SO LONG DOUGLAS McCARTHY LEADER DE NITZER EBB

McCarthyÀ l’origine, le groupe s’appelait La Comédie de la mort, patronyme rapidement abandonné pour choisir Nitzer Ebb constitué en découpant des mots et des lettres, puis en les organisant au hasard afin de créer de toute pièce un nom à consonance germanique, sans utiliser de vrais mots allemands… c’est dire si Douglas McCarthy savait bien cacher son jeu forcément synthétique. Avec son groupe ou avec son complice de longue date, ce cher Alan « Depeche Mode » Wilder, il avait cette voix unique, chaude et profonde, presque de crooner, qui donnait une vie, une âme à ses  machines. Bien qu’aucune cause de décès n’ait été communiquée, on savait qu’il  avait été diagnostiqué d’une cirrhose du foie l’année dernière. Avec la disparition du natif d’East London, la scène British synthétique perd un de ses héros majeurs. Aficionado de la première heure, Zen Smith le chanteur de Waiting For Words, lui rend un vibrant hommage. RIP Douglas McCarthy !

Douglas McCarthyJe ne cous présente plus Zen Smith, le son New Wave de son groupe Waiting For Words ( Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/?s=waiting+for+words) a su me séduire depuis moult années, sans doute parce que je n’avais jamais entendu de groupe Français explorer ainsi avec art  cette veine sonique depuis bien longtemps. Et il faut avouer que WFW excelle dans ce style… et que forcément l’ami Zen Smith est le plus capé pour lancer ce dernier adieu à Douglas McCarthy.

Par Zen SMITH

 

Aujourd’hui c’est gueule de bois sur la planète EBM – Synthpop – Electro…lorsqu’aux alentours de 00h30 la terrible nouvelle est tombée sur la page du groupe Nitzer Ebb :

« C’est avec le cœur lourd que nous avons le regret d’annoncer le décès de Douglas McCarthy ce matin, 11 juin 2025. Nous vous demandons de faire preuve de respect envers Douglas, son épouse et sa famille en cette période difficile. Nous vous remercions de votre compréhension et vous communiquerons plus d’informations prochainement. »

Quelques heures plus tard, Alan Wilder (ex Depeche Mode, Recoil) sortait de son long silence pour rendre à son tour hommage à son ami : « Quelle triste nouvelle d’avoir perdu ce gars (« This Fella » en VO). Mon ami depuis plus de 35 ans. Parolier prolifique et interprète dynamique avec Nitzer Ebb, chanteur invité occasionnel avec Recoil. Malgré ses problèmes de santé, il n’a jamais perdu une once de son incroyable humour irrévérencieux et tranchant, ni de sa profonde générosité. Adieu mon vieux… »

Nitzer EbbCar pour beaucoup d’entre nous, c’est en 1992, sur le 3eme album solo d’Alan Wilder et son projet alors parallèle à Depeche Mode, Recoil, que nous avons découvert cette voix absolument unique. Doug Mc Carthy chantait sur le premier single extrait de « Bloodlines », « Faith Healer ». Si quelques fans des « kids de Basildon » commençaient à s’intéresser à l’EBM depuis l’apparition de Front 242 (1ère partie pourtant copieusement huée de DM à Bercy en novembre 1987) puis de Nitzer Ebb (également sur des 1ère parties de DM en 88 puis 1990), c’est avec ce « Faith Healer » que nombreux ont été hypnotisés par cette voix transpirante de charisme. Il faut avouer que Douglas McCarthy avait cette voix unique, chaude et profonde, presque de crooner, qui donnait une vie, une âme aux machines. Toutefois, les collaborations entre Wilder et McCarthy avaient commencé bien avant. Signés chez Mute, qui sort leur 1er album « That Total Age » en 1987, ils participent donc à cette Tournée pour les Masses de 87/88 puis Alan Wilder (avec Flood) produira leur 4ème album, « Ebbhead » en 1991.

De cette première collaboration, à titre personnel, je retiendrai surtout une B. Side qui aurait mérité sa place sur l’album, que l’on trouve sur l’EP « As Is », le gigantesque « Come Alive ». Et c’est aussi les prémices des ambiances que développera Wilder sur le suscité « Bloodlines», puis le mythique « Songs Of Faith & Devotion » et par la suite sa carrière solo exclusivement réservée au projet Recoil : des arrangements de cordes orchestrales sur de bonnes grosses basses moog et des rythmiques alliant sensualité et puissance. D’autres grand noms ce sont d’ailleurs penchés sur le berceau des Nitzer Ebb : Phil Harding pour la production de leur premier single, « Isn’t it funny how your body works » (1985) et du 1er album « That Total Age », puis Flood sur tous les albums jusqu’au dernier de 2012, « Industrial Complex », les mythiques Die Krups pour des collaborations, Vince Clarke ou Jazz Coleman pour des remixes… sans oublier Monsieur Martin Gore lui-même sur le titre « Once You Say » de 2011 ! Je ne me lancerai pas dans un descriptif sur la carrière et la discographie de Nitzer Ebb. Je ne suis ni expert, ni « fan hardcore » (j’adore l’album « Big Hit », contrairement à beaucoup de fans d’ailleurs, car plus organique, moins typé EBM).  Je n’ai d’ailleurs jamais été un grand fan d’EBM, beaucoup à cause des voix justement. Mais lui…

Nitzer EbbC’est simple, ma playlist personnelle est constituée de 23 titres dont toutes ces collaborations avec Recoil (3 au total), celles avec And One (« The End Of Your Life »), Client  (« Suicide Sister »), une bonne partie de « Big Hit » ou – retour de collaboration logique – le remix de leur superbe titre « Come Undone » par Alan Wilder. Si vous voulez de l’expertise, la seule et unique biographie au monde disponible a été publiée chez Camion Blanc par Pedro Peñas Y Robles (du label Unknown Pleasure et des groupes HIV+, Adan N Ilse…) : « L’Homme, L’Ame et la Machine ». Mon humble témoignage n’est que celui d’un autre musicien de ce milieu Synthpop / EBM, l’ayant croisé quelques fois sa route : au sortir de soirée au petit matin à Pigalle ou une mémorable interview que j’ai réalisé en 2011 lorsque je faisais de la webradio. Il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour que Waiting For Words assure la 1ère partie de Nitzer Ebb au Divan du Monde en 2011. Et notre claviériste adoré, Monsieur Peter Rainman (avec son projet People Theatre) aura eu l’honneur de remixer leur sus cité « Once You Said ». Pas un ultra fan donc, mais conquis par ses lives. Dès que j’en avais l’occasion, j’allais aux concerts Parisiens de Nitzer Ebb.

Nitzer EbbÉlectrisé par cette bête de scène absolue qu’il était, que ce soit au Bus Palladium ou à Bercy. Excessivement déçu par la tournée de Depeche Mode 2009 au Stade de France pour « Sounds Of The Universe »… c’est uniquement pour la présence de Nitzer Ebb en support act que je suis retourné quelques mois après à Bercy… c’est dire. Et ce souvenir en rentrant de notre tournée Mexicaine l’année dernière, de tomber sur la photo de son dernier live : considérablement amaigri, ne pouvant chanter que quelques titres, les autres étant assurés par son comparse de toujours, Bon Harris qui d’ailleurs poursuivra la tournée lorsqu’à l’évidence, Doug jeta l’éponge. Et puis, cette horloge implacable qui tourne. Après avoir multiplié les « RIP » des groupes des 60’s, puis 70’s, des early 80’s… c’est notre génération qui commence à sentir l’odeur de la poudre Car il est un des nôtres. La génération des Nitzer Ebb, Camouflage, De/Vision, And One, Covenant, VNV Nation, et oui… nos petits Waiting For Words et tant de milliers d’autres dans le monde a commencé la musique dans la 2nde moitié des 80’s, influencés pour beaucoup par Depeche Mode et SURTOUT, par Monsieur Alan Wilder.  La scène Synthpop/EBM perd un talent immense, un grand cœur et une grande âme.

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