LINKIN PARK « From Zero »

Linkin ParkCette histoire de réincarnation de Linkin Park sept ans après la disparition de Chester Bennington, me rappelle un peu le roman de Stephen King « Simetierre ( Pet Sematary) », lorsque le chat familial revient d’outre-tombe en bien plus méchant et bien plus enragé. Ici, non seulement les guitares sont plus assourdissantes que jamais, ce qui n’est pas foncièrement négatif, mais surtout avec la nouvelle chanteuse Emily Armstrong, on a récolté une vraie gueularde qui se rêve toutes les nuits en chanteur d’AC/DC. Et là j’ai du mal, détestant les gueulards de tous poils, de Johnny à Taylor Swift en passant par Bruce Dickinson, Celine Dion ou Ozzy Osborne, vous comprendrez aisément l’intense déception que représente ce « From Zero » pour tout amateur du Linkin Park bien plus fusion hip hop qui s’offrait d’hallucinants mashed-up avec Jay-Z… néanmoins tout n’est pas à jeter dans ce « From Zero » sauvé par quelques compositions-choc où la chatte sur son toit brûlant reste apprivoisée.

Linkin ParkC’est vraiment comme Church, le chat de la famille Creed renversé par un camion, que le père enterre dans un cimetière pour animaux sur d’anciennes terres sacrées indiennes… qui ont le pouvoir de faire revivre les défunts. Hélas trois fois hélas si Church revient, il n’est plus du tout le gentil matou qu’on a connu, mais un chat-zombie aussi totalement enragé qu’incontrôlable. Alors certes le pauvre Chester Bennington n’est pas revenu du Pet Sematary, mais effectivement Linkin Park (Voir sur Gonzomusic   ) fait un surprenant come-back, sept ans après sa disparition, avec cette nouvelle chanteuse qui est censée marcher dans ses pas… ou pas.  Mais dès les premières écoutes, on sent bien que le compte n’y est pas, ce Linkin Park MK II aurait pu tout aussi bien se rebaptiser The Grave Robbers les profanateurs de sépultures, tant il s’éloigne dangereusement de la recette originale du fameux groupe d’Agoura Hills en Californie, cette alchimie subtile entre le coté rock musclé de Chester Bennington et le coté rap punché de Mike Shinoda, pour un son qui ne ressemblait à nul autre. Là, avec ce « From Zero » le coté hip hop a franchement rétréci au lavage remplacé par des guitares tonitruantes et des vocalises hurlées d’Emily Armstrong, comme autant d’œillades appuyées au public metal. Cependant, il ne faut pas jeter la poupée avec l’eau du bain, tout n’est pas insupportable dans cet album. Ainsi « The Emptiness Machine », découvert en septembre, premier single qui annonçait la sortie de l’album, demeure un bon titre, avec ce duo avec Mike Shinoda, même si again je trouve qu’Emily en fait déjà trop du coté cordes vocales qui crèvent le mur du son.

PLinkin Parkuis « Cut the Bridge » démarre comme un bon Linkin Park : guitares saturées, vocaux tchatchés de Mike ; et si vers une minute Emily commence à se lâcher cela reste maitrisé et le titre rentre assez bien dans la tête. Mais c’est avec la suivante « Heavy Is the Crown » que les choses se gâtent. À 1’ 51’’ la chanteuse devient littéralement enragée et j’ai bien cru devoir racheter de nouveaux HP pour mes enceintes. Pourtant, dès « Over Each Other » Emily semble se calmer, poussant un peu moins sa voix et par conséquent on retrouve l’âme de Linkin Park puissante et bodybuildée certes, mais pas au point de déchirer les tympans et par conséquent c’est un des meilleurs titres du CD. Par contre, le pire est à venir avec « Casualty » qui sonne comme le plus moyen des groupes de hard, carricatural avec ses guitares d’épouvante et ses cris à se déchirer les cordes vocales. Not my cup of tea. Puis on respire à nouveau avec les séquences cool limites planantes de « Overflow » bien hip hop scandé, presque du Kendrick Lamar, un hit en perspective.  Si « Two Faced » marque le retour à l’horreur métaliste brute aux confins de Body Count on passe au meilleur avec « Stained » puissante et envoutante, sans doutel’ un des meilleurs titres du CD, aux confins d’une lointaine Pat Banater envoutée par les séquences hip hop de Mike Shinoda. Retour du balancier et de la gueularde de service bien enragée avec le pénible « IGYEIH » avant que tout ne s’achève sur une note joyeuse et efficace avec la chaloupée bien entêtante « Good Things Go ». Donc, en résumé, tout n’est peut-être pas rose dans ce Linkin Park nouveau, mais tout n’est pas non plus à éliminer, soit c’est ce que l’on qualifie généralement de réponse de Normand.

 

 

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