PAUL MCCARTNEY and WINGS « One Hand Clapping »

Paul McCartney and WingsClap, rire, instru blues pop rugueux qui attaque aux guitares offensives, avant que ne monte le synthé de Linda, c’est le title-track « One Hand Clapping » premier inédit de cet hallucinant live de Paul McCartney & Wings, capturé l’été 1974, au fameux studio Abbey road. One hand clapping…. Un applaudissement à une main…en Français dans le texte, et pour l’avoir déjà vécu avec un seul groupe- Genesis en l’occurrence- j’aurais donné très cher pour faire la claque de cette main-là ce jour-là, croyez-moi ! Et tant pis si ce précieux double CD ne parait que vendredi prochain, je n’ai pas pu résister à l’envie de vous faire partager un peu en avance ce super rétro et spectaculaire décollage de Wings.

Paul McCartney and WingsCertes, les images en avaient été en partie découvertes, avec la réédition de « Band On the Run » version augmentée, mais là il y en a bien plus pour ravir nos oreilles que ce qui nous avait déjà précédemment éblouis ( Voir sur Gonzomusic  PAUL MCCARTNEY « Band On the Run Underdubbed »   ). Puis Paulo ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Paul+McCartney  ) improvise en ooooohhhh sur l’intro de la vrombissante « Jet », qui démarre forcément au quart de tour, sans doute juste un peu plus pêchue encore que sur le LP « Band On the Run », le tout avec une véritable cohésion de groupe, qui porte le titre bien en avant. Carrément rock et rough, voici « Soily », une composition rare, écrite trois ans auparavant et souvent jouée en live, et c’est comme si les Wings s’amusaient à devenir les Stones-qui-jouent-à-être-Eddie Cochran doublé d’un je ne sais quoi de ZZ Top pour les guitares qui bastonnent salement. Le mini medley « C Moon/ « Little Woman Love » démarre en reggae un peu enfantin et Linda en assure les chœurs naïfs puis tout s’accélère façon honky tonk boogie dans la seconde partie. On entend la conversation de Paul qui s’exclame « C’était super ce truc ! » avant que ne s’enchaine le son d’une gamme qui sonne comme un clavecin : c’est l’intro du premier grand hit de Paul, un peu après avoir claqué la porte d’Apple Corp… « Maybe I’m Amazed » vocalise Paul dans l’écho de sa propre extraordinaire et si charismatique voix, portée par les harmonies de Linda et les lumineux solos de la guitare prodige de Jimmy McCulloch et c’est juste… le paradis sur Terre ! Suit son alter-ego hit de « Red Rose Speedway », « My Love », sublimement vocalisé, sans doute un peu plus slow jazzy que l’originale, mais incontestablement renversante, entre les envolées de violons, la guitare impeccable de McCulloch et le keyboard discret de Linda. Retour à « BOTR » avec « Bluebird », assez proche de la VO mais néanmoins allégée et insouciante bulle de savon estivale, qui swingue avec une rare délicatesse, Paul répondant aux « Bluebird » de Linda par ses « yeah yeah yeah »… on appelle cela un parfait dialogue de couple, avec néanmoins une mention spéciale au brillant saxo Howie Casey… l’ensemble balance avec une grâce incommensurable et c’est magique. Après la courte « Let’s Love » voix piano, on découvre l’étrange « All Of You » voix piano également, qui s’enchaine sur un titre retro cool années trente, dans la même veine apparue huit ans plus tard en B side de « Take It Away », l’un des singles de « Tug Of War ».

Paul McCartney and WingsRetour aux choses sérieuses avec l’iconique « Band On the Run », somme toute assez proche de l’originale… jusqu’au pont et la seconde partie « When the rain exploded with a mighty crash… », où elle prend soudain une ampleur live absolument brillante, McCulloch prenant quelques libertés avec le solo de guitare. Quant à la voix de Paul, vu qu’il la pousse, elle sonne bien plus bluesy que sur la version studio du même titre. Et les hits continuent de pleuvoir dans ce live sans public, avec l’interprétation massive de « Live And Let Die ». Car si l’originale thème de James Bond était déjà coup de poing, cette version-ci est puissante comme un KO debout : voix, arrangements, violons, prod… tout y est absolument spectaculaire. « Nineteen Hundred and Eighty Five » est d’abord interprétée au piano où Paulo improvise en parallèle de la version « BOTR » de la chanson et pose sa voix si assurée… avant que ne montent les chœurs de Linda, suivis par le reste du groupe avec une montée en puissance jusqu’au paroxysme où les vocaux du chanteur franchissent carrément le mur du son. Enfin, cette première rondelle s’achève en…1929 par un cover de la classique rag time « Baby Face », preuve s’il en est de la nostalgie sans faille de notre Paulo pour les Années Folles. Et c’est avec la fumante « Let Me Roll It » que démarre le CD 2, dans une version assez proche de sa VO sur « BOTR ». Puis on découvre une autre reprise rare de Macca, avec cette « Blue Moon Of Kentucky » du guitariste bluegrass Bill Monroe millésimée 1945, portée par l’harmonica, elle sonne comme un trip rétro dans ce grand Sud US qui l’a tant inspiré depuis ses débuts. Puis on succombe à cette version fun délirante et décalée de « Power Cut » qui figurait dans son medley de « Red Rose Speedway » façon voix/ orgue dépouillée. Et c’est après l’anecdotique « Love My Baby » que ce concert intimiste décolle à nouveau sur les ailes de la victoire de « Let it Be » piano orgue totalement dépouillée, à des années lumières de la  grandiose version Beatles, et cela se révèle juste si touchant. Puis on découvre une « The Long And Winding Road » telle qu’on ne l’a jamais entendue, façon piano voix salon d’hotel jazzy cool… qui s’enchaine sur une version boogie sympa de « Lady Madonna » et c’est comme si Paulo était au milieu du salon en train de jouer sur le piano familial. Retour du groupe et du rock and roll, avec une interprétation baston de « Junior’s Farm », single de 74 qui ne figure sur aucun album-studio de McCartney… suivi de sa B side, la très méconnue folky interprétée à la guitare acoustique, « Sally G », aux accents un peu de « Another Day ».

Paul McCartney and WingsMais le petit bijou de cette rondelle reste incontestablement « Tomorrow », extrait du « Wild Life » le 3ème LP. Ralentie, délicate, mélancolique à souhait et exécutée de main de maitre uniquement au piano, c’est donc bien la voix de Paul qui émerge, et on tombe totalement sous le charme. Autre découverte, le cover de « Go Now », un single déjà sorti en 64 puis popularisé par les Moody Blues repris ici à la sauce Wings. Autre morceau de bravoure avec la chanson-titre « Wild Life » façon crooner illimité et comme de bien entendu on tombe inexorablement sous le charme même si la chanson perd près de deux minutes par rapport à l’interprétation de l’album-studio. Enfin, tout s’achève avec l’alter ego de « C Moon », soit l’autre face du même single soit « Hi Hi Hi », certes porté par la guitare boogie de McCulloch mais fidèle à l’originale. Capturé à l’épicentre du succés phénoménal de « Band On the Run », ce concert « One Hand Clapping » où l’on n’entend jamais de public me rappelle ma propre expérience d’un concert de Genesis en Espagne. C’était le 9 mai 1987, juste avant qu’on ne se fasse virer de TF1 avec la majeure partie de l’équipe du « Mini-Journal de Patrice Drevet », soit l’édition de 18h du JT ; j’étais avec une équipe complète de la chaine pour capturer le show et interviewer Genesis, au gigantesque Estadio dela Rosaleda à Malaga, au sud de l’Espagne. Le groupe de Phil Collins n’avait pas joué ensemble depuis des lustres et pour lancer cette tournée « Invisible Touch », dans la foulée de la sortie de l’album du même nom, ils avaient décidé de s’offrir un petit « filage » de l’intégralité de leur set-list… interprétée dans un stade totalement vide… à l’exception des techniciens et de nous-mêmes. Ce jour-là, allongé dans l’herbe devant la scène j’ai assisté au concert de Genesis le plus incroyable de toute ma vie. Comme il n’y avait pas de public, les quelques applaus ne couvraient pas les bruits des changements de spot-lights entre les titres, des bruits qu’on n’entend jamais dans un concert « normal ». Le lendemain 10 mai, pour le show « véritable » dans un stade plein comme un œuf, j’avais trouvé le concert bien moins réussi que le show en « tête à tête » de la veille. On peut tracer un parallèle avec ce « One Hand Clapping » sans applaudissements où l’on entend distinctement Paul et ses musiciens discuter, rire et plaisanter entre les morceaux. Et c’est juste magique. Merci Paulo de nous avoir fait partager ces moments rares !

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