INTERVIEW WITH THE VAMPIRE
Franchement, ça change des zombies, c’est comme un retour aux sources de Bram Stoker et de ce bon vieux comte Dracula, mais avec la touche gumbo épicée cajun d’une histoire plantée dans la moiteur suave de la Nouvelle Orléans. Mais cet INTERVIEW WITH THE VAMPIRE inspirée de l’œuvre d’Ann Rice offre une narration à deux niveaux en flashbacks qui nous font passer de 2022 à 1910, évoquant le racisme dont sont victimes les blacks et la double peine d’une homophobie redoutable qui oblige les gays à dissimuler leur véritable nature pour se plier à cette morale castratrice, une bromance qui n’existait pas au ciné entre Brad Pitt et Tom Cruise.
« Vos sources sont vos sherpas, ton rédac chef est ton prêtre, l’honnêteté n’est pas une tactique », explique le journaliste et écrivain Daniel Molloy à ses élèves. Puis on le retrouve chez lui et l’on découvre qu’il porte une cicatrice… une morsure en haut du cou. Vous avez dit bizarre ? De retour chez lui, il reçoit un paquet contenant tout un tas de cassettes audio ainsi qu’une lettre manuscrite signée Louis de Pointe du Lac. Il ressort un vieux ghetto-blaster du fond d’un placard, ouvre le compartiment et place la K7 avant d’appuyer sur la touche « play ». Une voix pose une question : « Vous n’avez pas toujours été un vampire, n’est-ce pas ? » et cette réponse : « Non, j’étais un jeune homme de 33 ans quand je suis devenu un vampire. » Molloy se met alors à lire la lette qui accompagne l’envoi et qui lui est adressée : « Cher Mr Malloy j’espère que cette lettre vous trouvera en sécurité et en pleine forme. J’ai suivi votre carrière avec beaucoup d’intérêt depuis notre dernière rencontre, aussi permettez-moi de vous féliciter pour tous vos succès. J’espère néanmoins que vous donnerez un avis favorable à ma proposition, d’ici une semaine dans un lieu de mon choix, je poursuivrai ce que notre jeunesse nous avait jadis empêché d’achever. 49 ans et des milliers de miles nous séparent de ce studio que nous partagions à San Francisco. Je tenais à offrir à votre satisfaction journalistique toute mon attention et l’histoire de ma vie. En toutes affinité Louis de Pointe du Lac ». Lorsqu‘ils se retrouvent, devinez quoi…. Louis beau, black et vieille connaissance, Grey Worm de GAME OF THRONES, n’a pas pris, une ride alors que notre ami Molloy est un vieux gars grisonnant… et atteint par la maladie de Parkinson. On apprend que la cicatrice date de leur dernière rencontre. Mais il accepte néanmoins de mener son… entretien avec le vampire. « Alors monsieur du Lac, vous êtes mort depuis combien de temps au juste ? » On remonte alors le temps jusqu’ à 1910 et Storyville, le quartier chaud de la Nouvelle Orleans où Louis tient au moins huit bordels sur Liberty St. Rencontre avec Lestat dans un cabaret bordel de luxe, ce dernier parle un mix de français et d’anglais… forcément. Et il drague et plote la pute favorite de Louis, miss Lilly devant lui. Et les yeux de Lestat le paralysent au point d’assister à la scène sans réagir. Lilly suit alors Lestat et Louis reste sans voix. « J’étais venu pour Lilly et pourtant je ne cessais de penser à lui », songe-t’il.
Lestat a le pouvoir de suspendre le temps. Et il poursuit son histoire dans cette Louisiane du siècle dernier. Suit une scène torride ménage à trois, érotisme gay entre Louis , Lilly et Lestat … jusqu’à ce que ce dernier n’endorme la charmante escort… et utilise son pouvoir pour finir ce dialogue corporel… entre hommes. Bien entendu, dans le film de 94 où cette dimension n’était pas aussi … transgressive c’était bien moins hot entre Pitt et Cruise. On note que Lestat de la série, incarné par l’australien Sam Reid ressemble à Brad Pitt… qui interprétait pourtant Louis. Les deux amants sont enlacés lorsque Lestat mord l’ami Louis avec l’effet que nous connaissons tous depuis le premier Dracula. Retour à la narration : « je ne considérais pas être un homosexuel à cette époque, même si j’avais déjà tenté des expériences ». Et il rappelle au passage à Daniel qu’ils se sont rencontré dans un bar gay de SF. Puis Louis lui demande quelles drogues parmi les nombreuses qu’il a pris lui ont laissé le meilleur souvenir : Berkeley 1978 une héroïne pure. « Hé bien imagine ça à nouveau, mais puissance mille, comme un trip jusqu’aux anneaux de Saturne et retour, c’est ce que j’ai ressenti. Il avait bu juste un peu de mon sang, ce qu’il appelait en français dans le texte « un petit coup » Retour au temps présent où on apprend de manière surprenante que le vampire fini par se faire chier à force de voir les gens mourir inlassablement autour de lui. Psychologie avec le vampire ? En effet, on n’y avait pas pensé depuis « Cat People » avec Deneuve et Bowie. C’est dans une église qu’aura lieu sa transformation, échange de sang par morsures, c’est ainsi que Louis devient immortel. Diffusée par AMC depuis début octobre, INTERVIEW WITH THE VAMPIRE, filmé forcément à New Orleans et consacré par un score digne d’une république communiste de 99% de satisfecit sur Rotten Tomatoes, apporte un souffle neuf à l’œuvre d’Ann Rice. D’ailleurs, c’est le propre fils de la romancière Christopher Rice qui est à la manœuvre du script. Et AMC est déjà tellement… mordue par la série, qu’une deuxième saison est déjà en préparation.
Diffusée sur AMC depuis le 2 octobre 2022