HABIB FAYE DISPARITION D’UN BASSISTE SÉNÉGALAIS INÉGALÉ
Il n’avait que 52 ans et il nous a quittés hier, Habib Faye s’est éteint dans un hôpital parisien, terrassé par une terrible infection pulmonaire. Bassiste surdoué et maitre d’œuvre de la musique de Youssou N’Dour depuis des décénnies, toute la world-music pleure un de ses héros. De Youssou à Jean-Philippe Rykiel, en passant par Wasis Diop, Omar Pene ou Ismaël Lo, les témoignages émus affluent pour saluer sa mémoire et accompagner ses proches…au revoir Habib Faye !
Sa basse était un cœur qui pulse, puissante et régulière, une véritable locomotive capable d’entrainer les autres musiciens. Le décès du musicien sénégalais Habib Faye a hélas été prononcé hier dans un hôpital parisien. Parmi les premiers à avoir partagé sa peine de voir ainsi partir non seulement un collègue, mais surtout un ami, Jean Philippe Rykiel , en état de choc, a juste publié ces quelques mots sur son compte Facebook :
« Hommage à un des plus grands musiciens que j’ai connu. C’est si soudain que je ne réalise pas encore. Repose en paix #HabibFaye. »
De même, son collègue Mamadou Seck souligne lui aussi sur Facebook :
« Il fut le premier bassiste sénégalais à adopter la technique du slap et du tapping à travers le MBalax. Il savait jouer à la perfection quel que soit le genre musical. Ses qualités principales sont la connaissance et la maîtrise de plusieurs styles musicaux, le savoir-faire, le talent, mais surtout la discipline. Il est le personnage principal et essentiel autour duquel la musique de Youssou NDour a été organisée, façonnée et arrangée. »
« Nous entretenions des liens extraordinaires », témoigne avec respect Ismaël Lo. « Habib était quelqu’un de généreux, de courtois et de très respectueux. Il était d’une générosité débordante. Il aimait raconter des blagues et mettre l’ambiance un peu partout. Il nous a tous surpris ce matin. J’en ai même perdu ma voix. Je présente mes condoléances au Sénégal, à l’Afrique et à toutes les personnes qui l’ont aimé sans le voir ou le savoir. ».
Enfin, Wasis Diop partage lui aussi son émotion à la nouvelle du décès d’Habib Faye : « Cette disparition confirme tout ce qui a été dit sur les génies : malheureusement, un génie n’en a jamais pour longtemps (…) Il aurait pu faire taire tous les bassistes américains, tant il était puissant. (…) Nous perdons le plus grand instrumentiste du Sénégal et au-delà. C’est une énorme perte, tant artistique qu’humaine. Il était souriant et très beau. »
Né et élevé à Dakar dans une famille de musiciens aux côtés de ses frères Adama Faye, Vieux Mac Faye et Lamine Faye, Habib Faye commence dès l’enfance à s’exercer à la guitare, qui sera son tout premier instrument. Ses frangins seront ses professeurs. Et ceux-ci comptent parmi les meilleurs instrumentistes africains en solo ou avec leur formation, le Super Diamono. Mais c’est avec un autre groupe légendaire que notre bass-hero prendra vraiment son envol, le Super Etoile et son leader charismatique, un certain Youssou N’Dour. Dès le milieu des années 80, il rejoint le band de Youssou et ne tarde guère à s’y imposer comme directeur musical, assurant le son à la fois sur scène, mais aussi en studio, réalisant la prod de très nombreux albums de l’ex-Ministre de la Culture (et du Tourisme) du Sénégal. Mais pas seulement, amoureux de la musique au sens le plus large et le plus noble, Habib Faye aura également partagé son art avec de nombreux artistes de la scène de Dakar et du monde, à l’instar d’Angélique Kidjo qu’il accompagne sur son album « Djin Djin » en 2007. Ou encore avec le fameux batteur Mokhtar Samba et tant et tant d’autres. Habib était encore sur la scène de Bercy en novembre dernier, avec Youssou N’Dour, mais en quelques mois sa santé s’est dégradée, la terrible maladie n’a sans doute pas été diagnostiquée assez tot. À l’annonce de la disparition de son ami, Youssou N’Dour n’a pas pu s’empêcher de laisser couler ses larmes et, annulant ipso facto le concert qu’il devait donner à Kigali, il est rentré au pays, où le corps du bassiste star devait être rapatrié ce jour pour être enterré à Dakar.