So long my beloved Joe Turner
Dans « Les trois jours du Condor » il est Joe Turner, l’intrépide analyste de la CIA qui tente d’échapper aux tueurs féroces d’un « état profond » réactionnaire, mais il était aussi Jay Gatsby et Jeremiah Johnson, Robert Redford était tous ces héros et tant d’autres encore, mais le talentueux natif de Santa Monica s’est éteint dans son sommeil, chez lui au Sundance Ranch dans l’Utah, à l’age 89 ans. En 1980 je lui avais consacré l’un des seuls deux livres de ma carrière, c’est dire si sa disparition est douloureuse.
Quelle image garder de lui ? Mieux que le playboy charleston élégant de « The Great Gatsby » ou le fringant et séduisant officier de marine de « The Way We Were », ou même l’intrépide journaliste du Washington Post dans « All the President’s Men », c’est incontestablement le trappeur solitaire de « Jeremiah Johnson » seul contre tous dans l’immensité glacé de ses montagnes. André Halimi qui dirigeait alors cette petite collection Solarstar chez Solar m’avait proposé de rédiger la bio d’un grand acteur et j’avais immédiatement proposé de lui faire un Robert Redford. Et de son tout premier long métrage « War Hunt » en 1962 a « Brubaker », sorti cette année 1980, j’avais déroulé la vie et la filmographie de ce vertigineux monument hollywoodien. Je ne vais pas vous refaire Redford sa vie, son œuvre car d’autres s’en chargeront sans doute beaucoup mieux que moi. Cependant je sais que je n’oublierai jamais cet « homo cinematographicus » aussi attachant qu’un Gary Cooper, aussi séduisant qu’un Paul Newman, aussi héroïque qu’un Harrison Ford. De la fin des 60’s à « Avengers : Endgame », son dernier rôle au cinéma en 2019, Robert Redford n’aura jamais cessé de crever l’écran de son sourire touchant. A travers ses actions caritatives, son combat en faveur des droits des tribus indiennes ou encore son amour du cinéma indépendant avec le Sundance festival qu’il a créé, Robert Redford nous a prouvé qu’il était bien plus qu’une image sur grand écran, et c’est ainsi qu’il a su devenir plus large que la vie, à jamais car grâce à son inspiration nous pouvons tous être des Joe Turner si on le souhaite. So long Robert Redford !