PRINCE « 1999 »
Voici 42 ans dans BEST GBD se laissait téléporter dans le temps jusqu’en « 1999 » pour expérimenter le 5ème album-studio de Prince, un incroyable double-LP riche de 11 titres, où le futur Kid de Minneapolis assure seul composition, production, instruments, arrangements, entouré d’une des plus sexy bande de filles qu’ait sans doute connu le rock avec Vanity, Jill Jones, sans oublier Wendy et Lisa, qui n’avaient pas encore fait leur Revolution. Flashback…
Avec le recul du temps, je me dis que j’aurais dû être encore plus dithyrambique avec ce cinquième 33 tours de Prince ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Prince ) riche de tous ses hits comme l’irrésistible « Little Red Corvette » ( Voir sur Gonzomusic La Little Red Corvette n’était ni Red ni Corvette ), le funky cool « Delirious », le sexy fun « International Lover » ou encore la fracassante chanson-titre « 1999 » vaguement inspirée des prédictions apocalyptiques de Nostradamus. Quatre décennies après sa publication, ce premier double LP, avant que ne s’abatte la victorieuse « pluie pourpre », parvient toujours autant à nous captiver, exacerbant cette irréfragable nostalgie de ce nain pourpre et pourtant prodigieux géant de ce que notre rock culture compte sans doute de plus précieux.
Publié dans le numéro 174 de BEST
Clones moustachus et euro-gays, ré-jouissez-vous, le nouvel LP de Prince vous offre deux fois plus d’excitation. On fait la fête, on fait sauter les bouchons des poppers, on balance cette vieille morale judéo-chrétienne dans le sas du vide-ordures. Prince, la petite canaille, m’a souvent alpagué par son funk sado-maso alambiqué en négatif du gentil Michael Jackson. En règle générale nos frères en funkitudes sont plutôt bon chic bon genre dans leur tête, même si leurs fringues sont exubérantes. Or Prince s’est toujours distingué par son côté « Dirty Mind » au point que Warner – le puritanisme a laissé des traces chez les yankees – a toujours évité d’imprimer les textes de ses chansons sur les pochettes. Cette fois, pourtant, le double-album contient tous les Iyrics. Le choc des mœurs a-t-il frappé la boite de Burbank ? Je crois plutôt que Prince a versé de l’eau de seltz dans son cocktail à scandales. Moins hargneux, moins torturé, moins agressif, moins sale, moins libertin et peut-être plus musical. Les titres, c’est vrai, sont plus longs, mais le rapport qualité/ quantité/prix est faussé à une époque où l’on propose des double- LP aux faces de 15 minutes. Cette fois, les dés du show de « Prineceu » sont peepés. Si on l’observe au microscope « 1999 » parait de prime abord moins bandant que ses prédécesseurs ; encore faut-il remettre les choses à leur place : dans la mélasse des disques de funk débités sur le marché, celui-ci va encore largement crever le plafond. On nous mitraille de funky débile et chiant, aussi, lorsque se pointe un Prince ou un Chic, les borgnes prennent le pouvoir chez les aveugles. Heureusement Prince s’écoute entre les lignes « D. M. S. R. », c’est « Dance. Music. Sex. Romance », mais c’est aussi « Don’t Miss a Sexual Relationship ». Prince prend des poses de pin-up pour page centrale de Playgirl tour de taille, tour de poitrine, tour de hanche. « Tout petit déjà ‘jétais irrésistible… alors maintenant » « International Lover ›), le dernier titre, résume bien le programme de la politique princière. La musique sex-shop de Prince ne craint pas l’énergie synthétique. Le cuir et les clous font un excellent ménage à trois avec la pulsion funk. « Lady Cab Driver » permet à Prince de rouler sa chaufferesse sur ses sièges arrière en exprimant certains fantasmes. « 1999 » exhibe la sexualité urbaine poussée à l’extrême des instantanés mêlés de sex-shops et de clubs gay aux antipodes d’un groupe comme ABC. « 1999 », il parait que c’est déjà aujourd’hui…
Publié dans le numéro 174 de BEST daté de janvier 1983