ! La bouche en cœur et le sourire aux lèvres, me voilà fort dépourvu lorsque, après 45mn – 1h sous le cagnard, au moment de la fouille où j’ouvre mon sac, le service d’ordre de l’accueil m’interdit d’entrer sur le site avec mon ordinateur. Quiproquo, palabre, l’homme de sécurité est affable, bien aimable, mais il refuse de me laisser passer avec mon outil de travail. Demandant de voir un responsable, l’homme s’en va quérir un supérieur et revient 2 minutes après pour me dire qu’il n’a pas réussi à voir quelqu’un et qu’il faut que j’attende quelques minutes… Pas de talkies-walkies et pas de numéros de téléphone à disposition sur son pass sécu pour aviser les supérieurs (incroyable, mais vrai)… 15mn d’attente, alors que j’aurais pu filer à l’anglaise, ni vu ni connu, j’t’embrouille, vu le taff de malade du service sécu et la queue invraisemblable, mais trop bien élevé et très confiant je suis… Enfin, une membre de la sécu arrive à qui j’explique la situation, même réponse : impossible de rentrer sur le site avec un ordi, elle m’indique la sortie du site ! Demandant de parler à un supérieur pour trouver une solution à la situation. Alors, arrive un autre membre de la sécu, un « vieux de la vieille » qui en a vu d’autres, très tranquille et en empathie, qui me dit de le suivre pour aller au PC Sécu pour trouver une solution… Et là, patatras, explications données pour la quatrième fois de suite dans une ambiance « la maison qui rend fou », comme dans un album d’Astérix, après 1h15mn sous un soleil brûlant et là… zéro empathie en face de moi, psychorigidité, sourire narquois et foutage de gueule avant que ce responsable, en mode psychopathe, me mette 2 patates dans la gueule avant de dire : « maintenant, tu fermes ta gueule, sinon je te défonce les dents, casse-toi ». il est 16h15 et 2h après l’ouverture des portes, ce responsable sécu a un comportement non professionnel que même un CRS en pleine manif, n’oserait pas commettre. Cet homme de 52 ans est ni fait pour ce genre de mission, ni fait pour la sécu ou l’accueil. Estomaqué par la situation, ne m’étant pas battu depuis l’âge de 15 ans et d’un naturel pacifique, j’essaye de parlementer à nouveau avec lui, mais rien n’y fait, autant parler à un mur : « J’en ai rien à foutre, casse-toi, c’est pas mon problème ! Si tu continues à parler, je te casse les dents ! »… Direction la sortie et les entrées où heureusement la bienveillance règne, 2 régisseurs responsables dans l’accueil billetterie m’aident, ainsi que le régisseur général à l’année du Hellfest.
Il ne s’agit pas là de jeter l’opprobre à l’organisation du Hellfest, ni au personnel de la société « All Access Accueil » qui gère l’accueil des festivaliers dont fait partie cet homme. Juste que ce type d’agissement venant d’un professionnel de la sécu d’évènementiels n’a rien à faire dans un festival de ce type, il ne maitrise aucune règle de maitrise basique d’un service d’ordre. On appelle ça une faute professionnelle, j’ai porté plainte le lendemain au commissariat de police de Nantes, enquête en cours, sachant que dans le ticket « Pass 4 jours », 12 pictogrammes concernant les interdits sont imprimés avec des textes pour les accompagner et… aucunement l’ordinateur est interdit ! Un peu fort de café, du coup le jeudi fin d’am sur le site avec mon ordi, j’ai bu et mangé et discuté avec des amis pour mieux descendre de mon périple ubuesque, mais impossible d’aller voir un concert, trop perturbé par le doux leurre du « Hellcare » plébiscité par le festival mais non partagé par un membre de la boite de sécurité « All Access Accueil » qui officie également au Zénith Nantes Métropole et au Stade de la Beaujoire. A noter, que tous les autres membres de cette boite de sécu que j’ai côtoyé durant ces 4 jours de Hellfest étaient tous adorables et très professionnels et dans la bienveillance. Du coup, le vendredi, après ma plainte déposée à Nantes en début d’après, je pars à Clisson avec juste une petite blessure discrète à l’œil gauche me faisant cligner de l’œil un peu plus qu’à l’habitude. Je m’enfile 4 concerts à suivre, histoire de catharsis et de plaisir défouloir pour les esgourdes et le corps, de la bonne transe qui débute en allemand, au Temple avec Kanonenfieber, puis une série de concerts en Mainstage 1 et 2 avec Steel Panther, Tom Morello des Rage Against The Machine, Shaka Ponk. Et pour finir la soirée : Prodigy. Le Temple est rempli pour du Death puissant, historique et thérapeutique puisque Kanonenfieber décline dans son show épique toute l’horreur de la Première Guerre Mondiale. L’Homme ne retient malheureusement pas grand-chose de l’Histoire et la boucherie atroce de 14-18 n’a pas empêché et même provoqué la suivante avec cette envie de revanche du petit Führer. Archives sonores et fureur sonique sur scène avec un côté Black Metal dans le son Death. Ambiance sombre et plombante, atmosphère décuplée par des artifices et des lumières en belle alchimie tellurique… grosse claque.
Changement radical de ton, tant en aspect visuel qu’en ambiance musicale avec les américains de Steel Panther et le gros show de la mort qui permet de voir la vie en rose. Le sens du chaud show à l’américaine pour ces amerloques qui nous renvoie indéniablement vers les 80’s et les groupes de L.A. aux long cheveux permanentés et peroxydés comme David Lee Roth des Van Halen, Mötley Crüe, Poison et autres Ratt. Le groupe met aussi en scène les excès du célèbre adage « sex & drugs & rock’n’roll » avec ce côté sexiste revendiqué à mort avec un sens indéniable du second degré. Pour preuve, ils invitent sur scène des dizaines de spectatrices enles incitant à tomber le haut et du coup : « Faites du bruit pour tous les nibards ». Show d’enfer et damnation, un poil regressif et des mélodies imparables, ces Panthères ont du style.
Puis c’est au tour de Tom Morello des Rage Against The Machine d’enchainer sur l’autre Mainstage pour un concert fort sympathique dans l’ambiance politique du moment avec plusieurs titres de RATM jouer uniquement en version instrumentale, dont, bien sûr, un « Killing In The Name » d’anthologie où le public chante en mode karaoké géant. A signaler aussi, l’hommage au chanteur Chris Cornell avec une belle et émouvante reprise d’Audioslave.
Va suivre alors un grand moment d’exception avec le show des frenchies Shaka Ponk qui font une escale, pour la première fois au Hellfest, et une dernière car c’est leur tournée d’adieu. Beaucoup de monde attendait avec impatience ce concert, d’innombrables grands fans du groupe. D’autres, nombreux également étaient plus que septiques sur la venue d’un tel groupe, pas si Metal que ça. Le show fut des plus explosifs, ambiance torride, slam, pogos et l’autoroute des diving ? Etant placé au troisième rang devant, un peu côté cour de la Mainstage 1, je passe mon temps à voir des corps surfés au-dessus de ma tête et on est tellement serré comme des sardines, que c’est bien difficile de tendre les bras pour porter les nageurs surfeurs, d’autant plus que certains pèsent un bon poids. Le concert trop court fut ponctués de discours politiques anti RHaine de circonstance.
Trop fort, comme d’habitude, le chanteur chante souvent porté par la foule et finit par un stage diving impressionnant. Après ces 4 concerts d’affilés, pause boisson et repas obligatoire avant de revenir sur la Mainstage 1, pour le dernier concert show de la soirée du vendredi : Prodigy. Ça saute en l’air dès le premier morceau, mais pour moi, le show électro techno punk rock ne décolle ja-mais, tant les arrangements des tubes sont étonne-ment alambiqués, tant le souffle descend bien bas après chaque morceau, tant le show visuel n’est pas ouf, et en plus, quel manque de force et de charisme du chanteur. Le leader Liam Howlett, n’est plus de ce monde et Prodigy manque maintenant de sens et de pertinence aujourd’hui pour ceux qui, comme moi, les ont découvert en 1994 aux TransMusicales de Rennes…
La fièvre du samedi soir au Hellfest commence de façon mollassonne et tout en technicités démonstratives sur les 2 Mainstages avec Yngwie Malmsteen puis Extreme. Passé 2 morceaux tout est en dextérité guitaristique, quel ennui. Ça manque de chansons tout ça, même pour Extreme, qui malgré un tube et des voix bien calibrées n’arrivent pas à faire monter la sauce, enchainant les titres fadasses. Il faudra attendre les teutons légendaires d’Accept pour nous réveiller alors qu’une petite pluie bretonne fait son apparition. Né au début des années 70’s et magnifié dans les 80’s, le groupe enchaîne les sur fond de Heavy Metal Hard Rock à l’ancienne. Plus de cinquante ans après sa création, Accept reste pertinent sur scène où même les rares nouvelles compositions font un effet bœuf.
Pour la première et seule fois du Festival direction la scène Valley dédiées souvent aux Stoner mais qui, là, va accueillir la dernière date de la tournée mondiale d’un groupe complètement déjanté de Thrash Metal Expérimental, aux irruptions intempestives en mode crooner lover Mr Bungle. Date unique en France pour ce groupe qui se fait rare en tournée, vu le line-up des plus impressionnants du combo : Mike Patton, le chanteur de Faith No More, Dave Lombardo, le batteur de Slayer et Suicidal Tendencies, Ian Scott, le guitariste d’Anthrax… Leur set se joue sous une pluie presque diluvienne. Habillé en bouffon rouge et noir anarcho-libertaire, Mike Patton et les siens sont en grande forme malgré la pluie qui s’étend sur le plateau. Cerise sur le gateau, 2 invités prestigieux font leur apparition Wolfgang Van Halen puis Andreas Kisser de Sepultura, pour une reprise de Territory des plus incisifs et abbrasifs… Prestation dantesque… Trempé de la tête au pieds au second rang au milieu, ce fut paradisiaque dans le déluge. En mode serpillère ke rentre vers mon lit et surtout une douche chaude pour être encore frais pour le dernier soir.
Dimanche à la messe, à la confesse ou plutôt à l’isoloir, c’est le premier tour des Législatives et je vote à Nantes, avant de me rendre une dernière fois sur le site clissonnais. Belle tête d’affiche du Hellfest, Queen of The Stone Age déploie ses belles compositions rock indies sauvages et plombés devant une foule déjà énorme attendant avec délectation, mais impatience, la grosse tête d’affiche de la soirée : les Foo Fighters. Pour ma part, j’abandonne les Mainstages, trop de monde, comme la veille pour Metallica, direction la War Zone pour me finir ! Belle surprise alors de retrouver alors mon camarade de classe, Marc Zimmerman, avec lequel j’ai formé 2 groupes lycéens avec salle de répétition dans sa chambre : F–k Brothers et Les Cons, pour le plus grand plaisir de sa sœurette, fan alors de Madonna, Jeanne Mas et Billy Idol et de sa mère qui devait préférer nous entendre faire du bruit chez elle, plutôt que les 400 coups ailleurs, malgré ses acouphènes… Marc est là lui aussi pour voir le Hardcore Punk from NY des Madball, mais préfère s’assoir au loin, crever de ces 4 jours, alors que je plébiscite le premier rang devant, au milieu au plus près de la scène derrière les crash barrières. Punk Hardcore à gogo et pogo… en 35 ans d’existence, c’est leur sixième passage au Hellfest, ils y sont comme à la maison, à l’aise Blaise et pas cool Raoul. Les riffs déferlent, le chanteur est partout sur scène, dans la fosse, sur les srash barrières, les pogos sont rudes et fous et les divers s’en donne à cœur joie, que de taf pour le service d’ordre pour les récupérer intacts. Bienveillance et folie primale tant sur scène que dans le public, grand moment de cette édition. Je finis le festival du coup à la Warzone, avec le Punk old school anglais des papys de Cock Sparrer. De vieux punks donc… chauves et quelque peu bedonnants, mais ils assurent grave avec leur punk mélodique, après 50 ans de vie active dans la crête attitude ! Un bien beau moment pour se finir tant ils ont ecrits de beaux hymnes punk idéaux pour le pogo et le sirotage de bières.
Putain de belle édition qui a commencé de façon bien étrange et malveillante pour moi, mais pour le reste, ce festival qui nous promet un été d’enfer est un vrai paradis pour les esgourdes et les yeux, remplis de bienveillance dans le public, comme avec le personnel et les bénévoles du Hellfest, hormis ce funeste et fumeux personnage de sécurité de la société All Access Accueil et sa faute professionnelle… Justice for All comme le chante Metallica… Affaire à suivre…
Dans sa conférence de presse finale, le Hellfest promet de continuer dans sa lancée en ouvrant sa programmation vers du rock moins extrême, Metal et Punk, ne s’interdisant pas de programmer un Muse ou un Placebo, tout en parlant des Green Day… “Par contre, Taylor Swift, c’est non” ajoute, le sourire aux lèvres, Ben Barbaud, le Directeur du Festival… Vivement juin 2025 !
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