YOUSSOU N’DOUR « Éclairer le monde »
C’est sans doute LA plus belle voix de tout le continent Africain et tant pis si je ne saurais être objectif en ce qui concerne Youssou N’Dour, tant ses incroyables vocalises me sont familières depuis près d’un demi-siècle. Alors découvrir un nouvel album de celui que tous les Sénégalais appellent affectueusement You est toujours un très grand kiff. Et celui-ci, malgré son titre un peu pompeux n’échappe pas à la règle. Cependant, si quiconque d’autre que lui osait l’intituler « Éclairer le monde », cela paraitrait carrément présomptueux. Mais il faut le prendre à la lettre : par ses good vibes d’une sono mondiale experte, il proclame qu’il nous faut sans relâche combattre l’obscurité dans laquelle les ogres Trump, Poutine, Xi, Kim et autres Recep tentent de faire plonger notre belle planète bleue et tout le pouvoir de la Force est en You ! Et il compte bien d’ailleurs le démontrer en live demain soir à l’Olympia, à Paris.
12 titres peut-être les plus « internationaux » et sans doute aussi les plus matures de la carrière de Youssou N’Dour ( Voir sur Gonzomusic ) depuis son fracassant « The Guide » en 1994, propulsé par le tectonique « 7 Seconds », tel est la pari que semble avoir gagné le fameux natif avec son ambitieux « Éclairer le monde ». Et si pourtant les deux titres n’ont musicalement pas grand-chose à voir en commun, la « locomotive » de ce nouvel album est incontestablement le slow chaloupé émotionnel et gorgé de soul « Tell Me What You Want » vocalisé en anglais et en wolof. Mention spéciale à l’incroyable solo de claviers « so Stevie Wonder « signé du new yorkais Frank Locastro. International pour son casting « Éclairer le monde » est le fruit d’une collaboration entre Youssou, et ses deux peoducers, un californien déraciné en Espagne et un ghanéen élevé à Cleveland. Multi-instrumentiste basse-guitare-claviers Michael League, né à Long Beach a monté son groupe Snarky Pupy avant de collaborer, entre autres avec David Crosby ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=david+crosby ). Il co-produit l’album avec le percussionniste Weedie Braimah et une équipe mixte de musiciens américains et sénégalais, dont la « garde rapprochée » de Youssou, les percus Mbaye Dieye Faye et Thio Mbayé, Assan Thiam au tama le guitariste Tapha Gaye. Et tout ce métissage nous réserve bien des surprises, à l’instar de cet entrainant « On l’a fait » qui s’élève peu à peu avant de décoller jusqu’à une samba enfiévrée en folle sarabande bien festive.
Tout au long du disque, les percus sont à la fête, ce sont d’ailleurs elles qui ouvrent le bal dès l’énergique « Tout pour briller », au thème humaniste et positif. De même, elles battent la chamade pour pulser sur les chœurs angéliques façon gospel de « Boul Ma Lathie ». Véritable blues africain, sur « Noflay » la voix puissante de Youssou défie l’attraction terrestre lorsque « Kong Kong » joue et gagne entre tradition et modernité, sur une mélodie particulièrement catchy. Puis on succombe au groove puissant et forcément divin de l’afro-funky « Machalla », qui nous téléporte de ses ondes positives jusqu’au bout du monde, lorsque « Doley Mbeugueil » à de sympathiques faux-airs reggae du « Rebel Music » de Marley. Dés son intro acapella et ses chœurs gospels puissants, d’emblée la speedée « Say Thank You », portée par une petite guitare très africaine, voire sud-africaine façon mbaqanga, s’affirme comme le second meilleur titre de l’album. Enfin, tout s’achève sur la délicate et mélancolique « Modou Bamba », titre hommage au guide spirituel de Youssou. Comment traduire sur scène un projet aussi divers et ambitieux ? Notre héros du mbalax sénégalais répondra justement à la question en live et en direct pas plus tard que demain soir dans l’écrin rouge de l’Olympia à Paris… be there or be square, comme on disait à la fin des 60’s.