PREMIER (SPANDAU) BALLET À PARIS

Spandau BalletVoici 40 dans BEST GBD rencontrait Gary Kemp, le danseur étoile d’un Spandau Ballet fraichement débarqué pour un premier tango à Paris dans la foulée de leur galette fraiche et toute première aventure discographique « Journeys to Glory ». Remonté comme un coucou suisse contre la presse rock British qualifiée de « presse bourgeoise » le leader du groupe d’Islington prônait alors la « révolution par le look ». Fashion flashback….à quelques semaines de l’élection de François Mitterrand  et après l’onde de choc de la triste disparition de Marley !

Spandau Ballet by Jean-YvesLegras

Spandau Ballet by Jean-Yves Legras

Portés par le hit fédérateur du LP « To Cut A Long Story Short » les Spandau Ballet débarquent de leur quartier londonien ce joli printemps 1981. Éminents représentants du pool « nouveaux romantiques » avec leurs collègues Duran Duran et Adam and the Ants et il faut bien admettre que dans la presse-rock on les a un peu tous pris pour des Charlots. Erreur car aussi bien les Duran de Simon le Bon et les Spandau de Gary Kemp prouveront qu’ils sauront durer bien au-delà de la mode qui les avait créés. En effet, quatre décennies après ce crucial 33 tours inaugural, Gary certes devenu solo depuis des années continue à tourner et à publier des albums, preuve qu’il n’a jamais perdu le sens de la danse… et de la musique.

 

Publié dans le numéro 155 de BEST sous le titre :

 

À PARIS CE DERNIER BALLETSpandau Ballet

 

 

Avant de rencontrer le Spandau Ballet, un de ces groupes attractions dont les Anglais sont friands, j’aimais assez leur musique. Un son de funk insulaire, dansant et surprenant. La démarche, dans l’esprit, était assez proche de celle des Bee Gees en 1976 avec leur « You Should Be Dancing » : créer une white soul qui donne autant envie de bouger (même mécaniquement) que la black. Surgi de nulle part, fin 1979, Spandau Ballet fait quelques gigs dans des discothèques où tous les gusses sont habillés au nec plus ultra de l’extravagance : pantalons bouffants et chemises à jabots de corsaires, soieries diverses, etc. Tout ce qui accroche d’une manière tape à l’œil est bon à prendre. Le Ballet prétend refléter la vague montante des jeunes kids qui rejettent l’uniforme et la vulgarité des punks, les grands frères sales vieux de vingt ans. Gary Kemp écrit et compose tous les titres de « Journeys to Glory », le premier LP du groupe.

« Pourquoi donc avoir choisi comme nom celui de la prison de Hess?

Gary Kemp: Spandau on I’a choisi juste parce que ça sonnait bien. Mais parlons plutôt de la scène de Londres. Des jeunes comme nous qui ne vont jamais aux concerts et qui préfèrent payer deux livres pour aller en boite danser jusqu’au matin. Or en boite il n’y a pas de scène pour assurer le visuel, le visuel c’est les mecs qui dansent et qui contribuent au show au lieu de le consommer. Quand on fait un boulot chiant et qu’on rentre le soir dans son grand ensemble, après ça on n’a aucune envie de se noyer dans la masse anonyme d’un public de concert. Moi, j’ai envie qu’on me regarde. Pour moi, m’assumer en tant qu’individu c’est avoir du bon temps et surtout un look chouette. 

Tu me racontes le scénario de «La fièvre du Samedi soir» ou quoi ? Vous suivez exactement le même chemin.

Au début des 70’s, les boites sont Gary Kempdevenues invivables parce que la disco avait supplanté la soul. Le circuit des boites tournait à vide jusqu’a ce que des amis à nous investissent le Blitz, une disco du West End. Parce qu’ils étaient jeunes et agressifs ils savaient mieux que ces vieux gérants l’ambiance qui convenait à leurs copains. Ils ont donc pris en main la boite un soir par semaine en se chargeant de tout. Ainsi ils sont certain de créer l’événement. Nous sommes un peu comme les mods des sixties. C’était des fils d’ouvriers comme nous, mais ils avaient toujours une certaine classe, même sans un sou en poche. Nous créons notre propre image et elle évolue avec nous. C’est pour cela que la presse rock ne nous aime pas. Elle préfère les punks parce que tous les fils d’ouvriers doivent se reconnaitre dans la crasse et I’ignorance. La presse rock est une presse bourgeoise !  Ils nous refusent le droit à I’élégance, à I’originalité. Si le look est tout ce qu’a ce fils d’ouvrier, alors il doit être le plus violent possible. »

Après le film de la London Week End Television qui leur est consacré et les papiers du Daily Mirror, le Ballet parait très sur de lui. Okay pour leur musique à danser, mais leur pseudo-argumentation politique me parait des plus boiteuses. Ils sont beaux, jeunes, poudrés et arrogants. Ils se disent indépendants de toute mode, de tout courant, mais ils ressemblent un défilé opportuniste de mannequins. Pour eux Bowie est un vénérable fossile de 34 ans! Et ils prennent leur pied sur Kid Créole. Leur musique électronico-sautillante est de la disco d’avant-garde, pourquoi pas, mais leur snobisme n’a rien de révolutionnaire. S’il faut les croire, la révolution justement viendra des salons où l’on danse. Good luck, mais n’oubliez pas que les gaz lacrymogènes font couler le rimmel !

Publié dans le numéro 155 de BEST daté de mai 1981BEST 155

 

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