KANYE WEST « Ye »
Avec un seul featuring massif, celui de Nicky Minaj, fatalement « me myself I », sur sa pochette de « Ye », son nouvel album, Kanye West annonce direct la couleur : « I hate being bipolar, it’s awesome (je déteste être bipolaire, c’est génial) » . Explication de texte sur les dernières frasques du mari de Kim K entre sa bromance (lui aussi sic !) avec Trump et ses sorties sur l’esclavage des noirs : « si je dis tout cela c’est que je suis un peu dingue » se défend Kanye tout au long de ce mini et joli album de 23 minutes en sept titres.
Kanye West, dans ce nouveau CD, développe les thèmes de la folie, de sa bipolarité, et de son rapport aux médias, un peu à la manière d’un Marshall Mathers. Sauf que Kanye est aussi Monsieur Kardashian, les spécialistes de la vacuité et de la frivolité buzzée sur internet. « Ye » est sorti vendredi, juste après sa party de lancement donnée aux pieds des cimes enneigées dans le Wyoming. D’ailleurs, la pochette de l’album est une photo prise par Kanye himself avec son iPhone en se rendant au Wyoming. C’est Kim K qui l’a dit sur Twitter. Et si c’est sur Twitter, c’est que c’est vrai, n’est-ce pas ? L’omniprésence tutélaire de Kim K est d’ailleurs évoquée à plusieurs reprises dans les textes de ce « Ye ». Historiquement, ce 8éme album de Kanye West est le petit-fils de son « Yeezus » de 2013, arborant fièrement son incontestable bannière expérimentale. Sauf que, cette fois, plus au niveau de l’écriture des textes que sur la forme, que la folie de notre ex-college drop out se manifeste. « I Thought About Killing You » ouvre l’album avec son intro auto-tunée sur un quasi-monologue parlé, sur des séquences néo chœurs des 60’s où KW développe le thème central de son « Ye » l’amour et la folie, comme les deux faces d’une même médaille. Puis la voix est ralentie, comme un 45 tours passé en 33 tours, et Kanye prend alors une grosse voix démonique de double maléfique pour évoquer de « very bad things ». Docteur Kanye et Mister West, good cop/bad cop. Dépouillé simple direct cool…mais troublant au niveau des mots. Et puis soudain à 3’10’’ résonnent des hurlements et tout s’accélère comme dans un film d’épouvante. Kanye rappe plus vite que son ombre scandant ses rimes comme le boxeur ses uppercuts : « Les plus belles pensées sont toujours les plus sombres. » Ou encore « Aujourd’hui, j’ai sérieusement pensé à te tuer / j’ai envisagé un meurtre prémédité », puis plus loin : « Et je pense à me suicider, mais je m’aime bien plus que je ne t’aime, alors… ». « Yikes », qui suit, est habité par la rage : « Parfois je me fais peur à moi-même », rappe un Kanye forcément à l’ouest, comme un navigateur égaré en pleine tempête. Le rythme hypnotique est répétitif jusqu’à son paroxysme : un monologue de folie. « Russell Simmons veut prier pour moi aussi / je prie pour lui parce qu’il a été # MeTooisé/ Pensez-y et si ça m’arrivait aussi / Alors je serai sur E! News. », Puis il en appelle aux mannes ancestrales de Prince et Michael Jackson « Je peux sentir les esprits qui m’entourent / Je pense que Prince et Mike essayaient de me prévenir / Ils savent que j’ai des démons partout sur moi », dit West dans la chanson. Justifiant ainsi ses errances par des prises de médocs. Enfin il conclut ce titre par le terrifiant : « C’est cette merde bipolaire un quoi? / C’est mon super pouvoir, nè ** o, ce n’est pas un handicap / je suis un super-héros! Je suis un super-héros! ».
Court et solitaire c’est un bel objet de pop culture… mais à la manière d’une Austin Mini 😉
Avec « All Mine », de sa voix haute il s’interroge sur l’amour et la fidélité, évoquant son histoire perso avec Kim K : « Si je serre une Kerry Washington / Ce sera un énorme scandale/ Je pourrais avoir Naomi Campbell / Et pourrait pourtant vouloir me faire une Stormy Daniels. » En référence à la prostituée dont le silence a été acheté à prix d’or par mes avocats de Donald Trump. Avec Wouldn’t Leave », on touche au jazz cool émotionnel sur un des meilleurs titres of the album aux parfaites réminiscences du sublime « Welcome to Heartbeat » sur « 808 & Heartbeat ». Il y a là toute la force des mots et de ses métaphores, c’est du grand Kanye qui donne envie de pardonner ses derniers délires. Les chœurs sont gospel, comme dans un hit de R Kelly. On y retrouve une nouvelle référence à sa femme « qui ne veut pas le quitter malgré ses faiblesses » . « Ma femme appelle, en criant et dit, » Nous allons tout perdre! « / j’ai dû la calmer parce qu’elle ne pouvait même plus respirer », a t-il dit. « Je lui ai dit qu’elle pouvait me quitter maintenant, mais elle refuse de partir « , rappe-t-il. « No Mistakes », est le second best hit du projet, puissant et nostalgique comme un hit d’Harold Melvin & the Blue Notes il ne peut laisser quiconque indifférent. Construit de manière intelligente, comme un dialogue avec lui-même, gorgé de soul vive pulsée de « believe it or not », on adore ce « No Mistakes » . Puis « Ghost Town » démarre sur une intro rétro samplée puis très vite les envolées enflammées nous mènent à un chant étrange, comme si KW se trouvait sous l’emprise de l’alcool. Rêve ou réalité ? Néanmoins puissante compo aussi, où il évoque en pure poésie des « non des semi-vérités, mais juste des esprits nus. Enfin, ce « Ye » s’achève avec « Violent Crimes » évanescent, aérien et synthétique, comme une intro d’Empire of The Sun…en fait c’est Nicky Minaj, la seule guest notable officielle du CD qui ouvre cette composition. La voix de Kanye s’immisce sur le beat électronique mêlé au piano jazz électrifié. On en voudrait plus, mais c’est déjà fini. Tout cela est un peu frustrant. Court et solitaire c’est un bel objet de pop culture… mais à la manière d’une Austin Mini 😉 Un petit gadget pour la route…sur le site https://yenerator.com/ , chacun peut personnaliser à sa guise la pochette de « Ye »….oh ye !