1917
Pour son 13éme film, Sam Mendes a réussi un véritable coup de maitre. Avec un casting modeste, où les stars occupent des seconds rôles, mais porté par une hallucinante vision cinématographique, un simple et ininterrompu vertigineux plan séquence…de 119 fucking minutes, soit toute la durée du film, son 1917 est LE chef d’œuvre absolu, un incroyable aimant à Oscars qui ne devrait pas manquer de battre jusqu’au fameux « Joker » pourtant parti favori dans la course.
Bien sûr, Sam Mendes, depuis son onirique « American Beauty » on connait. Il a aussi su nous séduire avec ses deux derniers James Bond « Spectre » bien sur, mais surtout « Skyfall » réussite absolue et sans doute l’un des 007 les plus aboutis de la (très) longue franchise, porté par sa puissante scène finale qui me déchire le cœur à chaque fois lorsque je vois la DB5 mythique criblée de balles avant d’exploser ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/on-a-retrouve-la-db5-de-james-bond-a-10-plaques-egaree-depuis-20-ans.html ). Certes, de pitch de « 1917 » est assez basique : le caporal Tom Blake, Dean Charles Chapman, qui campe Tommen Baratheon dans GAMES OF THRONE et Billy Elliot sur scène, est chargé par le général Erinmore de franchir le no man’s land qui sépare les tranchées anglaises des lignes allemandes, car le régiment Devon, où son propre frère Joseph ( Richard Madden, le charismatique Robb Stark de GOT) est lieutenant, doit attaquer les allemands dans quelques heures. Sauf que le retrait teuton est un leurre, un piège tendu aux troupes britanniques qui courent au massacre. La reconnaissance aérienne de la Royal Air Force a découvert que les allemands n’ont pas battu en retraite, mais qu’ils n’ont reculé que de quelques kilomètres sur de nouvelles positions aussi fortifiées qu’imprenables. Il faut annuler cet assaut qui doit inexorablement finir en boucherie. Le général lui confie donc un courrier dans ce sens qu’il doit déliver en main propre au colonel Mackenzie ( Benedict Cumberbatch) qui commande le régiment Devon. Le jeune Tom Blake n’a que 24 heures pour sauver son frère et son régiment. Pour l’accompagner dans sa mission, il choisit son camarade, le caporal Will Schofield ( George MacKay). Les deux sous-offs vont traverser les lignes ennemies et survivre à bien des pièges pour tenter d’accomplir leur mission.
Vous me direz, OK c’est un remix de deux films de Steven de Spielberg « Il faut sauver le soldat Ryan » en version Guerre de 14-18 modèle « War Horse » ! Certes…mais pas que. « 1917 » est révolutionnaire dans la manière dont il a été filmé, cet inlassable et vertigineux plan séquence qui ne s’arrête jamais. C’est juste addictif, comme une drogue visuelle et c’est la base incontestable de la réussite de cet immense film. L’autre atout majeur est dans la performance des deux jeunes acteurs qui tiennent le rôle central : George MacKay 27 ans et son collègue Dean Charles Chapman encore plus gamin puisqu’il n’a que 22 printemps. Les deux étant relativement obscurs, c’est encore un pari gagné pour Sam Mendes. Avec des décors aussi fantomatiques qu’aboutis qui dépeignent si justement le chaos et la destruction, les animaux morts massacrés par les allemands qui jouent la politique de la terre brulée, les rats omniprésents, un sens du détail et du réalisme à couper le souffle, jamais la Grande Guerre n’avait ainsi été filmée. « 1917 » est aussi novateur que bluffant, aussi spectaculaire qu’émotionnel. Certes dans « Joker » Joachim Phoenix offre une sublime performance d’acteur qui ne manquera pas de décrocher un Oscar, mais pour le reste…franchement un film de Batman sans Batman ! Avec « 1917 » San Mendes nous offre un pur chef d’œuvre, qui devrait à coup sur être multi-Oscarisé : meilleur film, meilleur décor, meilleur scénar, meilleurs costumes…mesdames messieurs du jury, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Réponse : le 10 février prochain, au Dolby Theater de LA. Et, en attendant…ruez-vous sur « 1917 » dans la salle la plus proche de chez vous…avant de plonger dans le DVD dans une poignée de mois 😉