PRINCE DE A (COMME APOLLONIA) À V (COMME VANITY)
Voici 30 ans dans BEST, GBD, pour les besoins de la couverture du numéro 228 consacré à Prince, rédigeait un abécédaire de A comme Apollonia à V comme Vanity pour illustrer cette tournée Princière qui fondait sur l’Hexagone. Après un Palace en demie teinte, puis un certain nombre de Zénith, pour sa tournée « Sign O the Times » Sa Majesté Pourpre investissait enfin un espace digne de ses shows démesurés : le POPB ( Palais Omnisports de Paris-Bercy). Flashback en pluie pourpre majeure….
Du 8 mai au 29 juin, Prince parcoure l’Europe pour sa tournée Sign O the Times qui s’est installée à Paris le 13,14,15,16 et 17 juin 1987. Or en ce temps-là la pour cause de bouclage, de fabrication et de distribution, le BEST de juillet sortait le 25 juin, par conséquent c’est dans ce numéro 228 daté de juillet que nous annoncions ces concerts, lesquels d’ailleurs se révélèrent fabuleux…mais c’est un autre « signe des temps » 😉
Publié dans le numéro 228 de BEST sous le titre :
LA FAMILLE PRINCIERE
Cela ressemble à une distribution de feuilleton-fleuve historique genre « les Rois Maudits », où le jeu subtil du « fonk » remplacerait la dague et le poison. Si l’arbre cache la forêt, généalogiquement parlant, Prince et sa « touche perverse » auront contaminé une bonne cinquantaine d’artistes. Note à benêts : ce catalogue ne peut en aucun cas être considéré comme totalement exhaustif !
Pauvre Apollonia ! Engagée in extremis pour le tournage de « Purple Rain », et assurer ainsi au pied levé la succession de Vanity évadée, la petite aux gros nénés originaires de Santa Monica a disparu dans les remous de la pluie pourpre. Interviewée – par moi- en 84, elle déclarait : «Lorsqu’on rejoint le gang de Minneapolis, c’est pour toujours. » Cependant, la test-cassette de son album ne contenait-elle pas un tube irrésistible ? Mais lorsqu’il sort quelques semaines plus tard, le rusé Kid a déjà escamoté la chanson. Sans « Manic Monday », offerte depuis aux Bangles, Apollonia n’avait plus une chance !
« ApoIlonia 6 » (1984)
BANGLES (THE)
Dans ce backstage du club Lingerie à LA, Susanna, Vicki, Debbie et Michael n’en croyaient pas leurs yeux : Prince avait la langue encore plus pendante que le loup de Tex Avery. ll avait craqué sur ces Beatles au féminin et, comme un gentleman ne vient jamais les mains vides, il leur avait offert le fameux « Manic Monday », déclic imparable du succès américain de ces quatre fabuleuses. Special thanks to P.R.N (Prince Rogers Nelson) ont écrit les Banglesà la fin du LP, vraiment spéciales les thanks.
« Different Light » (1985)
« Ah la nana sur la pochette du 45 tours ! ». Après avoir enflammé les petites filles, Prince Roger Nelson fait craquer même les hétéros bon teint dans son rôle de travesti. « Signe Des Temps », Camille c’est comme le yin et le yang, le négatif de Prince, une émanation directe de sa féminité dessous-jacente et un pseudo de plus pour mon Nain Pourpre favori.
CHRISTOPHER
« Christopher » a sa parade dans l’album du même nom. Il signe aussi le fameux titre des Bangles « Manic Monday ». Vous l’aurez deviné, Christopher est encore un pseudo alter-égoïste, un autre fait du Prince.
Prince et André s’étaient déjà chamaillés, juste après l’expérience de leur premier groupe de collégiens Champagne. Ils réitèrent après « Dirty Mind ». Cymone racontait à tout Minneapolis que le Kid avait détourné un certain nombre de ses trucs à lui : sa provoc et sa fusion. En 85, les deux potes se retrouvent néanmoins sur le premier LP solo de Cymone où Prince compose le fulgurant « The Dance Electric » qu’ils co-produisent à quatre mains. Aujourd’hui Cymone s’est associé à David Z, frère de Bobby Z (Révolution), pour réaliser l’album de la pétulante Jody Watley, l’ancienne chanteuse de Shalamar.
« AC » (1985)
COCO (JOEY)
Prince aux mille visages est aussi un touche-à-tout. Joey Coco, c’est le côté cow boy du kid et le pseudo qu’il utilise lorsqu’il signe en douce des chansons pour la chanteuse country Deborah Allen comme pour notre bon vieux garçon-vacher Kenny Rogers !
Escroc sympa, dans son zoot suit, Morris Day, le challenger du Kid dans « Purple Rain » est aussi un des personnages-clés de cette galaxie des faits du Prince. Complice des premiers jours, il était le chanteur leader du groupe qui faisait le plus bander notre loup solitaire : The Time. Mais le personnage du Morris Day du film lui colle aux tripes, le beau Momo en veut toujours plus. Quelques semaines plus tard, il s’arrache du gang Prince, en atomisant le Time, pour s’en aller solo… sur Warner, le même label que le patron. Son album tout simplement et si modestement baptisé « The Color of Success » ( la couleur du succès) est assez bien ficelé, mais le hit n’y est pas. Too bad ! À nouveau, Judas aura trahi pour rien.
« The Color of Success » (1985)
Taillée tout en muscles, la brune Sheila est une vestale vouée à la sensualité du style princier. Made in San Francisco et plus précisément à Sausalito, Sheila Escovedo appartient à un fier lignage de percus experimenté et nerveux. Multi-instrumentiste, elle est aussi une version au féminin de Prince, puisqu’elle produit, écrit, arrange elle-même toutes ses œuvres si souvent pimentées salsa. Confidente pour le Kid – ils sont de ce même bois dont on fait les héros – Sheila E est sans doute la plus talentueuse des girls du Minneapolis sound.
« SHEILA E » (1987)
EASTON (SHEENA)
Midinette docile, vouée aux poperies diverses et capricieuses de ses producteurs successifs, la belle Sheena est repêchée par Prince et trouve sa Rédemption dans pour un duo électrique sur le titre « U Got The Look » sur l’album « Sign O The Times », preuve que la futilité mène à tout. Même à l’ « Eternity », comme le titre de son nouveau single, composé par nul autre que Son Auguste Majesté Princière.
Né dans l’atomisation de The Time en 85, The Family regroupe Jellybean Johnson, le frère de Jesse, Paul Petherson le claviers et Jerome Benton qui jouait les fringants majordomes de Morris Day dans « Purple Rain ». Quant à Susannah, la chanteuse du groupe, elle accompagnait Prince sur scène dans son gig au Zénith de l’an passé ; on la retrouve donc sur le titre live de « Sign O the Times », « It’s Gonna Be A Beautiful Night » enregistré dans notre radieuse « city of light ». Musicalement, the Family pratique une fusion pop et légère pulsée jazz ; c’est une excellente et fun machine à danser.
THE FAMlLY (1985)
JAM (JIMMY) and LEWIS ( Terry)
Membres fondateurs du Flyte Tyme, ex co-liftiers de Prince, Jimmy Jam et Terry Lewis quittent le giron du Kid lorsque celui-ci lance son OPA sur le groupe pour en faire The Time. Producteurs aux doigts d’or, le duo possède son propre studio, Flyte Contro| à Minneapolis. D’abord y passent la pulpeuse Cherelle et le charmeur Alexander O Neal, les deux « artistes maison »- épaulés d’ailleurs par une partie des ex-Time : The Family. Mais la machine Jimmy Jam/Terry Lewis s’est surtout distinguée par son somptueux détournement de Jackson, en re-liftant et réalisant « Control » l’album-choc de Janet, la petite sœurette de Michael. Dès lors, Flyte Tyme production s’envole vers le succès. Jimmy et Terry signent le dernier Human League « Crash » et même le tout nouveau Herb Alpert, le fameux « A » du label A&M…
JANET JACKSON « Control » (1986)
Sans doute le plus doué des dauphins du Prince, le second transfuge aussi. Guitariste habile et play- boy, lorsque Jesse quitte The Time, il s’en va d’abord produire quelques titres du LP « Dream Street » de Janet Jackson en guise de pied de nez supplémentaire au Kid. Un pied chez A&M et le voilà solo star pour un premier disque méconnu, « Revue ». Pulsé et torride, l’album contient le meilleur slow du gang Prince :« l Want My Girl ». Mini succès aux USA, Jesse s’offre même son propre studio, le Junglelove- en référence à un titre de The Time – où il crée sa propre version des Apollonia 6 avec les filles de Tamara and the Seen.
« Jesse Johnson’s Revue » (1985)
Vous ne l’aviez sans doute pas remarquée au milieu de la tribu princière l’an passé au Zenith. Et pourtant ! Issue d’une famille de musiciens du Midwest, la belle Jill est une ex-choriste de Teena Marie. Elle rencontre le Kid en 81 sur sa tournée et fait quelques background vocals sur le chef d’œuvre « 1999 ». On l’entrevoit dans le film « Purple Rain » mais il faudra attendre 87 pour que la belle vole de ses propres ailes. La sortie frémissante de son album éponyme sur Paisley Park a laissé filtrer quelques infos et la galette contiendrait trois titres écrits en collaboration avec le Kid et un autre composé seul par Prince. Jean-Baptiste Mondino ne s’y est pas trompé, puisqu’il devait réaliser le premier clip de Jill sur le titre « Mia Bocca ».
« JILL JONES » ( 1987)
MAZARATI
Presque Maserati et, en tout cas, indubitablement profilé pour le speed et le succès, groupe de fusion funk/hard FM téléguidé par Prince qui s’est même fendu d’un titre sur le LP, « 100 MPH »
« MAZARATI » (1986)
MADHOUSE
Tiens, le Kid se branche jazz ? Madhouse est le dernier joyau du label Paisley, un 33 tours instrumental de huit titres où chaque composition porte un numéro décliné de un à huit. Madhouse accompagne d’ailleurs Prince dans sa tournée actuelle.
« MADHOUSE » (1987)
NELSON (JOHN L.)
Le papa du Kid qui a une importance titanesque dans la carrière du petit. En 81, Prince me confiait au Palace tous les traumatismes que lui avait causés la mésentente de ses parents. Docteur Freud, c’est vrai, est omniprésent dans la musique du Prince. Quant à papa, il signe un inédit de Purple Rain, l’instrumental « Father’s Song » et co-signe la chanson-titre « Around The World in a Day » sur l’album du même nom tout comme « The Ladder » sur la même galette. On retrouve enfin le père et le fils unis à nouveau sur l’album « Parade » avec les deux titres « Christopher Tracy’s Parade » et « Under the Cherry Moon ». Jazzman expérimenté mais givré et créatif, John L. a sans doute, sur bien des points, déterminé la carrière de son rejeton.
RAITT (BONNIE)
Avant de s’envoler pour sa tournée, notre Thin Black Dude était au Paisley Park Complex avec… la chanteuse Bonnie Raitt. Interviewés par Newsweek, ses assistants expliquaient que la star country se laissait vampiriser par le Kid. Prince aurait déclaré que Bonnie n’avait jamais vraiment été prise en charge et que son talent était à ce jour totalement inexploité. Wait and see !
Side-band de notre Rogers Nelson favori, The Revolution n’apparaît officiellement qu’en 84 sur la BO de « Purple Rain ». Mais, en fait, dés « Dirty Mind » (1980) on retrouve un noyau dur de The Révolution avec Lisa Coleman aux claviers, Matt Fink – alias Doctor Fink- aux claviers aussi et Bobby Z aux percus. Wendy la guitariste et le bassiste Mark Brown déboulent en 84 avec « Purple Rain » et c’est ainsi que la Revolution est en marche. Groupe officiel, Prince and The Revolution concoctent le néo-psychédélique « Around the World in A Day » et le foxtrot-kitch « Parade », mais lorsque parait le nouvel album « Sign O The Times », on note que la Révolution a disparu et notre Premier Consul règne à nouveau en seul maitre. Mais comme au Paisley Park rien n’est jamais définitif, on retrouve néanmoins Wendy et Lisa sur quelques titres de ce petit dernier.
PRINCE AND THE REVOLUTION « Around the World in a Day » (1985)
STARR (JAIMIE)
One more pseudo pour Prince. Producteur de The Time, Vanity 6, Apollonia 6, Sheila E et de quelques autres, Jaimie Starr – et parfois même The Starr Company- se caractérise par son osmose totale avec Prince. Forcément !
Groupe mythique de Minneapolis, le Flyte Time regroupait Jimmy Jam, Terry Lewis, Jelly Bean et Jesse Johnson. Départ de Jimmy et de Terry, puis arrivée de Morris Day et de son fidèle majordome Jerome Benton, le Time prend son envol sous l’aile du Prince. Fort potentiel funk/rock et humour, The Time pouvait sans peine espérer décrocher a queue du Mickey. Après un premier album lumineux comme une torche, The Time nous balance en 84 le somptueux « lce Cream Castle » . Engagé dans la production du film « Purple Rain » pour incarner le groupe concurrent de The Revolution, The Time n’y survivra pas. Jesse Johnson, le guitariste-choc du groupe ne supporte plus Morris Day ; il plante le groupe et file illico presto chez A&M se faire un album solo. Aujourd’hui on parle d’une reformation de the Time et la hache de guerre serait enterrée puisque Jesse Johnson travaillerait actuellement en studio avec ses ex-potes.
« lce Cream Castle » (1984)
La première à oser claquer la porte du château du Kid, la plus sensuelle aussi de toutes les créatures princiéres ( voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/vanity-sest-eteinte-cette-nuit-en-californie.html). Perverse, sensuelle et provocante, originaire des Niagara Falls, modèle adulé des agences, la craquante Vanity ne tarde pas à succomber à Prince Roger Nelson. Il la bombarde chanteuse et monte pour elle le « coup » « Vanity 6 », un trio de filles aux bas résille et aux titres coquins. Mais Vanity ne manque pas de caractère et s’échappe juste avant « Purple Rain », signe chez Motown et s’offre quelques mois plus tard son premier album « Wild Animal » puis son premier film en tête d’affiche « The Last Dragon ». Hélas, en vendant son âme à Berry Gordy, l’explosive Vanity s’est bien assagie. Dans le film, elle montre à peine… ses coudes et ses délires sensuels et musicaux tendent de plus en plus vers le romantisme mou. « Skin On Skin », son second LP Motown, est un charmant loukoum, mais qui hélas n’excite pas vraiment les messieurs. Mais il suffirait que Vanity redevienne tigresse…
« Wild Animal » (1985)