CHICAGO AU CASINO DE PARIS

ChicagoNon, il ne s’agit ni d’un concert du Chicago Transit Authority… ni de l’interprétation du hit rebelle anti establishment -qui aurait tout son sens en ce moment- « Chicago » de Graham Nash… ni même d’un improbable retour d’Al Capone. C’est bien de la monumentale comédie musicale américaine, « Chicago » qui renaît sur la scène du Casino de Paris dans une somptueuse production francophone. Entre satire sociale, glamour noir et virtuosité musicale, ce chef-d’œuvre signé Bob Fosse, John Kander et Fred Ebb s’impose comme l’un des grands événements scéniques de la saison, portée par une troupe de haut vol, compte rendu d’un spectacle incandescent où le crime danse au rythme du jazz et pour une fois il paye !

ChicagoPar Jean-Christophe Mary 

 

« Mesdames, messieurs, bienvenus, vous allez assister à une histoire de meurtre, de cupidité, de corruption, de violence, de manipulation, d’adultère et de trahison, toutes ces choses qui sont si chères à notre cœur… »

La promesse est tenue. Dès les premières notes, Chicago enveloppe le Casino de Paris d’un parfum de soufre et d’élégance. Créée en 1975, fruit d’une collaboration devenue mythique entre le chorégraphe et metteur en scène Bob Fosse, le parolier Fred Ebb et le compositeur John Kander, la comédie musicale s’inspire d’un fait divers réel des années 1920 et d’une pièce de Maurine Dallas Watkins. Derrière les strass du music-hall, elle dissèque avec une ironie mordante la fascination pour la célébrité, la manipulation médiatique et la justice transformée en spectacle. Près de cinquante ans plus tard, Chicago n’a rien perdu de son mordant.

ChicagoCette nouvelle production parisienne reprend la version épurée née du revival de Broadway en 1996 : décors sobre, orchestre à vue des spectateurs, costumes noirs, chorégraphies millimétrées. Un choix esthétique radical, fidèle à l’esprit de Fosse, où chaque geste raconte l’histoire, chaque silence chargé de sens. Un savoureux mélange de crime, de glamour, de cynisme et de noirceur brillante sur fond de jazz, le tout porté par une précision scénique admirable,..En l’absence de Shy’m pour raisons de santé, Lisa Lanteri s’impose en Velma Kelly triomphante. Féline, incisive, d’une autorité magnétique, elle livre une interprétation sensuelle et galvanisante. Danseuse d’exception, actrice racée, elle incarne la star déchue avec une intensité qui électrise la salle. En miroir, Vanessa Cailhol est tout simplement extraordinaire en Roxie Hart. Sensible, drôle, vénéneuse, elle explore toute la palette de son art : naïveté feinte, ambition dévorante, charme ravageur. Sa présence scénique aimante le regard du public, son sens du rythme et du jeu fait mouche à chaque numéro. Jacques Preiss compose un Billy Flynn magnifique, avocat flamboyant et stratège cynique, transformant chaque plaidoirie en numéro de cabaret. Waku Malanda, imposante et charismatique, donne à Mama Morton une épaisseur vocale et une autorité naturelle remarquables. Pierre Samuel, touchant de naïveté en Amos Hart, offre un contrepoint d’humanité bouleversant, tandis que Josua Lebraud, irrésistible en Mary Sunshine, ajoute une touche de satire jubilatoire.Installé sur scène, l’orchestre est le cœur battant du spectacle.

ChicagoSous la direction de Dominique Trottein, l’ensemble évoque les clubs enfumés des années folles. Une vraie valeur ajoutée qui donne à chaque tableau une énergie immédiate. Superbement mis en scène et dirigé, ce Chicago parisien s’empare du mythe avec aplomb. Glamour noir, satire affûtée et virtuosité musicale s’y conjuguent dans un écrin mythique, où chaque note, chaque geste et chaque silence respirent le plaisir du théâtre vivant. Ce Chicago parisien, superbement mis en scène et dirigé, s’empare du mythe avec aplomb. Glamour noir, satire affûtée et virtuosité musicale s’y conjuguent dans un écrin mythique où chaque note, chaque geste, chaque silence respire le plaisir du théâtre vivant. Festif, rythmé, aussi féroce que jubilatoire, Chicago est une véritable féerie pour les fêtes de fin d’année. Un spectacle populaire et exigeant à la fois, qui séduit toutes les générations et confirme son statut de valeur sûre du musical et nous rappelle qu’un show peut être à la fois divertissement et miroir cruel de nos sociétés. Le succès est tel que le spectacle est prolongé jusqu’au 26 avril 2026. 

 

Un grand merci à Frédéric Jérôme et les équipes au Casino de Paris. Casino

 

 

Direction musicale : Dominique Trottein
Mise en scène de la production originale de New York : Walter Bobbie,
Mise en scène résidente : Véronique Bandelier
Chorégraphie : Ann Reinking (dans le style Bob Fosse)
Scénographie : John Lee Beatty.
Costumes : William Ivey Long.
Lumières : Ken Billington. 

Distribution :

Velma Kelly : Lisa Lanteri
Roxie Hart : Vanessa Cailhol
Billy Flynn : Jacques Preiss
Mama Morton : Waku Malanda
Amos Hart : Pierre Samuel
Mary Sunshine : Josua Lebraud

 

 

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