So long mister Terry Jones
Il était l’âme du pouvoir du rire derrière les légendaires Monty Python, l’immense Terry Jones a tiré sa révérence, voici deux jours, emporté par l’aphasie, une forme rare de démence qui atteint peu à peu le cerveau. L’acteur réalisateur auteur gallois aurait eu 78 ans le mois prochain. On l’imagine vocalisant à jamais au paradis la composition emblématique de son collègue Python Eric Idle « Always Look On the Bright Side of Life » comme à la fin de « Life Of Brian »…God speed, mister Terry Jones !
Pas facile d’enterrer ses héros, de trouver les mots pour dépeindre leur immense talent. Et c’est d’autant ardu que la terrible maladie qui l’a emporté l’aphasie s’est attaqué à la fonction la plus vitale de Terry Jones : sa parole. Quel terrible paradoxe pour évoquer un homme qui aura su si bien trouver les phrases justes pour nous faire rire toute sa vie. Mais le message officiel publié par ses proches a su faire battre nos cœurs : « « Au cours des derniers jours, sa femme, ses enfants, sa famille élargie et de nombreux amis proches ont été constamment avec Terry alors qu’il s’éteignait doucement chez lui dans le nord de Londres », indique le communiqué. « Nous avons tous perdu un homme gentil, drôle, chaleureux, créatif et vraiment aimant dont l’individualité sans compromis, l’intellect implacable et l’humour extraordinaire ont fait le bonheur d’innombrables millions de personnes au cours de six décennies… ».
Dans ses films Terry Jones adorait se travestir en femme, jamais sexy pour un sou, mais plutôt modèle maman british type. Il savait nous faire rire comme personne et pour les Anglais, il était un sel de la vie aussi aussi essentiel que les bus à impériale, les boites aux lettres rouges ou le 5 O’clock tea. À l’annonce de son départ, les irrésistibles séquences des films des Monty Pythons, ces Beatles du rire comme on les qualifiait si souvent, défilent en accéléré devant nos yeux, mais qui peut mieux évoquer ce personnage hors norme qu’un loyal sujet de Sa Majesté. Kevin Franklin n’est ni journaliste ni critique ciné, puisqu’il est graphiste, mais ses mots pour évoquer la figure joviale de Terry Jones sonnent bigrement juste. Et drôles.
Par Kevin FRANKLIN
Le sens de l’humour de ma génération a été défini par le Flying Circus des Monty Python, qui nous a permis de croire que nous étions des individus plus fous et plus libres d’esprit que nous ne l’étions en réalité. Ce qui est étrange chez Terry Jones, ce n’est pas le fait qu’il se déguisait constamment en femme, mais plutôt en quel type de femmes des travestissait-il… des mères et des tantes comme les nôtres, râlant constamment en fausset à propos des choses banales de la vie… comme les éboueurs qui n’emmènent pas les évêques morts qu’elle a pourtant sortis dans sa poubelle la semaine dernière. D’une manière étrange, cela a fait de lui le plus normal et le plus terre à terre de tous les Pythons… la figure d’être présent avec une tasse de thé et une part de « tarte aux rats » quand tout se casse la gueule dans votre propre vie. Qui va pouvoir faire ça pour moi maintenant ?
Le « bon côté » (et il y a toujours un Bright Side of Life) de la mort de Terry Jones est qu’au moins les Pythons décèdent dans l’ordre que je préfère : d’abord Graham Chapman ; maintenant Terry Jones, puis Eric Idle, espérons-le, suivi de John Cleese et enfin mon préféré, Michael Palin (je me sens mal d’avoir omis Terry Gilliam mais si je l’avais inclus, il aurait dû trépasser avant Graham Chapman, donc c’est peut-être aussi bien). En fait, les décès de ce genre font rejaillir tant de vieux souvenirs. Je sortais de l’exposition Bridget Riley au Haywood quand j’ai rallumé mon téléphone et appris la nouvelle concernant Terry Jones à ce moment-là… mon estomac s’est alors retourné comme lorsqu’un bus monte et traverse un petit pont trop vite. C’est une émotion profonde, mais tout ce qu’on peut dire aux autres c’est : « Tu as vu Terry Jones est mort ?