PRIVATE PEPPER, LE PETIT FRERE DU SGT POIVRE

Private PepperOn connaissait le fameux sergent poivre depuis le 1er juin 1967 – et en 76 pour Michel Berger avec sa « Génération du Sgt Poivre » – et ensuite il faut avouer que l’on sait ma foi vraiment peu de choses sur ce Poivre lorsqu’il était simple soldat. C’est justement la réponse cruciale à cette question, qui l’est tout autant, que nous apporte Eric Dufaure, alias Private Pepper, avec son cocktail musical aussi cool que personnel.

Eric Dufaure

Eric Dufaure

C’est fou le nombre d’ « artistes » que l’on rencontre dans le (petit) monde de la musique. Parmi les journalistes rock critiques et autres cadres du showbiz, il y en a toujours qui croient que leur grand talent n’est pas celui que l’on croit. Souvent mythos, à quelques rares exceptions, la plupart d’entre eux ne parviennent guère qu’à convaincre…eux-mêmes. Des noms ? Allez, je vous en jette un ou deux en pâture. Le mois de mon arrivée à BEST, mon vénéré rédac chef Christian Lebrun m’a fait un cadeau empoisonné : « tiens, tu me chroniqueras tel disque… », sauf que « tel disque » était en fait le 33 tours de mon collègue Hervé Picart publié sous un pseudo que j’ai bien évidemment dégommé, car il était vraiment tout moisi. Une certaine gêne règnait néanmoins, quelques mois durant lorsque je croisais Hervé dans les couloirs de la rue d’Antin. Heureusement, il existe des contre-exemples de critiques rock capables de traverser avec succès le miroir d’Alice. Je pense notamment à mon autre collègue de Best, Gilles Riberolles qui était également l’excellent chanteur du non moins excellent Casino Music. Même combat, côté Rock and Folk avec Patrick Coutin et son imparable « J’aime regarder les filles ». Sinon, les autres, tous les autres journalistes rock, qui tentent de chanter, c’est un peu hélas la Bérézina sonique (suivez mon regard)… Côté cadres du showbiz, c’est un peu le même trip. Jamais je n’ai oublié le jour où Alain Artaud, alors responsable de l’international chez Virgin période rue de Belleville- avant d’être le boss français de V2 et de Polydor- m’a sorti sa guitare pour m’interpréter à la  Assurancetourix un pot-pourri de ses compositions…et là pas d’erreur, le pot était VRAIMENT tout pourri.

 

Rare diamant brut

 

Fort heureusement, parfois certains responsables de promo, de marketing ou d’éditions sont comme le diamant brut dans leurPP plage Ipanema gangue. et c’est justement le cas de l’ami Dufaure. Lorsque je l’ai rencontré, il assurait avec art, humour et imagination la com de la SACEM. Éric est ensuite devenu patron des éditions EMI. Ce qui ne l’avait pas empêché de cosigner un véritable tube avec Bernard Lavilliers. Durant des années, nous nous sommes perdus d’oreille, jusqu’à ce jour du printemps dernier où j‘ai reçu l’album de Private Pepper intitulé « Qiu ». J’avoue ne pas y avoir de suite prêté toute mon attention. Très gentiment Éric m’a rappelé à son bon souvenir et notamment cet été avec un clip incroyable tourné au Brésil et magistralement auto-financé intitulé « Sabado » pour une samba ultra cool et ensoleillée. Alors forcément, j’ai fini par réécouter son « Qiu » et je l’ai même invité à déjeuner at home. Un déjeuner où forcément nous avons parlé musique…et accident de la vie, car Éric a enregistré ce premier CD après avoir été violemment renversé à vélo par un bus qui lui a écrasé le pied. C’est donc durant sa longue convalescence qu’il a écrit toutes ces chansons et la musique, encore plus forte que d’être capable d’adoucir les mœurs, aura été sa thérapie. Rencontre avec un « jeune » artiste et son avatar : le simple soldat Poivre !

L’interview…

 

« Ton passage à l’acte artistique, et dans ton personnage et dans ta démarche, ne manque pas d’originalité !

Eric Dufaure

Young Eric au casino de Saint-Jean de Luz l’été 1967

En fait, j’ai commencé le piano à sept huit ans et j’ai joué dans mon premier groupe à 12 ans, quand j’étais pensionnaire en Angleterre ; on écoutait Buddy Holly, Elvis, Cliff Richard, Vince Taylor. Donc, j’ai appris la musique à ce moment-là, et j’aurais pu opter assez tôt pour une carrière d’artiste. Mais non, j’ai fait des études certes, mais j’ai réussi à m’extirper de mon cursus qui était plutôt dans les affaires, la banque et tout ça pour me diriger vers la musique. Pourtant, durant toutes ces années où j’étais dans l’industrie musicale, je jouais dans des fêtes ou autres, car je gardais en moi cette fibre musicale. Bref, je n’ai jamais complètement lâché l’affaire, même quand je bossais dans la musique à faire du management ou de la promo. Je me suis toujours ménagé des fenêtres créatives où j’allais en studio de temps en temps, où j’écrivais des chansons. Le switch, ça a été ce qu’on appelle un accident de la vie, lorsque je me suis retrouvé dans un centre de rééducation après un accident avec beaucoup de temps, pas grand-chose à faire, devenant fou avec toutes les drogues pharmaceutiques que j’ingurgitais. Je crois bien que c’est ma femme qui m’a dit un beau jour « tiens reprend donc ta guitare  et cesse de nous casser les pieds, chante et amuse-toi ». À partir de ce moment-là, je me suis remis à écrire des chansons l’été 2010. Cela fait cinq ans. Et avec tous les iPhones qui arrivaient, on pouvait même faire des petits films. C’était vraiment thérapeutique, c’était de la musique-thérapie. J’étais assez déprimé, car ce qui m’était arrivé n’était pas très drôle, mais cela m’a donné des ailes.

Et Private Pepper est donc né en 2010 ?

En fait, Private Pepper est né l’année d’avant, car justement dans mes aventures musicales tout en étant cadre dans le showbiz, quand je suis passé de la SACEM aux éditions EMI, comme j’avais toujours été un fan énorme des Beatles et que j’arrivais chez EMI qui était quand même la maison de disques des Beatles, j’ai organisé une fête au château d’Arcangues, à côté de Biarritz où j’ai fait un hommage aux Beatles. Je fêtais mes 50 ans, mais c’était aussi les 30 ans de « Sgt Pepper ». Et c’est à partir de cet événement-là, quand j’ai remonté le film que j’avais tourné 12 années plus tard que ce nom m’est venu et je l’ai utilisé en pseudo.

Private Pepper c’est le simple soldat Poivre ?

En fait, c’est les deux, c’est « simple soldat poivre » et un jeu de mot entre « simple » et « privé »-« private » en anglais signifiant les deux -, c’est devenu mon avatar. Je ne voulais pas mettre Eric Dufaure en avant, ça ne fait pas rêver. Je ne sais pas si Private Pepper ça fait rêver, mais Dufaure moins déjà.

Donc Private Pepper c’est le sgt Poivre avant qu’il ne devienne sergent !

Voilà ! Ou c’est plutôt le « petit poivre ». Pepper est sergent et mon private Pepper n’est qu’un simple soldat, pour montrer la distance et mon admiration pour ces géants que sont les Beatles. Caporal, je vais essayer d’y arriver un jour.

Lorsque tu m’as envoyé ton album, j’ai été bien bluffé, non pas que ce soit le meilleur disque de l’année, mais il a plein d’atouts. Cela sonne bien, cela ne fait pas album du pauvre fabriqué entre les chiottes et la cuisine, et surtout ce sont des chansons solides, pop et légères, variées et agréables. Mais que veut dire « Qiu » ?

Ca se prononce « tchiou » et cela signifie « automne » en chinois. Et pourquoi automne ? C’est que je le fais à l’automne de ma vie ou de ma carrière et que je l’ai enregistré pendant l’automne dans le Perche. En plus, j’avais fait cette très jolie photo d’un coucher de soleil en automne en Croatie. Donc trois bonnes raisons et je rêvais aussi pas mal de la Chine- la chanson « Beijing » sur l’album est une ode à la femme chinoise – , donc j’ai trouvé ce mot qui veut dire « automne » en chinois.

14 chansons tout de même !Private Pepper "Qiu"

Oui, il y a un peu de tout. J’ai pu faire cet album grâce à un crowdfunding sur Kisskissbankbank, où plein d’amis ont accepté de contribuer. Et on a réussi à lever deux fois plus d’argent que ce qu’on avait demandé, ce sont des choses qui donnent des ailes. Car lorsqu’on sait que plus d’une centaine de personnes sont à fond derrière toi sur un projet, c’est motivant, on va dire. Ce début de « fan base » m’a donné beaucoup d’énergie. Après, j’ai écrit pas mal de chansons pour cet album, mais certaines étaient plus anciennes, dont la chanson « Sabado Samba » qui est la chanson brésilienne de l’album et le clip. Je l’avais composée à Londres quand j’avais 25 ans et un groupe. Pourtant j’étais banquier à l’époque, mais je jouais en parallèle dans un groupe de rock. Toutes les autres sont des chansons récentes

Il y a aussi une reprise de « I’m Only Sleeping » des Beatles ?

Ce n’est pas la chanson la plus connue, elle est sur « Revolver » c’est une chanson de Lennon. En fait, Je dormais beaucoup dans mon centre de rééducation…alors « I’m Only Sleeping » cela avait du sens.

Toi, tu la fais très Michael Franks, avec un côté laid back jazzy cool Californien ! Même si elles sont très différentes les unes des autres, même s’il y en a certaines en Anglais ou en Brésilien, elles ont toutes ce point commun d’être des chansons cools. Sauf le « hit » « Beijing » qui est plus électro énervée.

Oui, elle est plus électro, elle a été faite avec beaucoup de sons électroniques et je l’ai enregistrée sur mon iPad avec Garage Band, l’appli de base Apple. Même si on l’a un peu améliorée en studio, je me suis beaucoup amusé dans mes centres de rééducation avec mon iPad et c’est là dessus que j’ai pu vraiment créer les chansons. Il y a aussi « Triangle Head » qui est un peu plus rock que les autres.

Par contre, quand tu chantes en anglais, tu as un drôle d’accent, pas spécialement français d’ailleurs.

Je dis toujours que j’ai un accent « mid Atlantic », car ma mère était américaine d’origine irlandaise, j’étais à l’école en Angleterre, donc au début j’ai un accent très anglais. Après, j’ai passé douze ans de ma vie à Boston et New York et ça s’est teinté d’accent américain. Donc c’est une sorte de mélange des trois quelque part au milieu de l’Atlantique.

chant photo ENTREPOTJ’ai adoré « Ma kiné m’a taquiné »

Mes kinés c’étaient mes anges. On est déprimé, enfermé dans des centres de rééducation, et ce sont elles qui s’occupent de toi. Et en particulier tu es affecté à une kiné. Et moi je m’entendais hyper bien avec ma kiné. Tu passes une heure par jour ou plus avec elle, donc forcément il y a une relation.

Oui, mais avec aussi un côté Bobby Lapointe « Ma Katie m’a quitté »

Oui, « Ma kiné » c’était parce que mon quotidien était d’être avec des docteurs, des infirmiers, des kinés et une kiné en particulier qui était hyper sympa. c’était une belle femme, drôle, intelligente et tous les jours, on bavardait. Et donc cela a créé une amitié et je lui ai dédicacé cette chanson. Et elle me taquinait ce qui m’a donné une idée où je me suis amusé avec des allitérations. Mais j’adore aussi Bobby Lapointe.

On trouve aussi des chansons bien « cuivrées » comme « Let’s Party » ou « I Know a Place Where We Can go » qui me rappellent un peu Chicago ?

Oui il y a toutes ces influences-là avec aussi, Blood, Sweat & Tears, Chicago… tout ça, j’adorais. Et j’avais rencontré une section de cuivres avec laquelle j’ai travaillé durant quelques concerts au Réservoir ou ailleurs. La première fois que je les ai fait venir c’était pour enregistrer « Why » que j’avais écrite avec Lavilliers pour « Pigalle la blanche », où j’ai fait l’adaptation des paroles en anglais écrites par mon ami peintre Tony Hambro. Donc cela m’amusait d’avoir des cuivres sur deux ou trois titres dont « Let’s Party ».

« La fille en Ré », c’est sambaPrivate Pepper

En fait c’est plus sega, car mon guitariste est de l’île Maurice et il a donné un petit côté tropical à cette chanson.

« Back In 64 » c’est ton »Ex-fan des 60’s » à toi ?

Oui je ne sais pas pourquoi j’ai choisis cette année, il doit y avoir une raison, mais c’était l’année ce mes 17 ans, une année importante de ma vie. Une année charnière, la découverte des Beatles même si on les connaissait depuis 62, c’est l’année où on les a vus à l’Olympia, aux États Unis. Il y a tellement de choses qui se sont passées cette année-là…le sacre de Martin Luther King qui a reçu le Prix Nobel de la Paix, mais aussi de la musique incroyable avec les radios pirates comme Caroline qui la propageait. C’était l’année de l’Austin mini et de la mini-jupe, c’était une année énorme musicale et sociétale et donc je me suis dit : on va raconter cette histoire-là. »

 

Private Pepper en concert:

LE TRUC DE MONTREUIL
ce samedi 17 octobre à 20h, 31 rue du Capitaine Dreyfus Montreuil
Concert « Sabado Samba » avec Ana Guanbara
 
TRANSAT JACQUES FAVRE Course bateaux LE HAVRE-ITAJAI (Brésil)
Scène du Village, Quai de la Martinique à 18h30 le Vendredi 23 octobre

Page Facebook de Private Pepper : https://www.facebook.com/PrivatePepper

Label Beluga: www.belugaprod.com

Quelques morceaux sur SoundCloud: https://soundcloud.com/eric-dufaure

Chaine YouTube: https://www.youtube.com/channel/UCRx74TTbnFFNQ1ZzLCTsH1g

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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