HAILEY TUCK « Coquette »
À un peu moins de 30 ans, Hailey Tuck chante comme si elle en avait 50 de plus au compteur. Avec sa voix acidulée qui rappelle celle de Billie Holiday, portée par un folk-jazz intemporel, la chanteuse d’Austin tellement francophile qu’elle s’est volontairement exilée en Europe nous offre avec le bien nommé « Coquette », en français dans le texte, un EP de six titres d’une intégrale coolitude comme juste un peu de douceur prodiguée dans ce monde de brutes.
En l’écoutant, on songe un peu à Suzanne Vega. Mais pas seulement. Déjà, étrangement la pochette de son « Coquette » évoque de la manière la plus troublante celle de « It’s Better To Travel » de Swing Out Sister, la formation de Corinne Brewery qui cartonne au printemps 1987 avec « Breakout ». Et surtout le climat de « Coquette » me rappelle à la fois the Style Council, la formation « blue eyed soul » de l’ex-Jam Paul Weller, dans sa version béret- baguette « The Paris Match » et également l’ultra-francophile Bill Pritchard. Cependant, Hailey Tuck a bien d’autres cordes à son arc qu’une simple romance avec la France. Son jazz insouciant et tendre puise toutes ses racines dans le folk et la country de son Texas natal. Dès le premier titre « A Bit Of You », aux lointains échos de « Strange Fruit » de Billie Holiday, elle nous amène en voyage dans une zenitude à des années-lumière de la tendance actuelle. De même la délicate « Seabird » tant empreinte de liberté déploie ses ailes country-cool pour s’envoler si haut dans le bleu du ciel. Suit la surprenante reprise de « Juste quelqu’un de bien » de Korin, l’ex-Lilli Drop devenue Enzo Enzo élégante composition rétro nostalgique dont la mélodie rappelle étrangement le magique « A bicyclette » d’Yves Montand.
Mais c’est avec « Where Do You Go To » séduisante la chanson claque comme un french kiss qui déborde de références hexagonales où Sacha Distel rime avec boulevard Saint-Michel que la chanteuse achève de nous séduire. « Every Other Night » country jazz légère et climatique aurait eu tout à fait sa place dans un épisode de TWIN PEAKS (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=TWIN+PEAKS ) tandis que la très dépouillée « Talking Like You » clôt ce joli projet avec ses réminiscences entre Judy Garland et Melanie. Seul souci de ce « Coquette »…avec ses six titres, il passe bien trop vite. Vivement un nouvel album, que Tuck achève de nous séduire de ses nostalgiques coquetteries.