WILLIE NELSON « The Border »

willie-nelsonAprès tout, ce n’est que son SOIXANTE QUINZIÈME album en SOIXANTE NEUF ans de carrière, cependant il ne faudrait pas prendre ce « The Border » à la légère. Car à 91 printemps, le toujours jeune natif d’Abbott, Texas, n’a absolument plus rien à prouver. Apaisé, cool et détaché, à l’image de cet extraordinaire cow-boy du rock, ce track-list démontre combien Willie aura tenu à se faire plaisir, signant ici un disque intemporel, organique et nonchalant, un disque qui opère comme un précieux ballon d’oxygène pour respirer à travers l’air vicié que nous traversons actuellement…

willie-nelsonLibéré de toute contrainte, nôtre pistoléro de la country prouve, dès la chanson-titre qui ouvre l’album, qu’il n’aura jamais été aussi libre avec cette balade country-mariachi qui s’étire sur 10 minutes et 19 secondes. Climatique love-song, elle nous rappelle que son Texas natal appartenait jadis au Mexique. Nostalgique l’ami Willie ? Affirmatif, comme le disait Serge. Et Nelson le prouve avec la délicate, slow et pedal-stealée « Once Upon a Yesterday », comme si le vieux Willie s’adressait au jeune Willie qu’il était, dansant au bras d’une Belle du Texas. Bien plus fun, bien que toute aussi rétro, « If I’m Out Of My Mind » – un peu à la « Poor Lonesome Me »- nous rappelle que cette country-là a su traverser les âges tout en conservant son âme… Mais c’est bien sur la sublime « I Wrote This Song For You » que Willie achève de nous faire craquer, avec cette mélodie toute simple où le vieux cow-boy fend l’enclume, s’adressant à une femme, mais aussi par extension au public fidèle que nous sommes et c’est cool comme un hit des Eagles. Autre réussite du CD, avec la climatique « Kiss Me When You’re Through », aux faux accents de l’« Heroin » du Velvet Underground, où sa  légendaire voix éraillée fait bien des miracles soniques. Quant à « Many A Long And Lonesome Highway », comme un lointain écho au « Sailing » de Rod Stewart, elle a tous les atouts de la classique Willie Nelson pedal-steal guitar, country pimentée latin, pour une balade sous le signe du Lone Star State. Ce n’est bien entendu pas un hasard si le fantôme de Hank Williams hante son « Hank’s Guitar », mais cette pure country nous rappelle aussi que les guitares se transmettent de musicien à musicien et que quelque part Willie envisage aussi que sa propre gratte passe un jour entre les mains d’un autre guitariste Retour vers le passé de l’après-guerre avec la rétro façon Arlo Guthrie  « Made in Texas » mais c’est avec  un retour assumé aux balades amoureuses que la superbe et mélancolique « Nobody Knows Me Like You », sans doute la troisième meilleure composition du disque, que s’achève ce bel album. Et s’il devait y avoir une conclusion à l’histoire, c’est que c’est toujours dans les vieilles barriques que l’on retrouve le meilleur bourbon, la preuve par l’ivresse de « The Border ».

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