MANU DIBANGO : « Merci ! Thank You ! Vol.1 »
Plus de 60 années de carrière revisitées en 1 coffret de 5 albums regroupant 81 compositions et en plus ce titre en forme de remerciement, Manu Dibango sans doute notre sax-symbole le plus essentiel de l’Hexagone se fait enfin « coffret » et c’est pour notre plus grand plaisir…sauf que c’est nous qui devrions remercier Manu d’être tout ce qu’il est : musicien et Africain, francophone et si fun, chaleureux et si talentueux, chanteur et auteur-compositeur hors-pair…à l’instar de l’équipe nationale de son pays d’origine le Cameroun, Manu est incontestablement un « Lion Indomptable » et si l’on pouvait encore en douter, ce « Merci ! Thank You ! Vol.1 » est un monument émotionnel à la gloire de nôtre Manu si malin !
Il a survécu à toutes les modes, tous les courants, toutes les tendances depuis ses débuts au milieu des années 50. Son rire légendaire aussi chantant que celui d’Henri Salvador, aussi puissant que celui d’Omar Sy, aussi fameux que celui de Barry White, ce rire résonne à jamais dans nos oreilles comme la signature sonore d’une des plus grandes étoiles jamais portée par le continent Africain. Une des plus attachantes aussi. Et aussi surtout, il y a ce saxo emblématique qui est comme une seconde voix : « : Mon modèle de ce coté là a toujours été Armstrong, car il il donnait de l’humanité à la musique, car moi j’aime que la musique reste humaine pas uniquement instrumentale…ni uniquement chantée. Humaine c’est l’équilibre, c’est cette projection que tu peux avoir de par ta propre voix, mais que tu peux avoir aussi par une voix que l’homme a créée, une prolongation finalement qui devient ta deuxième voix . » m’avait déjà confié Manu Dibango au tournant de l’an 2000. On se souvient tous que lycéen en France, il avait découvert l’instrument en empruntant le saxo d’un copain en colonie de vacances et qu’après ce magistral coup de foudre l’homme et l’instrument ne s’étaient jamais quittés. Bien entendu au fil des ans on sait que Manu avait su subjuguer Nino Ferrer en l’accompagnant à la fin des années 60, au point que ce dernier avait composé son célèbre « Je voudrais être noir » en hommage à ce saxo au rire si chantant qui était devenu son chef d’orchestre.
Alors merci qui ?
Et puis il y a ce monument de la culture universelle, ce « Soul Makossa » publié en 72 toujours copié que cela soit par Michael Jackson sur son « Thriller », Rihanna ou une myriade de formations électro…mais jamais égalé ! Cependant, on ne peut réduire le rôle crucial de héros de la world music que tient Manu Dibango à ces quelques hits et ce coffret « Merci ! Thank You ! Vol.1 » vient fort à propos pour nous le rappeler. Cinq CD pour cinq thématiques « Les années 60 », « Bandes originales de films », « Gospel et piano solo », « Rasta souvenirs » et enfin « Les années 70-80 ». Et on réalise alors combien Manu sait se montrer éclectique tout autant à l’aise dans le genre twist 60’s, la soul profonde, le rock, le gospel et plus surprenant le reggae avec une version rasta du légendaire « Soul Makossa ». Intensément chargé en émotion, Manu rend également hommage à nôtre cher et adoré collègue, Rémi Kolpa Kopoul, qui nous a quittés voici déjà presque un an à seulement 66 ans, avec cette « Spéciale dédicace » tropicale intitulée « Descarga Around Sango RKK (Rémi Kolpa Kopul) ». Ce sont des heures et des heures de soleil dans les têtes que Manu Dibango irradie dans ce coffret forcément un peu magique du sax-sorcier de Douala. Ce qui est rassurant, c’est que cette anthologie de pure blackitude agitée s’arrête aux années 80, ce qui signifie que forcément Manu le malin a gardé par-devers lui pas mal de munitions pour un futur « Merci ! Thank You ! Vol.2 ». Alors merci qui ?