GANG STARR “One Of the Best Yet”
Cela faisait VINGT ans qu’on attendait sans y croire ce « moment of truth ». NEUF années après la mort de son MC, tel le phénix qui renait de ses cendres Gang Starr publie cet hallucinant album porté non seulement par la voix de Guru d’outre-tombe, mais par un solide bataillon de guests dont J Cole, Q-Tip, Talib Kweli ou Ne-Yo et en un mot comme en quatre… « One Of the Best » porte admirablement son titre !
Il parait que durant tout l’enregistrement de ce 7éme CD de Gang Starr, le survivant DJ Premier a posé sur sa console une urne contenant les cendres de Guru confiée par sa famille. Présent par l’esprit, le MC de Boston, terrassé en 2010 par une crise cardiaque, l’est aussi vocalement parmi les 16 pistes de “One Of the Best Yet”. Car non seulement ce nouveau Gang Starr joue et gagne sur la corde sensible émotionnelle, mais c’est surtout un incroyable festival de good grooves d’une puissance rarement égalée. Son à la perfection, séquences mijotées avec tout l’amour du beat par le surdoué DJ Premier, ce dernier, sans doute sous la pression de l’ombre amicale perchée au-dessus de lui, s’est très largement dépassé. Quel trip ! En seulement 37 minutes aussi funkys qu’electrochoquées, Gang Starr porté par la toute-puissance de son rap à l’ancienne sait sans doute mieux nous toucher que tant de nos contemporains. Surtout avec des performances inédites de Guru qui servent de base à cet étonnant album. Dés le premier titre, en forme de vrai faux live, « The Sure Shot » c’est comme un kaléidoscope sonore en forme de « Best of » où retentissent enchainés les sons les plus emblématiques de Gang Starr comme « Militia », « Step Into the Arena » ou « Moment of Truth ». Comme un direct au plexus solaire « Lights Out » et son featuring de M.O.P nous rappellent combien les rythmes de Gang Starr savaient si bien nous électriser. Puis survient « Bad Name », où la voix de Guru véhiculée par les vibes nous laisse tout simplement tétanisés. Longtemps A Tribe Called Quest aura joué les jumeaux du binôme DJ Premier/ Guru, avec « Hit Man » ces deux formations majeures rapologiques se retrouvent enfin unies, Q-Tip répondant du tac au tac au MC décédé sur ce titre dramatique.
Cool, « What’s Real » avec Royce da 5’ 9’’ et Group Home, les protégés de Gang Starr, n’en reste pas moins débordant de feeling et d’énergie dans sa douce nonchalance scratchée pour rêver. Il avait disparu depuis longtemps de nos écrans radars, pourtant le revoilà, vaillant comme avant : Jeru the Damaja s’arrache littéralement à l’attraction terrestre avec « From A Distance » sur sa boucle entêtante made in DJ Premier, rythmée par les « Gang Starr » scandés par le regretté Guru. C’est en publiant ce titre aussi cool que mélancolique, qui porte si bien son nom, « Family and Loyalty », porté par une belle performance de J.Cole, que la formation de Boston avait annoncé, début octobre, son grand retour après tant d’années d’absence. C’est sûr, le style Gang Starr est d’une rare sophistication et ce rap juste irrésistible le prouve à nouveau de la manière la plus cinglante. « So Many Rappers » sont arrivés et ont disparu… sur ce titre, les rimes de Guru surfent cette vague sonique si utopique qui transcende la vie et la mort, et l’on ne peut empêcher son cœur de palpiter juste un peu plus vite. Percutante, comme une arme de poing « Take Flight (Militia Pt 4) est bien entendu un clin d’œil historique à leur hit de « Moment of Truth » sorti voici déjà 20 ans, tandis que l’hypnotique « Bless the Mic » qui clot cet album inespéré évoque leur imparable « Discipline ». En conclusion, on peut dire sans crainte que ce Gang Starr se révèle tellement qualitatif que tout ce qui lui manque c’est juste Ringo… Starr, convié en guest starr…du gang 😛