« How Will The Wolf Survive ? », Los Lobos les loups-marlous de LA.
Les trente bougies de « How Will The Wolf Survive ? », l’album de la révélation du Tabasco-pimenté groupe de East-LA : Los Lobos célèbre ses trois décennies.
Il faut hurler avec les loups, certes. mais encore faut-il hurler à temps. Voici trente ans j’étais séduit par cette saveur inédite qui venait pimenter le rock de la Californie. Normal depuis « La Bamba » de Ritchie Valens et malgré la présence de très ombreux Latinos en Californie, cette culture rock chaleureuse et festive semblait ne devoir jamais s’imposer. La faute au formatage implacable des FM US ou tout simplement du racisme ordinaire…I just don’t know ! Après toutes ces années, si cette culture reste toujours aussi vivace dans les barrios, pourquoi a-t’elle toujours autant de mal à s’imposer auprès des WASP et autres visages pâles. En février 1985 dans les colonnes de BEST, je posais déjà la question….« How Will The Wolf Survive ? »
Amigos, je vous ai moult et moult fois vanté les mérites du tex-mex de Joe King Carrasco et du mex-cal nouvelle vague de Los Illegals. Nous ne sommes pas seuls, East Los Angeles regorge de rock’n’taco, la preuve les Loups, Los Lobos, hurlent depuis dix ans et leur second LP publié dans l’hexagone contient plus de THC qu’une . bonne once de sinsemilla Rock chicano, les rythmes de Los Lobos sont métissés de riffs et de freeways, mais ils arrachent avec la vigueur du mescal Mex(Chicano), les Loups ne se contentent pas de l’héritage tequila-polka, ces types sont de véritables pistoleros et leurs racines chatouillent le rock des cow boys comme celui de Buddy Holly. Rock and Roll, si nous étions quelques décennies plus tôt, Los Lobos seraient sur la scène d’un saloon entre El Paso et San Diego. On les écouterait en descendant du tord boyaux brun made in baignoire et on tirerait en l’air pour faire flipper les pieds tendres. Si seulement je pouvais brûler mes nuits en des pokers incommensurables en n’écoutant que Los Lobos ! Mais je suis à Paris et il neige. C’est drôle, sur le dernier titre de la face B « Will The Wolf Survive? » David Hidalgo, le chef de meute se demande si l’animal saura survivre à l’hiver. Comme il le chante, l’instinct de conservation est plus fort que tout, les carnassiers ont la peau dure. Comme lui, nous saurons traverser le blizzard sur une ballade country chaleureuse un mirage de cow boy sur fond de prairies sauvages. Le loup sait aussi montrer les dents et les riffs graveleux. « Don’t Worry Baby» rappelle certains cousins texans comme Stevie Ray Vaughan ou ZZ Top, un blues rock aussi intemporel que les canyons déchirés de la Death Valley. On saute une place et on se retrouve de l’autre côté du Rio Grande, . ambiance cantina et senoras. « Corrida N° 1 » est bien plus tex que cal et c’est sans doute le titre le plus proche de l’esprit du premier album On boit beaucoup chez Los Lobos, la preuve ce « 1 Got Loaded» (je me suis bourré) rauque musclé par les cuivres qui me remémore un peu._ Louis Prima Flying Burritos, The Band, les Eagles du dèbut, Nashville, les Loups ont peut être mille et un visages, mais c’est pour nous agiter, pas pour l’arnaque. Produit par T Bone Burnett – comme son prédécesseur – « How Will The Wolf Survive» est aussi exaltant que la flambée du dollar. C’est le retour en force du wild west show dans le sillage du label Slash : Violent Femmes, Rank and File, etc. Amigos et gringos, osez enfourcher l’étalon du rêve américain pour galoper hors des sentiers de la 1 crise. Et surtout n’oubliez pas le « Happy End », nos Loups de East LA sont des noceurs, les aventuriers de la fiesta revisitée.
Publié dans le numéro 199 de BEST daté de février 1985