FRANÇOISE HARDY “ Voilà The Very Best Of”

Francoise Hardy« Voilà – The Very Best Of » est la toute première anthologie couvrant l’intégralité de la carrière de Françoise Hardy, de 1962 à 2018. Un disque essentiel, autant pour mesurer la trajectoire unique d’une artiste disparue en 2024 que pour redécouvrir vingt chansons incontournables, des archives télévisées, des duos culte, et des clips devenus mythiques. Un écrin à la hauteur de celle qui a incarné la chanson française avec pudeur, modernité et poésie et un hymne à l’amour parfaitement assumé et signé JCM !

Francoise HardyPar Jean-Christophe MARY

 

Depuis ses débuts avec Tous les garçons et les filles (1962), Françoise Hardy occupe une place à part dans le paysage musical. De l’idole yéyé des 60’s à l’auteure-compositrice raffinée des années 70 jusqu’à l’icône pop des décennies suivantes, Françoise Hardy s’est imposée comme une artiste paradoxale de la chanson française. Aussi pudique que secrète, elle aura été une plume délicate, une voix identifiable entre mille autant qu’une figure d’élégance. Avec cette édition limitée de « Voilà – The Very Best Of », regroupant plus de vingt titres et un DVD riche en archives télévisuelles, c’est un portrait complet qui apparaît enfin. Celui d’une autrice-compositrice-interprète dont la constance, la précision d’écriture et la mélancolie lumineuse ont façonné l’un des répertoires les plus cohérents de la chanson française. Ce disque, le premier à embrasser toute sa carrière témoigne d’un parcours musical d’une cohérence rare qui n’a jamais trahi ni les différentes époques, ni son auteure. L’ensemble surprend par sa continuité, de l’innocence cristalline des débuts à la gravité des années 2000, comme si la même voix murmurait, sans faiblir, à travers les décennies. Ces vingt-deux chansons sont désormais indissociables de l’imaginaire collectif. Dès la lancinante ritournelle “Tous les garçons et les filles”, devenue l’hymne générationnel que tout le monde connait, Françoise Hardy impose un style à part, entre solitude, douceur et lucidité. “Le temps de l’amour”, redécouvert par une nouvelle génération grâce à Wes Anderson conjugue rythmiques surf et mélancolie adolescente. “Le premier bonheur du jour”, “Mon amie la rose” ou “L’amitié” affirment eux une écriture dépouillée qui capte l’émotion à l’os. Avec “Ma jeunesse fout l’camp”, la chanteuse introduit, dès 1967, une maturité désarmante. Diction précise, ironie aussi subtile qu’élégante, le « Comment te dire adieu” signé  Serge Gainsbourg lui offre une entrée fracassante dans la pop moderne. Les années 70 révèlent une chanteuse plus introspective encore, avec “La question”, chef-d’œuvre à la bossa hypnotique, et “Message personnel”, pièce d’orfèvrerie signée Michel Berger, où la fragilité assumée atteint une intensité rare. Dans “J’écoute de la musique saoule”( Michel Jonasz et Gabriel Yared), la chanteuse déploie une sensualité à laquelle elle ne nous avait pas habituée. Les décennies suivantes la montrent plus libre, plus épurée. Sur les sobres et lumineux  “Partir quand même” (musique de Jacques Dutronc) et “Un peu d’eau” Françoise Hardy poursuit dans cette veine délicate où chaque mot semble soufflé plutôt que chanté. Enfin, “Tant de belles choses”, puis “Le large”, évoquent une sérénité bouleversante, presque testamentaire, sans jamais céder au pathos. Le second disque constitue à lui seul un document d’histoire et fonctionne comme machine à remonter le temps. De « Douce France « (1964) où la caméra la découvre avec une fraîcheur presque sauvage, à Sacha Show, « Discorama », à Numéro un (1969) et Sport en fête (1973), on y retrouve la Françoise Hardy des émissions mythiques où son professionnalisme impose le respect. Sobriété des gestes, intelligence du regard porté par une présence magnétique, ces archives montrent combien elle a influencé autant la musique que l’esthétique télévisuelle. Les duos comptent parmi les moments les plus précieux de cette compilation. Dans « Et si je m’en vais avant toi » avec Etienne Daho, la filiation pop est évidente. Le clip issu des Enfants du rock (1985) montre une proximité naturelle avec deux voix qui s’enlacent. « Puisque vous partez en voyage » avec Jacques Dutronc, c’est l’histoire d’un couple mythique de la chanson française. Le clip joue de leur complicité tendre, parfois espiègle, entre pudeur et éclats de rire. Enfin avec « To the end » (La Comédie) avec Blur, le timbre diaphane de Françoise Hardy apporte à la chanson une dimension cinématographique, presque rétro. Voilà – The Very Best Of est la version la plus complète, la plus juste et la plus respectueuse de l’œuvre de Françoise Hardy publiée à ce jour. Son élégance et sa modernité continuent de traverser le temps. Ce double album riche et soigné offre aux admirateurs comme aux nouveaux auditeurs, un hommage à la hauteur de sa légende. Un cadeau parfait pour les fêtes de fin d’année.

 

 

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