MICHAEL JACKSON « Thriller »

Michael JacksonVoici 42 ans dans BEST GBD attaquait seul et par la face nord l’ascension d’un Himalaya discographique, avec cet iconique second LP de la fructueuse collaboration entre Michael Jackson et Quincy Jones après « Off the Wall ». Car si ce dernier avait déjà explosé tous les records aux US, pour l’écrasante majorité des rock-critics hexagonaux, le benjamin des Jackson 5 pratiquait une after-disco vouée à toutes les gémonies. Et ce « Thriller », porté par son blitzkrieg de hits, son groove monumental  au son cristallin et la guitare hard-rock d’Eddie Van Halen allait prouver de manière cinglante combien ils avaient tort et combien lui pouvait avoir raison de défendre un tel OVNI sonic, un LP qui allait couronner à jamais un King of Pop. Flashback…

Michael JacksonIl faut replacer les choses dans leur contexte historique. Car si « Thriller » sort bien aux USA le 30 novembre 1982, il lui faudra déjà quelques semaines pour traverser l’Atlantique, d’où cette chronique publiée dans le numéro de mars de BEST qui sortait le 20 fèvrier et qu’on bouclait mi-janvier pour les besoins de fabrication du mag. Et il faudra aussi attendre la fin de l’année 1983 pour voir Michel Drucker créer l’évènement avec la première diffusion du spectaculaire clip de la chanson « Thriller », dans un format cinématographique inédit à la télé de 14 minutes, dirigé par le réalisateur des « Blues Brothers » John Landis, marquant à jamais l’inconscient populaire un peu à la manière des premiers pas de l’homme sur la Lune. Pourtant à sa sortie « Thriller » n’est pas vraiment encensé par la critique rock française. Je ne me souviens pas de celle de Rock & Folk, mais je doute fort qu’elle fut élogieuse à l’époque. Pourtant ce 33 tours avec sa collection de tubes « Thriller » bien entendu mais aussi « Beat It », « Billy Jean », « The Girl Is Mine » allait à jamais consacrer le natif surdoué de Gary, Indiana sur son trône de Roi de la Pop. Quant à moi, franchement si je n’ai jamais douté de la team Jackson-Jones, j’étais loin, très loin d’imaginer que cet album serait celui de toute une génération dont l’immense clameur se répercuterait en écho jusqu’à nos jours. Près d’un demi-siècle après sa sortie cette hallucinante superproduction n’a rien perdu de son incroyable vitalité. Et « Thriller » n’a décidément pas fini de nous donner des frissons.

 

 

Michael JacksonPublié dans le numéro 176 de BEST

 

 

Jackson 5, Jackson 4, Jackson 3. Jackson 2, Jackson 1… Matérialisation ! Michael, le petit frérot, n’a pas fini de noms surprendre. Déjà, « Off the Wall », son dernier en solitaire, traçait les grandes lignes d’un funk sur-regénéré en diable. Cette fois, Michael a choisi de nous estomaquer par une superproduction, un mur du son qu’il nous fait traverser, tandis qu’un à un tous nos cheveux se dressent sur ta tête : « Thriller » fonce jusqu’aux sommets, comme une super série américaine. Il faut avouer qu’on a mis le paquet pour obtenir un tel résultat : de la réalisation signée Quincy Jones, au système d’enregistrement Westlake à 799 pistes et plus, en tout cas le plus sophistiqué du moment, en passant par les musiciens et autres guests aux noms d’enseignes de néons qui clignotent comme sur Hollywood Boulevard. Voyons les têtes d’affiches, et surtout ce duo avec Paulo McCartney « The Girl Is Mine », une romance adolescente où nos deux super-héros se disputent la mème nana, avec une pointe de phallocratie. En ce qui me concerne, je préfère de loin celui avec Stevie, le « Ebony and Ivory » de « Thug of War ». La fille est peut-être à moi, mais bouffe en tout cas une masse d’énergie abracadabrante. Heureusement, « Thriller » compte quelques titres bien plus remuants, comme ce « Wanna Be Startin’ Somethin’ », qui rappelle le hit précédent, « Don’t Stop Till You Get Enough », mais avec un emprunt certain à Manu Dibango.

Michael JacksonPlus surprenant, « Beat It », est un rock and funk à la Prince, où Eddie Van Halen soi-même pousse son solo, entraine Michael Jackson sur les sentiers nouveaux de l’éclectisme rock. Et le charme ? Le charme, il continue d’agir. « Human Nature », une composition de Steve Porcaro, permet à Michael d’exhiber tout son feeling. Un regard, un sourire, lorsque tu t’éveilles, elle est à tes côtés le rêve s’est enfin cristallisé. Avec « Thriller », Michael Jackson a mis tous les atouts de son côté : son album est caréné comme un skipper fait pour gagner. Plus intéressant. « Thriller » et son mélange de sensibilités diverses réalise une osmose entre le rock, le funk et la soul, et les musiciens de Toto, Paulo Macca, Louis « Brother » Johnson, Greg Philinganes et tous les autres partagent ce même espace, dans le même but et c’est peut-être le plus important. Au-dessus des étiquettes, Michael Jackson a choisi d’imposer le fun pour gagner.

 

Publié dans le numéro 176 de BEST daté de mars 1983BEST 176

 

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