ZE BUREAU OF THE LEGENDS
Ce soir Canal Plus diffuse le premier épisode de « Le bureau des légendes », une série écrite par Eric Rochant avec Mathieu Kasovitz. Le pitch ? A la DGSE un bureau s’est spécialisé dans les « légendes », des agents qui assurent des missions dangereuses sous une identité fabriquée. OK. Bon. Mais en 2005 Robert Littell, qui avait signé entre autres the Company, publie un nouveau roman d’espionnage traduit en Français sous le titre « Légendes ». Et en aout 2014 une série télé US tirée du roman de Littell « Legends » est diffusée sur TNT. Son pitch : un bureau s’est spécialisé dans les « légendes », des agents qui assurent des missions dangereuses sous une identité fabriquée. Malaise… « Légends » ou « Légendes »…that’s the question !
Incontestablement, l’antériorité va au roman de Robert Littell, qui nous raconte le premier ces « Légendes », en nous ouvrant les cuisines internes des agences de renseignement US à travers les aventures de Martin Odum, un agent de la division des « covert operations » (opérations secrètes) qui endosse une nouvelle personnalité échafaudées par l’Agence, une « légende » pour remplir sa mission ultra-secrète. Neuf ans plus tard, le roman est adaptée en série télé par les studios de la Fox et Robert Littell figure bien entendu au générique. Martin Odum, devenu schizo à force d’endosser des personnalités finit au fil des épisodes par ne plus savoir qui il est vraiment. Une « légende » est toujours une identité totalement fabriquée pour un agent infiltré au cœur de la pègre , par exemple. Tout doit coller, éducation, relations, souvenirs, mais aussi casier judiciaire et séjours en prison. La moindre faille et c’est la mort. L’agent Martin Odum est un expert à ce petit jeu de personnalités multiples, au point parfois d’en perdre la sienne, comme il a sacrifié son mariage et l’éducation de son fils. Odum est un mélange de Jack Bauer, pour le coté tête brûlée qui plane au dessus des lois et de Jim Phelds de Mission Impossible pour sa faculté schizo de se glisser dans la peau d’un personnage créé de toutes pièces. Martin Odum est interprété par le comédien British Sean Bean que tous les fans de Game of Thrones connaissent sous les traits de Lord Eddard « Ned » Stark, tandis que ceux du Seigneur des Anneaux le connaissent dans le rôle de Boromir. Bref, Bean est parfait dans la dualité de son rôle d’agent secret et de chevalier blanc qui n’hésite jamais à recourir à la violence, voire à la torture, pour accomplir sa mission où il doit inlassablement s’inventer un autre lui-même.
FBI VS DGSE
Entre le montage rapide et le rythme des dialogues, avec des personnages secondaires attachants et un vrai souci du détail, Legends est un pari plutôt réussi puisque la diff s’est achevée début novembre et qu’en décembre le diffuseur annonçait déjà la mise en chantier d’une seconde saison pour 2015. Remplacez FBI par DGSE, « Legends » par « Légendes » et Sean Bean/Martin Odum par Mathieu Kassovitz/ Guillaume Debailly, et la similitude est alors terriblement troublante…jusqu’au titre identiques des deux séries. Or, depuis quelques jours, la date de diffusion sur Canal approchant, on voir Eric Rochant en interview à droite à gauche, encore sur France Info ce matin, évoquer son ambitieuse nouvelle série…sans jamais citer ni Robert Littell, ni son roman, ni même la série US qu’il a inspiré. Pourtant, on nous explique que ce dernier est le « show runner » ( en Anglais dans le texte). Howard Gordon, Jeffrey Nachman et Mark Bomback qui ont développé le roman de Littell en série télévisée sont eux les incontestable show runners de « Legends ». Pourtant, aucun journaliste Français ne trace le parallèle entre les deux projets, qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Alors on est en droit de se demander : que fait la Police ? Que font le FBI et la DGSE ? Légendes contre Legends, soit un accord secret a été signé entre les studios Américains et Français, mais dans ce cas pourquoi ne pas ouvertement revendiquer « l’adaptation » coté frenchie ? Mon pari c’est que tout ce petit monde de l’ombre ne devrait guère tarder à se retrouver dans la lumière des palais de justice, d’un coté comme de l’autre de l’Atlantique, en pugilat juridique pour cause de plagiat. En tout cas, c’est certain, si Ned Stark, Boromir et Martin Odum s’en mêlent, ça va saigner !