POP MUSIK 1983 Seconde Partie
Voici 42 ans dans BEST GBD explorait joyeusement les champs neufs de bulles de savon multicolores de la nouvelle pop musik made in England où M soit Robin Scott, Funkapolitan, Haircut 100, Depeche Mode, Yazoo, Blue Rondo A La Turc, Bananarama, ABC, Culture Club, Haysi Fantayzee, Scritti Politi, Soft Cell, I Level, Blancmange, Ça Va Ça Va, China Crisis, Hey Elastica, sans oublier Malcolm McLaren révolutionnaient les charts, d’abord Outre-manche, avant d’envahir notre Hexagone. Bien entendu, si certains à qui il avait tendu son micro ont disparu corps et biens dans le no man’s land des one hit wonders, d’autres bien au contraire ont su défier les décennies pour continuer à triompher jusqu’à nos jours, saurez-vous les identifier ? Flashback…et Seconde Partie.
Composé comme une émission de radio du DJ Geebeedee, voici la Seconde Partie de cette play-list Pop Musik 1983 avec Blue Rondo A La Turc, Bananarama, ABC, Culture Club, Haysi Fantayzee, Scritti Politi, Soft Cell, I Level, Blancmange, Ça Va Ça Va, China Crisis, Hey Elastica, sans oublier l’ineffable Malcolm McLaren !
SECONDE PARTIE
BLUE RONDO A LA TURC « Carioca »
« Latin music et salsa inspirent ce groupe anglais, qui offrirait son âme au diable pour pouvoir être Kid Creole and the Coconuts. » Blue Rondo est né par réaction à la musique synthétique, mais l’étiquette pop lui colle à la peau. Certes moins sucrés, Chris Sullivan et son gang ne sont pas foncièrement différents d’Haircut 100, même s’ils ont l’air de sortir tout droit d’un vieux film américain, tourné en décors naturels au milieu des années quarante, en Argentine ou au Brésil.
BANANARAMA « Cheers Then »
Chœurs trainants et poppy à souhait, le nouveau single des Bananas chantantes n’a pas la pèche de son brillant prédécesseur, « Shy Boy », ce qui ne l’empêchera pas de réussir commercialement dans le rayon « disques de Noël et du Nouvel An ». Keren, Sarah et Siobham ont des voix d’ange qu’elles avaient su mettre au service des Fun Boy 3. Aujourd’hui, elles se laissent aller à la tentation du marketing. Dommage que les bananes risquent de se mettre à flamber leur panorama.
ABC « The Look of Love »
Le disque le plus matraqué depuis l’été, ABC et son « Lexicon of Love » ont servi de BO à votre vie depuis plus de trois mois » Martyn Fry et ses musiciens pratiquent un funk nouveau, croisement de 10cc et du son Jackson Five. No 1 dans les charts radios de Capital et quelques autres stations, ABC donnait ses tout premiers gigs, lorsque je l’ai intercepté dans les couloirs du Hammersmith Odeon, lors d’une version inédito-sympho-rapesque du « Lexicon of Love ». Imaginez six violons féminins, les cuivres, le look du show hollywoodien des années trente, le frac, les fastes, et par-dessus tout le sourire faus-sement candide de Martyn Fry. ABC est un groupe complètement excitant par son humour à fleur de peau, le côté love story trop parfaits pour être vraie. Les thèmes sont assez proches de ceux de Human League, avec la distanciation en plus. D’ailleurs, les deux groupes ont deux points communs : leur origine de Sheffield et le même manager. Sur scène, ABC cultive l’art des différentes versions trois de « Look of Love » et autant de « Poison Arrow », ce qui fera dire à un aficionado après le concert : « I loved all of the four songs». Moi aussi, je les ai almées, et elles m’ont donné envie d’aller discuter le bout de pop avec Martin.
« Mister Fry, quelles sont vos profondes motivations ? » Une mèche blonde lui barre le front ; sans son costume argenté, le grand maître de la « dico music » a l’air d’un tout jeune homme aux frontières de la timidité. « Si je ne m’étais pas lancé dans la musique avec Vice Versa, ce groupe de Sheffield que j’interviewais pour Modern Drugg mon fanzine, jamais je n’aurais supporté de sombrer dans les pubs et le mariage à 21 ans, comme la plupart des mecs du coin. Je me serais suicidé avant ou j’aurais rejoint les rangs de votre Légion Étrangère. Il y a si peu de boulot et tant de chômage à Sheffield, et c’est partout pareil en Angleterre. Voilà pourquoi nous avons conçu ce groupe où tout ce que nous faisons s’intègre dans une attitude qui dépasse la musique et les textes. ABC (qui succéda à Vice Versa), c’est un style de vie. « Soyez alphabétiques », c’est une manière d’affirmer : « Soyez cohérents avec vous-mêmes ». Quant aux différentes versions des mêmes chansons, c’est un peu notre marque de fabrique. On bat Barry Manilow et REO Speedwagon à leur propre jeu, on s’amuse ainsi à intoxiquer le show-biz, c’est plus drôle que d’aller chercher ses covers ailleurs. » Et l’influence du producteur, Trevor Horn, sur le son parfait de l’album ? Sa réponse est quelque peu déconcertante : « Je détestais assez les Buggles sauf « Video Killed the Radio Star », mais nous avons contacté Trevor à cause de sa production de Dollar : un son vraiment puissant. Nous savions que ses prospectives seraient radicalement opposées aux nôtres, mais à un moment, cela ne pouvait que produire un clash salutaire, quelque chose de très fort, comme un cube de glace dans une tasse de café noir. Trevor est l’homme idéal pour assurer une qualité exemplaire. En tout cas, au Royaume-Uni il était le seul à pouvoir convenir à notre musique, » L’association ABC/Horn semble devoir se prolonger, Martin songe déjà au prochain album. En attendant, ABC s’envole pour sa première tournée américaine où son simple est déjà classé 21eme dans les charts, tandis que « Lexicon of Love » grimpe systématiquement tous les échelons du Top 30. À leur retour en Europe, les ABC seront des stars à plein temps. « Sur chaque disque, ABC trouve une formule choc dans le style « Be alphabetical » ou« Be young, be foolish, be in love » ; cette fois, il en crée une hic et nunc pour notre antenne « ABC is the protestable solution to the discotheque revolution ». Cheers from Martin ! »
CULTURE CLUB Do You Really Want to Hurt Me »
« Elles ont entre 9 et 12 ans et des petites culottes mouillées, et c’est la faute à Boy George, le chanteur de Culture Club, coqueluche des magazines teeny-boppers de l’Angleterre. Boy, avec ses grands yeux bleus, a une parfaite tête à claques ; et s’il est pédé comme un phoque, ça ne l’empêche pas de faire beaucoup d’effet aux petites filles. La presse rock anglaise l’a d’ailleurs classé parmi les femmes les plus mal habillées de l’année ( sic !). La musique du Club ressemble un peu trop à celle d’ABC, mais sans la subtilité de Martin Fry. Du funk blanc facile et ensoleillé, juste assez aseptisé pour ne pas déchirer les oreilles : « Kissing to Be Clever », le premier LP de Culture Club, peut faire quelques conquêtes… à condition de ne pas lasser trop vite. À ranger dans quelques mois dans la même galerie de portraits que le défunt Adam & The Ants.
HAYSI FANTAYZEE « Shiny Shiny »
« Une exclusivité sur Pop Muzic, le nouveau simple à venir d’Haysi Fantayzee, le troisième de ce trio londonien à nous taire imploser la tête et les tripes I » Kate, Paul et Jeremy avaient déjà signé l’étonnant « John Wayne Is Big Leggy (J.W. est bien monté) et « Holy Joe », une galerie tropicale en accéléré. Mitraillés à toutes ondes par Capital Radio et la presse, Haysi progresse sur la lancée de sa fraîcheur et de son look, rastas irlandais aux yeux bleus et aux jeans lacérés. Paul, le troisième Haysi, joue les talent-scouts dans l’Histoire de la musique, il va fouiner les influences en Afrique ou en Asie. Parfois, il les invente de toutes pièces, comme cet effet de scratch de rapper reproduit au synthétiseur Prophet, son plan de la journée. Les fringues collent à leur folie, Haysi retrouve le sens de la fête et ne craint pas de repêcher ses racines profondes en réinventant le square dance pour les années 80. « You sure look fine your shoes they shine/ I taste/Your waist/Your love is mine/Mercury Dan with a spikey hand/ I’m hot In’hard/I’m the Marquis de Sade/Shiny shiny , bad times behind me/Shiny shiny sha-na-na-na » Si Boy George et Haysi Fantayzee appartiennent à la même génération, mon penchant naturel plonge droit vers la ravissante Kate plutôt que vers George Garçon, mais nous autres, boys, manquons parfois d’objectivité heureusement, les coups de cœur ne trouvent pas toujours d’explication rationnelle. Haysi, depuis sa première démo vidéo, a su parier sur l’image ; sa pop est bourrée d’instantanés et de clins d’oeil à la manière de T. Rex ; alors, get it on I
MAXIMUM JOY « Do It Today »
Dans le créneau du jazz et de la pop blues, Maximum Joy est une alternative à ceux comme moi que Rip Rig and Panic ou Pigbag laissent de glace au café. Janine Rainfodh, la chanteuse violoniste, s’ac-croche à sa voix haut perchée pour produire des vocaux originaux. Simple question de timbre, le sien colle assez bien, merci. Quant au guitariste, John Wandington, c’est un ancien du Pop Group… lequel, justement, ne l’était pas. La free pop de Maximum Joy aura bien du mal à s’imposer sur les ondes, même si elle ne manque pas d’intérêt. « Strech », leur premier simple, était classé No 1 l’an passé, dans les charts indépendantes du Melody Maker, et l’album, « Station MXJY », risque de brancher les mêmes allumés. Ont-ils vraiment tort ?
SCRITTI POLITTI « The Sweetest Girl »
A cheval entre son image révolutionnaire et un son pop soul, Scritti Politti est un groupe dont la maturité semble à peine croyable. Green, l’homme de proue, chanteur guitariste, est un personnage discret qui avoue deux influences : Kraftwerk et Gregory Isaacs. Le charme musical de Scritti n’est pas loin du psychédélisme ; il agit, en tout cas, en étroite relation avec la réflexion. D’ailleurs, dans ses interviews, Green ne prétend-il pas souhaiter que sa musique ait Te ‘Jouve de faire évoluer la vie des gens.
« Je serais incapable d’écrire une chanson qui, d’une certaine manière et même dans les instants les plus pop, ne sache corrompre, être subversive; torturer ou révéler quelque chose. Si ça ne passe pas direc-tement au niveau des textes, ça passe de toute façon au moins par les rythmes. » La pop de Scritti Politti passe aussi par le reggae comme « Asylums In Jerusalem » ou par des voies franchement progressives, comme cette chanson sur Jacques Derrida et les contradictions entre le désir et la politique. La pop cérébrale ne présente aucune contre-indication ; celle de Scritti Politti est donc parfaitement consommable quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit.
SOFT CELL « Where the Heart Is »
Depuis leur cover de « Tainted Love », Marc Almond et Soft Cell ont su mener leur barque dans les eaux troubles de la pop. Sous la conduite de Stevo, le manager, the Some Bizarre supremo, Soft attaque son second LP d’où est extrait ce « Where the Heart Is » aux mélodies ciselées comme un bijou de collection. Superbe l’emballage, bravo pour le petit nœud rose, on arrive presque à oublier les bâillements déclenchés par l’album solo de Marc. Le nouveau simple devrait se vendre comme les boules colorées pour sapins de Noël. Croisé à une party, if m’a confié qu’il adorait les textes de cette chanson car ils lui rappelaient toute son enfance. Je ne sais pas si Marc suce son, pouce sur son prochain promo clip, mais en tout cas, il continue à parier à fond sur ses fantasmes au point de les tartiner dans ses chansons. J’avoue qu’avec les violons synthés de « Where the Heart Is » ça n’est pas franchement repoussant. « Vous reprendrez bien un peu de ce succulent Soft Cell le pont musical touche à sa fin et la petite voix de Marc revient à la charge pour la fin du morceau… »
I LEVEL « Give Me »
«Nouveau, frais, pop and funk assez proche de la perfection technique à la ABC, Level prend son envol avec un premier 45 tours signé Sam Jones, un auteur/compositeur/black/tenancier de boutique vidéo/vétéran du groupe reggae, Brimstone, qui s’est branché sur le funk par le truchement du jazz.
Avec deux jeunes loups de sessions, Sam a formé I Level. Duncan et Jo, deux petits blancs touchés comme beaucoup d’autres par la grave magique du funk, sont avec Sam des malades du studio. Ils se sont bricolés un huit pistes très sophistiqué où ils peuvent s’adonner à leur vice de la maquette : le Moody Studios. Ce qui explique les trucages overdubs sur la drum machine de « Give me ». Funk ballade, I Level pose aussi une question : si les Beatles avaient duré assez longtemps pour faire du funk, comment cela sonnerait-il?
THE FRESHIES « Fasten Your Seat Belts »
Sûrement les plus soupe de toute cette programmation, Chris et Barbara font de la concurrence à Abba » Chris est aussi compromis dans la vidéo. « Fasten Your Seat Belts » a l’insouciance d’une certaine niaiserie, mais c’est bien emballé.
BLANCMANGE Feel Me »
Coid funk à la Simple Minds, Blancmange utilise paraît-ii, des ustensiles de cuisine passés au synthétiseur pour égayer sa musique. En tout cas, vous pouvez en juger, le son est assez original » « Feel Me » est à classer au dossier pop expérimentale car il est plus achevé que « l’ire sein the word », son prédécesseur. Veil Arthur et Steven Luscombe ont choisi la formule du duo synthétique pour préserver une certaine indépendance créative. Leur première maquette figurait déjà au tableau d’honneur de la compilation « Some Bizzare » sortie en 81, qui révélait Soft tell: Dépêche Mode et B. Movie.
CA VA CA VA « Where’s Romeo »
Le gag avec Ca Va Ca Var c’est que la cédille n’existe pas dans la langue anglaise; à la radio là-bas, ils annoncent donc « Ka Va Ka Va ! » Merci bien… et vous. Steve Parris, le leader, cultive une imagerie proche de la B.D. pour enfants, une musique Malabar qui ne risque pas de faire péter les vitres. Love au premier degré, tu nage blue flower ou les aventures de Captain Love par une voix qui ressemble étrangement à celle de Plastic Bertrand.
CHINA CRISIS « African and White »
« L’album vient juste de sortir à Londres, mais déjà China Crisis, un trio de Liverpool, s’était distingué avec ce hit funk ‘n soft « African and White. » Gary, Eddie et Dave ont tout juste 18 ans et leur pop se balade jusqu’aux racines celtiques ; Dexys a créé la mode. China Crisis puise aussi son inspiration dans le son venu d’ailleurs du Yellow Magie Orchestra. Cool brother… le funk léger ne mange pas de pain. Prenez une autre tranche, « No More Blue Horizon », et faites un pied de nez à Haircut 100.
HEY ELASTICA « Eat Your Heart Out »
Produit par Tony Visconti à la manière des B 52’s, Hey Elastica se propulse de son Ecosse d’origine sur un certain succès populaire franchement épaulé par Top of the Pops. Le groupe s’est révélé l’été dernier en ouvrant quelques dates de la tournée Simple Minds. Son atout majeur ? Un côté Art School. Son principal défaut ? On s’en lasse rapidement.
MALCOLM McLAREN « Bufffalo Gals »
Gasp ! Cette fois encore, le générique passe à l’as faute de temps. Tant pif le maxi de cette crapulé de McLaren vaut bien quelques secondes d’antenne.» Rap et scratch, Malcolm a passé ses vacances à New York où il a appris les secrets des rappers comme on prend des leçons de conduite. Le pire, c’est que c’est assez réussi Malcolm va encore gagner et rafler la monnaie, la Pop Muzik décidément, n’a aucun sens moral. Tant pis. « À la prochaine, même heure, même fréquence sur Radio BEST pour une nouvelle séance de Pop-thérapie avec Gibidi bidi bidi bidi. Radio BEST… il est exactement 22 h, voici les news… »
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