PHIL OU FACE
Voici 42 ans dans BEST GBD retrouvait pour la seconde fois Phil Collins pour évoquer le deuxième LP solo du chanteur de Genesis intitulé « Hello, I Must Be Going ». Et, comme pour le premier Phil n’avais pas résisté à la tentation de remettre sa tronche en gros plan pour nous offrir une recette sonique assez proche de la précédente, cette fois résolument inspirée de la soul façon Motown portée par le souffle puissant de la section de cuivres d’Earth Wind & Fire. Et par conséquent, il n’est guère surprenant que notre moissonneur-batteur rafle à nouveau le jackpot des charts. Flashback… avec une super photo de Jean Yves Legras !
Deux ans auparavant, j’avais rencontré Phil Collins pour la première fois chez lui à la campagne pour publication de son tout premier projet solo « Face Value » ( Voir sur Gonzomusic PHIL COLLINS SIMPLE COMME UN COUP DE PHIL ) propulsé par son stratosphérique hit « in The Air Tonight ». Lorsque je retrouve le fameux batteur chanteur, il est toujours aussi cool, toujours aussi simple comme… un coup de Phil….
Publié dans le numéro 173 de BEST sous le titre :
PRO PHIL
« Okay, demande-moi ce que tu veux », attaque Phil Collins. Un nouvel album, sur lequel on retrouve la section de cuivre d’Earth, Wind and Fire exactement comme sur le précédent ; une tournée solo s’étalant sur quatre semaines, avec les cuivres qui devaient être de la fête pour l’Olympia du 22 novembre, comme pour toutes les autres dates, tels sont les sujets de conversation du jour.
Quelle est la recette de « Hello, I Must Be Going », Mr Collins ?
Tu sais que le premier album était enregistré à la maison ; pour celui-ci j’ai aussi utilisé mon home studio : c’est très séduisant de pouvoir créer à domicile.
As-tu réitéré tes plans de doublages Linn/ batterie véritable comme sur « In The Air Tonight » ?
Sur cet album, j’ai essayé d’éviter les formules recettes, comme l’utilisation à outrance de la « batterie-tonnerre », comme j’en al l’habitude. Quand on dit Phil Collins, les gens pensent immédiatement Dadaba-boumboum » le son énorme ; cette fois, la batterie est bien plus claustrophobe. J’ai acquis une nouvelle batterie électronique, équivalente à la Linn, la Movement qui est construite en Angleterre. J’ai donné au constructeur une bande de mon jeu de batterie, le son « In The Air… » pour qu’il ta retranscrive sur un micros chip qui sert à programmer la Movement. Une fois le son réglé sur la batterie électronique, j’enregistre le reste de la musique et, en dernier, je remplace la batterie électronique par une véritable batterie. Je n’utilise pas la drum-machine dans le but de la substituer à fa batterie, mais plutôt comme des percussions.
Entre une paire de mains supplémentaires et la Movement, que préfères-tu ?
Je crois que je continue à préférer la drum-machine.
Tu as produit l’album de Frida ( la chanteuse d’Abba : NDREC) , si je ne m’abuse ?
Exact, elle a téléphoné pour me raconter : « J’adore ton album, je viens juste de divorcer : veux-tu produire le mien ? ».
Et tu n’as pas refusé ?
Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ! Frida est venue à Londres pour achever de me convaincre et discuter du projet. Pour moi ; c’était un pari, puisque jamais auparavant je n’avais produit d’album dans le vrai sens du terme.
Et John Martyn ?
John, c’est une autre histoire il avait son groupe et sa musique tenait debout ; mon rôle se bornait à choisir la meilleure prise. Avec Frida, j’ai sélectionné les musiciens, les compositions, j’ai réservé le studio, assuré le budget, arrangé les violons et les cuivres : dans ce cas-là, la responsabilité est bien plus lourde. Je voulais savoir si j’étais capable d’assumer tout ça et j’ai adoré.
Tu comptes produire d’autres gens ?
Et comment I La nuit dernière, je suis allé voir Hall & Oates pour faire plaisir à Jill ! sa femme américaine et la maman de Lilly Collins-Emily in Paris : NDREC). Daryl Hall m’a proposé de produire leur prochain LP. Chris Rea m’a contacté ainsi qu’Air Supply, Climax Blues Band, Manhattan Transfer, J’ai aussi des projets de duo avec Maurice White.
Et le concert de Genesis pour le WOMAD avec Peter Gabriel ?
Nous avions très peu répété, mais les good vibes étaient au rendez-vous. Pete voulait en faire un disque et un film, mais c’était impossible : n’a jamais écouté les disques depuis qu’II a quitté le groupe. Il y a eu un maximum de planteries, Peter se ramassait dans le texte ou ne chantait pas dans son micro. C’était intéressant, mais il n’a pas arrêté de pleuvoir, ce qui est gênant pour un concert en plein air avec 50 000 personnes. Pour moi, WOMAD était aussi un challenge, je n’avais pas joué « Supper’s Ready » depuis 10 ans : j’étais complètement à contre-temps : mes mains étaient à dix ans de moi en arrière.
Cette fois, la photo sur la pochette de ton nouvel album est prise en gros plan de profil alors que, la, fois précédente, c’était de face. Pourquoi ne l’as-tu pas appelé « Pile Value » après « Face Value »?
J’ai utilisé Trevor Key, le même photographe. L’idée de la pochette précédente était d’approcher si près du visage de quelqu’un que tu finis par voir à l’Intérieur ce qu’il pense. Aujourd’hui, avec la pochette de ce nouvel album, tu peux voir qu’il n’y a rien à l’intérieur (rire) Sérieusement, je voulais conserver l’idée et j’ai même failli refaire une photo en noir et blanc. Mais, grâce à Jill, ma vie est bien plus colorée qu’au temps de « Face Value », j’ai donc opté pour la couleur ».
« Hello, I Must Be Going » contient un cover du « Can’t Hurry Love » des Supremes. Phil a déjà conçu la vidéo où trois Collins chanteront en chœur, en clin d’œil aux Supremes. En revanche, cette fois Clapton, son voisin de ferme ne participe pas à l’album.
« Mon voisin a cessé de boire et de prendre des drogues. II est métamorphosé. Eric a viré son groupe, il voulait bosser et pas eux. »
Phil Collins est doté d’une mémoire sans faille : l’an passé, sur l’interview de « Face Value » je lui avais reproché de s’être crédité sous la forme « Me ». Il s’en est souvenu
« Eh oui, tu ne vas pas aimer cela, mais cette fois encore, l’ai signé « Me ». »
Phil ou Face, on ne nous changera pas notre Collins !
Publié dans le numéro 173 de BEST daté de décembre 1982