PNL « Deux frères »
Textes coups de poing, langage cru, dérangeant, direct. Trop ? On ne le sera jamais trop. Et PNL l’a bien compris, avec son 3éme album-choc. « Deux frères », en référence directe au puissant lien familial qui lie Ademo à N.O.S…en tout, 18 titres scandés de manière furieusement éthérée, comme un film en ralenti, comme un Radiohead francophone version rap, fidèle à la formule qui fait leur incroyable et mérité succès depuis 2015. Éloge de la lenteur hip-hopesque !
Et si PNL était ce qui était arrivé de mieux au rap hexagonal depuis les pères fondateurs Solaar, IAM et NTM ? Certes, le vieux con que je suis ne calcule pas toutes les paroles, mais malgré toute mon expertise en anglais, je ne pige pas non plus toujours à 100% les textes des rappers US que j’écoute en boucle. Et, yes…PNL c’est un peu toujours la même chanson, une fois qu’on en a entendu une, on les toutes écoutées. Mais ne peut-on pas en dire autant de 2Pac ou de Jay Z…ou aussi des Rolling Stones, par exemple ? C’est justement tout ce qui forge une signature musicale forte, qui tient la route sur la distance, ce que les brothers ont largement prouvé avec leur style perso, comme avec leurs clips aussi novateurs qu’aventureux. Certes, il est bien souvent question de dope dans leurs compositions, souvent traduit avec leurs mots, entre pure rage maitrisée et esperanto, où se télescopent français, anglais, arabe, argot, verlan et PNLien, à l’instar de ce « Au DD » qui ouvre l’album, joyeux acronyme de « au détail », référence directe au commerce de la weed et du teu. Mais, vu le parcours familial, et leur expérience personnelle passée par le deal et la « case prison »… et pas comme au Monopoly, il n’est guère surprenant que les rimes assassines de PNL ne manquent pas d’aborder l’industrie principale qui fait tourner les cités de France et de Navarre.
La force de PNL, c’est aussi de délivrer ses missiles lexicaux avec la plus grande délicatesse, le fameux poing d’acier dans son gant de velours. Ademo et N.O.S racontent parfois des choses terribles, mais elles sont énoncées dans la coolitude musicale de leur identité. Un peu à la manière de Clint eastwood dans « Dirty Harry » : it’s a hard job, but someone’s got to do it ( c’est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu’un s’y colle). Et incontestablement PNL fait admirablement le job. C’est novateur, avec l’une des plus fortes personnalisation de flow depuis peut être bien mes « potes » Bones Thugs N Harmony. Sans oublier une totale intégrité, un refus de la com classique, une indépendance aussi assumée que couronnée de succès. Sans oublier le clip nuit parisienne américaine spectaculaire de « Au DD », PNL nous fait un sans-faute. Franchement j’étais déjà scotché depuis « Dans la légende » (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/pnl-dans-la-legende.html ) là je suis carrément bluffé par leur poésie urbaine en forme d’ivresse, comme du Valium pour les oreilles. Verdict, monsieur le juge musical ? Relaxe. Ces « Deux frères » sont loin, très loin d’être des faux-frères. Respect.