On a retrouvé le testament d’Aretha Franklin
Alors que l’ex Chene Park Amphitheater de Detroit a officiellement été rebaptisé Aretha Franklin Amphitheater le week-end dernier, on vient de retrouver le testament rédigé par la Queen of Soul…sous les coussins du canapé du salon.
Près d’un an après l’annonce du changement de patronyme du Chene Park en Aretha Franklin Amphitheater, cette belle idée est désormais une réalité concrète. Le maire de Detroit, Mike Duggan, accompagné des membres du conseil municipal de Detroit, de la famille de Franklin et des représentants de la société The Right Productions qui gère le lieu, a célébré le changement officiel du nom de la salle de concert vendredi dernier. Pour l’occasion, Skidmore Studio, un studio de création spécialisé basé à Detroit depuis 60 ans, a conçu le nouveau logo de cet Aretha Franklin Amphitheater. Le maire Duggan a souligné à quel point l’artiste avait adoré se produire à Chene Park et que son concert de 2015 dans cette salle était » l’un des concerts les plus mémorables qui aient jamais eu lieu ici « . « Elle a chanté bien au-delà de minuit, jusqu’à ce qu’elle finisse dans la clameur de la foule alors R-E-S-P-E-C-T, » a-t-il déclaré, ajoutant : « Aujourd’hui, cette enfant de Detroit a son mémorial permanent. Elle a su apporter tant de la joie à des millions de personnes dans le monde entier, et maintenant, sur ce magnifique bord de rivière, les gens apprécieront la musique pendant des années et les habitants de Detroit diront pendant des années : » Ce soir, je vais à l’Aretha « .
Coincidemment, selon le quotidien Detroit Free Press on vient de retrouver trois documents manuscrits, dont un testament, sous les coussins du canapé du salon de la dernière résidence de la star à Detroit. L’écriture est certes quelque peu désordonnée, les instructions parfois contradictoires. Mais ces trois documents manuscrits rédigés par Aretha Franklin montrent que la chanteuse se souciait de ses dernières volontés. Or, jusqu’à présent on croyait que la diva soul n’avait laissé aucun testament à sa mort le 16 août à Detroit. Mais les trois documents soumis cette semaine à la cour d’homologation du comté d’Oakland révèlent qu’elle se préoccupait bien de transmettre ses biens à ses héritiers. Deux d’entre eux sont datés de 2010, tandis que le troisième est de 2014. Dans ces documents inédits, elle annule catégoriquement deux testaments précédents qu’elle était censée avoir rédigés des décennies auparavant, dont un avec une lettre adressée au chanteur des Temptations et passion amoureuse Dennis Edwards. Ces écrits démontrent que la chanteuse a murement réfléchi à ses volontés posthumes, même si c’est de manière un peu particulière parfois désordonnée. Ses mots sont tantôt affectueux, tantôt méchants, ils éclairent de manière troublante la sphère privée d’Aretha Franklin. Elle y déclare qu’elle est saine d’esprit et en bonne santé, « à l’exception de l’hypertension artérielle » et « d’une masse sur le pancréas ». Franklin, qui a passé les huit années suivantes à disparaître périodiquement de la vue du public, est finalement décédée de cette tumeur maligne au pancréas. On apprend ainsi que Aretha Franklin percevait 100 000 $ par année de Warner Bros, la société mère d’Atlantic Records, le label qui a lancé des succès tels que « Respect ». La compagnie détenait également un compte de redevances reportées totalisant 1,6 M$ en 2010. Un tel deal est fort inhabituel dans l’industrie du disque, et on ne sait pas pourquoi Franklin ou Warner l’ont mis en place, mais on présume qu’ en ne recevant que 100 000 $ par an, Franklin aurait ainsi minoré sa dette fiscale.Franklin a clairement souhaité partager ses biens entre ses quatre fils Clarence, Edward, Teddy et Kecalf –avec la volonté affirmée qu’ils soient traités équitablement. Avec néanmoins des dispositions particulières pour le fils aîné Clarence, qui a des besoins spéciaux sans doute médicaux. Dans le testament de 2014, Franklin a disposé que ses droits d’auteur sur les chansons et sa participation au film de MGM sur sa vie devraient aller à ses fils, qui devaient aussi recevoir ses disques d’or et ses prix. Les biens, y compris son piano, ses disques et ses CD, étant réservés à ses fils et à ses petits-enfants, tandis que les fonds provenant de plusieurs comptes bancaires devaient être « partagés également » entre divers membres de la famille, dont des nièces et une cousine.
Dans ce manuscrit, qui aurait été rédigé par Aretha Franklin en 2010, elle écrit : « Mes bijoux, mes fourrures, mes beaux meubles, ma musique, mon art, mes droits d’auteur appartiendraient à ma succession ou seraient partagés également avec mes enfants ». Elle a également expliqué comment ses trois maisons seraient attribuées: Kecalf aurait sa résidence principale sur Turtle Pond Court à Bloomfield Hills. Edward lui achèterait son autre maison de Bloomfield Hills, sur Wickford Court. Teddy aurait la maison de Palmer Woods à Détroit, sur l’avenue Hamilton. Elle a aussi réservé 50 000 $ dans ce testament de 2014 en faveur de sa demi-sœur à Memphis, Carl Ellan Kelley, née en 1940, fille du révérend C.L. Franklin. « Nous avons des mères différentes », note Aretha Franklin dans le document. (Kelley est en fait décédée en janvier 2019.) La Queen of Soul a suggéré que ses « papiers » soient transmis aux collèges ou mis aux enchères, et elle a demandé que ses robes soient mises aux enchères par Sotheby’s ou données à la Smithsonian Institution. Dans ces écrits, Franklin s’en prend également à divers avocats et autres professionnels qui ont travaillé pour elle. Parmi eux, une comptable de Southfield qui, selon elle, » m’a coûté environ 90 000 $ en ne me rappelant pas que je n’avais payé que partiellement mes impôts pour l’année 2008 « . Dans son testament de 2010, elle décrit aussi un avocat comme étant « mon avocat principal, mais extrêmement inefficace ». Le dépôt au tribunal comprend une liste des projets en cours liés à Franklin. Sabrina Owens, nièce de la chanteuse et exécuteur testamentaire de la succession, évoque 13 projets en cours de réalisation dont un biopic à venir et la série « Genius » de la National Geographic, consacrée à la carrière de Franklin. Le tribunal acceptera-t-il ces testaments comme valides et admissibles ? Donald McGuigan, un avocat spécialisé en litiges successoraux a déclaré que, en supposant que l’écriture soit celle de Franklin, les documents » semblent correspondre aux exigences de base d’un testament olographe » : ils sont datés, signés et rédigés par la défunte. La question ultime pour la juge Jennifer Callaghan du comté d’Oakland est peut-être de savoir si les testaments expriment clairement l’intention de Franklin – et c’est moins certain, a dit McGuigan, en partie en raison de l’écriture difficile à déchiffrer.