ELTON JOHN L’INTERVIEW IMAGINAIRE DU CAP’TAIN FANTASTIC
Voici 42 ans dans BEST, GBD devait tendre son micro à Elton John dans la foulée de son concert parisien au Palais des Sports, mais ce dernier traversant encore sa période Diva ingérable a bien entendu planté le rendez-vous. Qu’importe, fort heureusement son alter-ego Capt’ain Fantastic s’est montré bien plus loquace au cours de cet entretien forcément imaginaire qui défie le temps et la dure loi du rock and roll. Flashback…
En ce temps-là on osait à peu près tout dans la presse rock, comme de décerner le Prix de la Tête de Con de l’Année au chanteur de Theater Of Hate , l’infâme Kirk Brandon… ou de composer une interview imaginaire d’Elton John lorsque celui plante l’entretien qu’il devait accorder à l’agent de BEST… en prime à la fin de cet article l’inne surprenant mais néanmoins hilarant « Je veux de la tendresse » … un grand moment de télévision!
Publié dans le numéro 168 de BEST sous le titre :
FAUX REBOND
Sur la scène du Palais des Sports, Elton John joue au cabot superstar. Souriant jusqu’aux oreilles, sa bobine joufflue bouge dans tous les sens. Parfois, il lève les yeux au ciel, comme s’il attendait qu’il s’écroule. II se jette sous son piano et joue, couché, d’une seule main ; puis il saute, rebondit, pour se retrouver enfin dans sa position initiale. Elton le rocker en caoutchouc modèle 82 n’aurait aucun mal à se recaser chez Barnum. II ne lui manque qu’un nez en plastique rouge. Pour son come-back sur scène, Elton a décongelé son vieux gang, de Dee Murray à Nigel Olson, en passant par Ray Cooper. Génial pour conserver la viande, même si on perd un peu de saveur. La première partie du gig s’étire un peu. Elton devrait bien se passer de son insupportable « J’veux de Ia tendresse » ( une abomination en français sur le LP précédent « The Fox » : NDR) . Pathétique et aussi débile qu’un œuf de Paques, cette chanson occasionne chez moi des troubles proches du syndrome dit « de la craie blanche sur le tableau ». Dans ces moments-là, je rêve à ces vieux rock-critics dont les oreilles ont tant vécu qu’ils ne marchent plus qu’au sonotone. Au moins, eux, ils peuvent toujours débrancher… Au programme de la seconds partie, Elton a confectionné un mélange d’oldies et des titres de « Jump Up », son petit dernier. Gentil délire au piano sur « Rocket Man »: Elton joue de son clavier comme s’il avait un orgue de Staline entre les mains. Bourn de tous côtés, les projecteurs implosent comme des vulgaires téléviseurs. Avec « Bennie and the Jets », le public prend sa dernière leçon de chant. « Blue Eyes » et « I’m Your Robot » s’ enchaînent avant qu’Elton ne se déchaine en rappel sur « Your Song ». Cote public, c’est plutôt chic et franchement bon genre, style abonnés au Nouvel Obs. Les quelques teenagers éparpillées dans les gradins n’ont pas des têtes à sucer des glaçons sur un LP des Exploited. Une petite blonde, style étudiante américaine, chante toutes les chansons d’Elton en même temps que l’original.
Le « Jump Up tour » est un super show, mais il est dommage d’avoir un peu l’impression d’assister à un concert de Frank Sinatra. Chacun a son cul bien visse sur son fauteuil. On applaudit, mais sans passion. J’ai passé un super moment, mais a la sortie, il n’en reste pas grand-chose. Pour savoir où est passée la magie d’Elton, je devais lui poser quelques questions. Mais Elton est une diva capricieuse : un jour, il peut avoir envie de causer, et le lendemain, parano, il insulte les gens au téléphone. Bret, Elton n’a pas envie de parler en ce moment. Comme les méthodes des journalistes de BEST ne s’apparentent en aucun cas à celles de nos confrères du KGB at de la CIA, je n’ai donc pas enlevé Elton pour qu’il avoue sous la torture. J’avais déjà assez de boulot avec ce fou à lier d’Edern-Hallier. Par contre, le Captain Fantastic s’est montre beaucoup plus loquace que son fameux mentor : au cours d’un entretien parfaitement imaginaire, II nous a fait les déclarations suivantes et forcément exclusives concernant le Brown Dirt Cow-Boy :
Captain Fantastic : « Neu… je n’ai pas vu le Brown Dirt Cow-Boy depuis assez longtemps, vous savez. La dernière fois, ii délirait, il m’a dit, t’es un papillon et les papillons sont libres de voler, de s’envoler très loin. II parlait aussi très souvent de sa maitresse d’école. Je ne sais pas, moi, peut-être faisait-il une fixation ou quelque chose comme ça. « Maitresse, j’ai besoin de toi comme un
petit enfant », répétait-il sans cesse, tandis qu’il s’éclatait les oreilles à faire du rock and roll avec son crocodile.
Quel est le dernier message qu’il vous ait adresse ?
Une carte postale (il extirpe un carton froissé de son haut de forme). Tenez, je vais vous la lire : « Je crois que je vais partir pour longtemps, tres Iongtemps. Je suis un homme-fusée, un homme-fusée qui brûle tous ses fusibles soul dans l’espace. II y a toute cette science que je ne comprends pas. Pour moi, c’est juste un boulot cinq fours par semaine, je suis un homme-fusee ». Depuis, j’ai appris qu’il avait retrouvé son copain Bernie. Ils occupent maintenant deux chambres aux confins du monde.
Depuis votre dernière visite, avez-vous emprunté la route de briques jaunes?
Pas récemment, non. Pourquoi cette question ?
On raconte qu’Elton John s’y serait égare.
Elton a passé l’àge des bagarres du samedi soir, vous savez. Le magicien d’Oz a fini par Ie libérer.
Croyez-vous qu’il ait retrouvé l’esprit du rock ?
Honnêtement, je n’en sais rien. Pourquoi ne lui posez-vous pas la question ? »
Et sur ces mots, le Captain Fantastic a regagné sa bulle pour disparaitre derrière un nuage. Heureusement qu’on pout encore rêver, c’est parfois plus drôle que la réalité. Si Elton 22-22 ne répond plus, faites comma moi, adressez-vous aux abonnés absents.
Publié dans le numéro 168 de BEST daté de juillet 1982