COLZA

par GBD · 19 juin 2025

C’est le premier roman d’un chanteur de rock, cependant ne vous attendez pas à la lecture de son « Colza » que Guillaume Ledoux vous livre les secrets d’alcôve backstage et autres aventures sex, drugs & rock and roll vécus avec son groupe Blankass. Que nenni, son héros pour échapper à l’ennui de sa ville de province endormie, comme à l’assommoir au café du coin d’un job de manutentionnaire en cul de sac, se meut en écrivain pour les beaux yeux de la belle Olivia, qu’il va tenir en haleine et finalement conquérir de ses histoires courtes… avant de la perdre pour mieux se retrouver lui-même sans doute…

Certes, je n’étais pas le plus grand fan de son premier groupe de collégiens entre 12 et 14 ans, Zéro de conduite, que je trouvais un peu gadget, qui émerge d’Issoudun dans l’Indre sur la scène du Printemps de Bourges, au tournant des 80’s, cependant le batteur Guillaume Ledoux, avec son frère Johan, bien des années après ce baptême du feu rock va rebondir en fondant leurs nouvelle formation baptisée Blankass qui publie 7 albums en 1996 et 2023. Mais c’est une toute nouvelle casquette que le désormais chanteur du groupe va coiffer, avec ce premier roman où le héros de « Colza » lui ressemble à s’y méprendre. Saut que son « piège à fille, son joujou extra », comme le chantait si bien jadis Jacques Dutronc, n’est pas la musique mais la littérature ou plus exactement l’écriture de nouvelles. En effet, pour séduire la belle Olivia, point de guitare électrique et de scène au pied de laquelle les filles hurlent, il va se muer en écrivain et parvenir à l’alpaguer pour en faire sa muse. Une muse qui va l’épauler, le motiver et tenter de le conduire par la main jusqu’au Graal qui consiste à se voir enfin éditer, même si que tout semble les opposer. Elle bourge, lui prolo. Elle intello et brillante étudiante en histoire de l’art, lui manœuvre dans l’usine de chaussures locale. Cependant, dans cette petite ville de province endormie, littéralement cernée par le bleu du ciel et le jaune des champs de colza qui s’étendent à perte de vue, l’amour peut faire des miracles. Ou pas. Avec « Colza » Guillaurme Ledoux fait le pari réussi de la mise en abime de ses nouvelles intercalées dans le roman, dans un style aventureux un peu à la Bob Morane et qui viennent casser le rythme de la love story avec Olivia. Pourtant tout au long du livre, on espère un petit clin d’œil musical, on guette un disque, une play-list ou une référence à une chanson, on reste sur notre faim. Et si à un moment on y fait référence à un festival de musique, aucun nom de groupe ou d’artiste participant ne sera lâché. C’est comme si Guillaume Ledoux avait décidé de cloisonner ses deux carrières et c’est un peu dommage. Mais cela ne m’a pas empêché d’apprécier le livre, d’autant que j »ai aussi vécu cette histoire lorsque j’étais ado et que j’écrivais mes nouvelles que je lisais à une certaine Lisa, jeune et séduisante new yorkaise débarquée pour vivre à Paris avec sa mère et séduite par mon charme d’écrivain à qui je faisais partager le flot de mes histoires. Certes, grâce à la motivation de Lisa, je suis parvenu à me faire éditer mon recueil de nouvelles – écrit avec mon ai-mi Laurent Stopnicki- intitulé « Abjection Votre Honneur » à l’Atelier du Gué l’année de mes 19 ans, Et qui sera suivi d’une biographie de Robert Redford aux Éditions Solar… sauf que les deux livres publiés avaient dû chacun me rapporter 500 F soit moins de 100€ et que par conséquent j’ai vite renoncé à devenir écrivain pour entamer la carrière de journaliste réalisateur au pays du rock que vous connaissez. Donc, tout ce que je peux souhaiter à Guillaume Ledoux c’est réussir à vivre de son art un peu mieux que moi et avec ce « Colza » on va dire qu’il est bien parti.