JOE MARION RETOUR D’UN BIJOU DU ROCK
Joe Marion, que l’on a bien connu jadis sous son alias de Dynamite lorsqu’il officiait au sein de Bijou, sort enfin de l’ombre avec un EP réalisé par Chriss Linsar et distribué par Rock Paradise Records, un label fondé par Patrick Renassia. Une longue amitié lie les deux hommes puisque que Patrick fut le président du fan club de Bijou au siècle dernier. Au cours de cet entretien l’ex-batteur évoque également la fin de Bijou et sa rancœur persistante contre les Sparks… lesquels avaient eux même tiré sur lui à boulets rouges dans un article publié dans le BEST 154 de mai 1981… et signé d’un certain GBD… comme par hasard 😇
42 ans plus tard, il n’y a décidément toujours pas prescription puisque Joe Marion alias Dynamite l’es-batteur du fameux trio rock Bijou a toujours autant la haine contre les frères Mael Ron et Russell alias les Sparks ( Voir sur Gonzomusic LES SPARKS À PARIS ) lorsque ces derniers avaient produit en 79 le 3ème album du combo de Juvisy. Et c’est incroyablement drole car justement, voici 42 ans dans BEST l’ami Russell me déclarait à son propos et dans ce paragraphe du numéro 154 daté de mai 1981 du fameux mensuel de la rue d’Antin opposant la coolitude de Lio aux « états d’âme » de Dynamite : « Ron et Russell ont pourtant déjà craqué sur quelques nymphettes : Nastasia Kinski, d’abord, et puis Lio. « Elle est cool et surtout folle. On a parlé de produire son prochain 33 tours, mais ça dépend exclusivement d’elle. De toutes façons, ce sera plus enrichissant que l’expérience Bijou. Il parait que nous étions tyranniques en studio, je te promets qu’on ne les a pratiquement jamais fouettés. Quant au batteur de Bijou ( Dynamite, donc ! : NDR), il peut vraiment aller se faire voir dans un camembert géant, après ce qu’il a balancé à notre sujet », balançait alors Russell. ( Ron et Russell avaient effectivement produit « Pas dormir » le 3éme LP de Bijou : NDR). ». Bien entendu et fort heureusement, le passionnant entretien qu’il a accordé à Pierre Mikaïloff évoque bien d’autres sujets et notamment le retour de Dynamite sous les traits de Joe Marion qui publie un nouvel EP.
Par Pierre MIKAÏLOFF
Dynamite, aka Joe Marion (il va falloir que je m’habitue à son nouveau blaze qui est aussi son vrai patronyme), avait déjà donné de la voix sur « Ma D.S. », sur le cinquième album de Bijou, et sur son mini-album Rockin’ en 1985. Le EP Joe Marion & Rockers nous confirme que l’ex-batteur passé à la guitare n’a rien renié de son passé. On situera ses nouveaux titres quelque part entre Dave Edmunds, pour le côté puriste des guitares, et Shakin’ Stevens, pour l’accroche pop des mélodies. À l’occasion d’une séance d’écoute de son EP, qui préfigure un album à paraître à la rentrée, j’en ai profité pour lui poser quelques questions.
« Dynamite réinventé en guitariste, c’est un peu une surprise?
J’ai toujours joué de la guitare, mais quand tu joues dans un groupe avec Vincent Palmer, un des plus grands guitaristes de rock français, tu n’y touches pas.
En revanche, Dynamite compositeur, ce n’est pas une nouveauté, on te doit, entre autres, « Rock à la radio », en 1981, qui est beaucoup passé sur les ondes.
À l’époque, il y avait des dissensions à l’intérieur du groupe, je suis parti pendant deux mois dans une villa sur la côte avec un Revox, une guitare et des kilomètres de bandes. J’ai écrit un titre qui s’appelait ‘‘Toc, toc dans mon paddock’’. C’est la fille chez qui je vivais qui cherchait une station à écouter et qui a dit : ‘‘Putain, il n’y a jamais de rock à la radio !’’ J’avais les paroles.
À quand remontaient ces tensions au sein de Bijou ?
Quand on est revenus de Los Angeles avec l’album « Pas Dormir », en 1979, nous n’avons pas eu les ventes espérées. Quand tu fais dépenser autant de dollars à Phonogram et qu’il y a un mec comme moi qui dit dans Best, ‘‘C’est de la merde’’, ce que tout le monde pensait dans Bijou…
Ça jette un froid, on peut le comprendre. Tu étais déçu par le travail des frères Mael ?
Ce ne sont pas des producteurs. Un producteur garde 80 % de ton travail et ajoute sa touche. Avec eux, c’était : ‘‘Non, ce morceau-là, on jette.’’ Tu arrives à Los Angeles, il fait 24 degrés, il y a une piscine au pied de ta chambre d’hôtel, tu as la carte de crédit de Phonogram, mais tu entres en studio, tu t’emmerdes et, là, tu te dis : ‘‘Y a un problème.’’ Je ne voulais pas y aller. J’avais écouté leurs disques et je me demandais ce qu’on allait faire là-bas.
Les Sparks étaient alors en plein période disco, en quête d’une perfection aseptisée.
Il y avait une opportunité, ils étaient dans l’air du temps, mais on était déconnecté de ça, dans notre petit monde du rock’n’roll en français. Tu réunis les frères Mael et Bijou : il y a conflit. Et si tu n’arrives pas à le régler… J’enregistrais le pied grosse caisse le lundi, la caisse claire le mardi, la cymbale le mercredi. Un truc de dingue ! On n’était pas partis pour ça. On rêvait de Tony Visconti. Quand tu écoutes les répétitions et le résultat, ce n’est pas le même disque. ‘‘Le kid’’ aurait dû faire un tabac. Il fallait le jouer à la Dylan.
La rencontre des frères Mael n’aura pas l’effet escompté. Jamais dompté referme la discographie du groupe, en 1981.
À l’époque du sixième album, si Bijou ne marchait plus, c’était par manque de budget. On n’arrivait plus à financer nos trucs. Chacun pensait que la bonne direction était d’enregistrer un album solo. Jean-William Thoury a cherché une maison de disques, mais on n’avait pas de maquettes à présenter. Le nom ne fait pas tout. Philippe Dauga est parti, je suis resté avec Palmer, je lui ai proposé de composer chacun de notre côté et de nous revoir dans six mois, mais ça ne s’est pas du tout passé comme ça. »
Photos de Joe Marion by Nathalie Chabot-Gaudey