AMINA « Yalil »
Voici 31 ans dans BEST, GBD se laissait irradier au soleil de l’intense et séduisante fusion du tout premier album d’Amina, une world-music futuriste dessinée pour elle par Martin Meissonnier, inventif producer de (entre autres) King Sunny Adé. Un an avant qu’elle ne défende les couleurs de la France à l’Eurovision, Amina bouleverse déjà de son irrésistible charme oriental notre paysage musical. Trois décennies plus tard, le son de ce « Yalil » parait totalement prophétique.
À sa sortie début 90, ce « Yalil » fût tout de même, magie de la multinationale, pressé et distribué dans 22 pays, y compris aux USA. C’est dire combien Universal pariait sur la jeune chanteuse franco-tunisienne. Et on les comprend car dès le premier titre « Le dernier qui a parlé » on est sous le charme. Chaque titre est un trip exotique. Rien ne ressemble alors à Amina, si ce n’est peut-être l’Israélienne d’origine yéménite Ofra Haza popularisée par le « Paid In Full » d’Eric B and Rakim. Ce mix de séquences électroniques, d’orientalisme délicat et de chansons se révèle juste addictif. Plus de trente ans après sa publication, « Yalil » n’a rien perdu de son intense fascination, telle une version moderne style des « 1000 et une nuits » de Shéhérazade. Un peu moins d’un an après la publication de ce premier CD, Amina représentait la France à l’Eurovision avec son puissant single « Le dernier qui a parlé ». Flashback…
Publié dans le numéro 259 de BEST
Yeux incendiaires de gazelle pour raviver la flamme des passions les plus épicées, Amina radieuse chanteuse tunisienne nous entraine vers les visions futuristes d’un Orient transfiguré par le courant rugissant du XXI* siècle. En fait, j’attendais quelqu’un tout comme Amina, une Oum Kalsoum électrisée par la fusion de ce monde global où la communication a su électro-choquer les cultures les plus diverses. Vétéran de toutes les pulsions africaines de Fela au King Sunny Ade, tambour major de la légendaire sono mondiale, Martin Meissonnier a dompté la production de ce « Yalil» comme le colonel Lawrence son premier méhari. Et les séquences synthétiques ont la fraicheur des cascades d’une oasis, les percus fleurissent au milieu des guitares électriques et les instruments traditionnels venus du fond des âges jouent la rencontre du troisième type avec la technologie du microchip. Mille et une nuits pour une odyssée de l’espace, Amina nous titille de sa « Belly Dance ». Et le français, l’anglais et l’arabe se mélangent dans le meilleur des mondes possibles. Petit animal sensuel pour exotisme vital et oxygène, Amina incarne sans foulard ni tchador une vision de l’islam aux antipodes de l’intégrisme. Khomeiny l’aurait sans doute fait lapider pour cela, mais pour les infidèles que nous sommes Amina n’a pas fini de nous faire triper à mach 4 ou 5 sur les tapis volants qu’elle dessine dans nos têtes.
Publié dans le numéro 259 de BEST daté de février 1990