DAVID BOWIE « Young Americans 50th Anniversary »
Tiens… encore une Xième réédition de Bowie. Et elle concerne un LP crucial « Young Americans » millésimé 1975 lorsque notre Thin White Duke a embrassé une certaine funkitude chaloupée n’hésitant pas à braver frontalement les Parangons de la rock attitude. Cette fois il s’agit d’un picture-disc remasterisé demi-vitesse gravé par John Webber aux AIR studios. Dommage qu’ils n’aient pas joint le mythique « The Gouster » et réunit le tout en double LP, car on aurait ainsi pu décerner deux images au très sage JCM.
C’était il y a neuf ans, cette année 2016 lorsqu’on exhumait un pur joyau dans sa gangue. Baptisé « The Gouster » ( Voir sur Gonzomusic J’AI DÉGUSTÉ « THE GOUSTER » DE BOWIE ) , c’était un 33 tours fantôme de David Bowie ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=David+Bowie ) qui aurait dû sortir entre son « Diamond Dogs » et « Young Americans » où l’on retrouve certains titres justement publiés ensuite sur « Young Americans » que le label RCA avait alors refusé de publier pour de vulgaires raisons pécuniaires. Pour revenir à ce « Jeunes américains », ce disque est aussi celui qui constituait la BO de mon Bac, mais tout le monde s’en fiche.
Par Jean-Christophe Mary
Avec l’album « Young Americans », David Bowie aura révolutionné le paysage musical des 70’s. Sorti en 1975, cet album marque un tournant dans la carrière du chanteur, l’éloignant de ses racines glam rock et de son personnage de Ziggy Stardust qui l’auront rendu célèbre au cours des deux années précédentes. Inspiré par la soul et le funk américain, « Young Americans » sera son premier album entièrement réalisé aux États-Unis avec la crème de musiciens de l’époque, parmi lesquels le guitariste portoricain Carlos Alomar (qui continuera à travailler avec Bowie tout au long des années 1970), Willie Weeks ( basse), Mike Garson (piano), David Sanborn (saxophone), Andy Newmark (batterie), Larry Washington (congas) Pablo Rosario (percussions) ainsi qu’un jeune chanteur choriste alors totalement inconnu, Luther Vandross. Dès le morceau d’ouverture qui donne son titre à l’album, »Young Americans, dont les paroles donne à s’interroger sur l’identité et l’ambition, sonne comme une déclaration percutante. L’énergie est ici partout, portée par une pulse rythmique entraînante. Bowie explore les thèmes de désillusion et d’identité dans une Amérique en plein guerre du Vietnam, y intégrant des éléments de la culture afro-américaine. Chargée d’émotion, la voix limite prêche de gospel, fait vibrer chaque note de ce titre soul-funk, soutenu par une section de cuivres éclatante. Sur « Win » le chanteur explore les thèmes de la perte et de l’absence à travers un lyrisme d’une élégance poignante. Les harmonies vocales, mêlant douceur et mélancolie, créent une atmosphère introspective qui contraste avec l’énergie de l’album. La rythmique syncopée, presque hypnotique, nous maintient en haleine de bout en bout.
Avec ces guitares syncopées, cette basse sensuelle et rebondissante, « Fascination » explore les thème de la séduction, de l’amour et de ses désillusions. Les arrangements vocaux et musicaux accentuent le coté suave et rêveur du titre, arrangements qui n’auront pas manquer d’inspirer à coup sûr un certain Bryan Ferry. Si le chaloupé et feutré « Right » monte progressivement en énergie et invite à la danse, le ton de la voix lui change, devient plus mordant, plus rageur. Ballade rock-soul poignante, « Somebody Up There Likes Me » dévoile un David Bowie à la voix fragile et puissante. Epaulé par John Lennon (guitare, chœurs), le « Across the Universe » des Beatles offre une nouvelle vision de ce classique intemporel. La voix douce et contemplative, accompagnée d’un arrangement délicat, transforme la chanson en une méditation sur la paix et la transcendance, tout en conservant l’esprit original. Sur « Can You Hear Me » ballade douce et mélancolique, la voix de David Bowie oscille entre vulnérabilité et intensité renforcée par des chœurs de gospel qui ajoutent au titre une touche de profondeur émotionnelle. L’ensemble crée une ambiance à la fois intime et élégante typique de sa période Plastic Soul. Le tubesque « Fame » qui ferme l’album est un funk aussi sec que percutant, né la encore de sa collaboration avec John Lennon et Carlos Alomar. La chanson repose sur un riff de guitare syncopé et répétitif, accompagné d’une basse groovy et d’une batterie minimaliste qui donnent une pulse hypnotique. La voix de Bowie est saccadée, presque moqueuse, alternant entre murmures et éclats aigus, renforçant le ton cynique des paroles sur la célébrité. Le morceau joue aussi sur des effets de studio, avec des ralentissements et des échos qui accentuent son atmosphère trouble et déstructurée. « Fame » sera son premier single à se classer en tête des ventes aux États-Unis. Un virage artistique, commercial et critique qui permettra à l’artiste de percer sur le sol américain. Un titre qui ouvre la voie où s’engouffreront d’autres artistes dans les années suivantes, à l’époque du disco. Chacun des titres offre une fenêtre sur le monde intérieur du chanteur et sur la société de l’époque, marquant ainsi une étape cruciale dans sa carrière. La richesse des arrangements et la profondeur des paroles font de cet album une pièce maîtresse intemporelle. Porté par des mélodies envoûtantes et des paroles incisives, Bowie aura capturé l’essence d’une époque tout en s’affirmant comme l’un des artistes les plus novateurs de son temps. Un demi siècle après, « Young Américans » reste une ode à la jeunesse, à la recherche de soi, et surtout, un album d’une grande richesse musicale qui continue d’inspirer les nouvelles générations. A écouter et réécouter sans modération !