HOLLIE COOK TROPICAL POP QUEEN

par GBD · 8 mars 2023

Hollie Cook, chanteuse et claviériste British publie son quatrième album, « Happy Hour ». Elle est née dans une famille de musiciens issus de formations qui ont marqué l’histoire de la pop et du rock anglais au début des 80’s. Son père, Paul Cook, était le batteur des Sex Pistols et sa mère, Jeni Cook, était choriste de Culture Club. Boy George, le célèbre chanteur de Culture Club, est d’ailleurs son parrain. Et de surcroit elle faisait partie des Slits. Portrait d’une surprenante popeuse tropicaliste.

Hollie Cook by Indira Cesarine

Par Olivier FREBAULT

A l’âge de 19 ans, en 2006, Hollie Cook intègre le groupe punk féminin le plus légendaire, The Slits, en tant que que choriste. Fondé en 1976, ce groupe punk, également influencé par le reggae, se sépare en 1981 avant de se reformer en 2006. Hollie Cook quitte le groupe en 2010 après le décès de la chanteuse Ari Up. Malgré ses origines familiales et son début de carrière, Hollie Cook choisit un style de musique très éloigné du punk pour ses albums solo. Elle qualifie elle-même ce son de Tropical Pop. Elle s’inspire principalement d’un style de reggae né en Angleterre en 1975 : le lover’s rock. Ce style se caractérise par un son et des paroles romantiques. Il met alors en avant de jeunes chanteuses comme Carol Thompson, considérée comme la reine de du lover’s rock ou Caron Wheeler, qui deviendra la chanteuse de Soul 2 Soul. Le lover’s rock, diffusé par les sound systèm de South London, mélange les sons de la soul de Philadelphie et de Chicago avec les lignes de basse du reggae. « Lovers Rock » est également le titre du cinquième album de Sade, sorti en 2000. La chanteuse écoutait ce style de musique durant sa jeunesse et elle lui rend hommage sur cet album avec quelques titres reggae soul. Aujourd’hui les « lovers », hommes ou femmes, sont peu nombreux dans le reggae. On se souvient du regrétté chanteur séducteur Gregory Issacs et de sa voix exceptionnelle. Les lovers préfèrent se diriger vers le r’n’b ou le dancehall, pour un coté plus hot. Les lyrics de reggae concernent la religion rasta, la spiritualité et surtout, l’engagement politique, écologique et social. On parle souvent de « conscious lyrics ». Les femmes ne sont pas très nombreuses dans le monde du reggae dominé par les hommes et, en tant qu’artistes, elles peuvent rarement exprimer leur sensualité. Elles sont souvent reléguées au rang de « sista », sous la protection des « grands frères ». Hollie Cook fait partie des rares chanteuses de reggae qui ont une voix et une façon de chanter qu’on pourrait qualifier de sexy.

En 2011, Hollie Cook sort son premier disque sur le label Mr Bongo. L’album simplement intitulé « Hollie Cook », est produit par Prince Fatty. Les meilleurs musiciens, dont Dennis Bovell, bassiste et producteur historique de lover’s rock dans les années 70, également connu pour son travail avec Linton Kwesi Johson, participent à cet album au son plutôt reggae roots avec orgue Hammond et section de cuivres. « That Very Night » et « Body Beat » sont les singles extraits de l’album. Une version dub remixée par Prince Fatty sort en 2012. Il s’agit de versions principalement instrumentales avec quelques extraits des vocaux de Hollie Cook. En 2014, l’album « Twice », permet à Hollie Cook d’affiner son son et de passer à un niveau supérieur. Twice, toujours produit par Prince Fatty, est enregistré avec de nombreux musiciens et un orchestre symphonique macédonien. Le résultat est exceptionnel : mélodies imparables et superbes arrangements de cordes. L’album contient plusieurs chansons très accrocheuses comme « Desdemona » ou « Superfast ». Son troisième CD « Vessel Of Love », porté par le single « Stay Alive », sort en 2018 chez Merge Records. Pour la production, elle fait appel à Youth, membre de Killing Joke et du duo The Fireman avec Paul Mc Cartney et producteur de nombreux artistes comme U2, The Verve ou The Orb. Le bassiste et producteur Youth, de son vrain nom Martin Glover, rajoute des éléments électroniques au son très organique de Hollie Cook. Youth remplace le producteur et compositeur Prince Fatty qui participe tout de même à l’album en tant que percussionniste.

Enfin, Hollie Cook est de retour avec son petit dernier « Happy Hour ». Rien de révolutionnaire avec cet excellent album. La chanteuse continue de développer ce son lover’s rock avec des influences dub, pop, soul et tropicales, et toujours des compostions et des orchestrations de grande qualité. Parmi les temps forts de l’album : « Moving On », « Kush Kween », en duo avec la chanteuse jamaïcaine Jah9, les magnifiques « Gold Girl » et « Love In The Dark ». Ceux qui apprécient déjà Hollie Cook seront certains de passer une « happy hour ».