ORCHESTRAL MANOEUVRES IN THE DARK: « Crush »

OMD Voici très précisément 30 ans sortait « Crush », le 6éme LP des liverpudliens d’Orchestral Manoeuvres in the Dark dont je suivais avec passion pour BEST les aventures successives-dans tous les sens du terme- depuis leur album éponyme de 1980. Trois décennies passées, leur joyeuse pop synthétique fait toujours autant battre mon coeur…et le vôtre .

OMD "Crush"ILS étaient aux cotés d’Edison lorsqu’il a inventé l’électricité. ILS étaient aux commandes du bombardier de l’us Air Force au dessus d’Hiroshima. ILS étaient sur le bûcher de Rouen côte à côte avec Jeanne d’Arc. ILS voyagent dans l’espace-temps grâce au pouvoir de leur son. Paul Humphreys et Andy McCluskey ont créé OMD, le vecteur de leur imagination, une source inépuisable d’émotions électriques.« Crush » est le sixième itinéraire du duo de Liverpool Le précédent, « Junk Culture» était un plantage magnifique, une de ces galettes aseptisées que l’on jette bien vite aux oubliettes. Heureusement, le nouvel Orchestral manœuvre avec habileté entre différents courants pop et évanescents. Paul et Andy sont de parfaits exemples du paradoxe humain. Ni trop blancs, ni trop noirs, ils oscillent sans cesse entre une tendresse décalée, une chaleureuse timidité et une froideur d’un micron ou deux, capable de fondre au premier rayon de soleil. OMD sont de bons petits gars, certes, mais ils constituent aussi une remarquable association de cerveaux bouillonnants. Avec eux, la plus banale love song se transforme en une version audio de « Robur le Conquérant ».

L’amour toujours

Ainsi le second titre de la face A, « Secret» pulse avec une mélodie absolument infernale. Ado, presque niais, le thème de « Secret» semble usé mais c’est encore ce truc bateau qui nous inonde le rock et la vie de tous les jours. « And now you see, all my secret is love». Lui dira, lui dira pas? Je t’aime, elle non plus, OMD et ses synthés en font un succès. L’amour toujours, avec« So In Love », le single et ses réminiscences « Enola Gay». Paul et Andy ont trouvé leur rythme, un juste équilibre entre une pop de hitmakers et un romantisme désuet sur délicat fond techno. Adepte du Fairlight et de la technique de l’« échantillonnage», OMD a créé sa couleur, son identité. Elle dépasse le cadre micro-circuité des machines qu’ils utilisent. Aussi, peu importe si leurs cuivres sont de parfaits produits de synthèse, ils reflètent la juste émotion. « Crush » illustre ce côté aventurier expérimental. De ce titre mélancolique sur le thème de la pluie, Paul et Andy font une épopée baroque. Face aux Tears For Fears et à tous les gros sabots de la vague synthé yankee, OMD offre une alternative sensée. L’album sera la poperie de l’été avec ses tubes et ses délires, ses clichés et ses rires. « Crush» est sans doute une des œuvres les plus réussies du groupe, du nec plus ultra made in Liverpool.

Publié dans le numéro 205 de BEST daté d’aout 1985

BEST 205 small

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