MUSE « Will Of the People »
Muse revient avec toute sa grandiloquence pour le 9éme épisode de ses épiques aventures en 23 années d’exercice rock, la formation de l’ami Bellamy n’a pas lésiné sur les guitares body-buildées et les envolées lyriques de ses vocaux incantatoires. Cette fois cependant, le rock à grand spectacle de « Will Of the People » s’inscrit effrontément à la fois dans le sillon de Queen, revendiquant ouvertement l’héritage baroque du gang de Freddie Mercury, et aussi celui du glam-rock de Gary Glitter et de Sweet, pour nous offrir un album que le groupe qualifie lui-même, avec une sacrée dose de chutzpah de « Best of composé de nouvelles chansons ». Sic !
J’avoue que depuis « The Resistance », où je les avais intensivement interviewés pour Rolling Stone dans leur studio d’enregistrement du lac de Côme, j’avais un peu perdu de vue Muse. Mais avec ce nouveau et 9ème CD, il faut avouer que la formation de Teignmouth dans le Devon fait assez fort. Concept-album sur un héros qui cherche à tout prix échapper à la dystopie dans laquelle il s’est lui-même enfermé, titres taillés au rasoir, synthés plus offensifs qu’une escadrille de drones kamikazes, Matt Bellamy, Dominic Howard et Chris Wolstenholme perpétuent une tradition British d’un rock aussi théâtral que dramatique. Et il faut avouer que la recette fonctionne à merveille. Alors tant pis ou plutôt tant mieux si une composition telle que « Liberation », un des incontestables hits, reproduit à la perfection les spécificités d’un « Bohemian Rhapsody » : chœurs et vocaux haut-perchés aux confins de l’opéra, instruments classiques emportés derrière un piano à queue sacrément… monté 🤪 et c’est un bien bel hommage juste absolument bluffant. Mais c’est par l’insurgée et chanson-titre « The Will Of the People » que tout démarre : voix démultipliées plaquées sur grosses guitares qui tracent un rock perché sur platform-boots , il balance entre le « Ballroom Blitz » de Sweet et le « Rock And Roll Part One » de Gary Glitter- sans oublier un petit check guitaristique à AC/DC- marquant le grand retour du rock que l’on disait alors « décadent » et c’est carrément fun.
Avec « Compliance », on retrouve toute la modernité des synthés et les vocaux mélodramatiques de l’ami Bellamy qui constituent la marque de fabrique de Muse. Retour vers l’opéra qui rencontre le chaos du metal assourdissant avec « Won’t Stand Down » avant la surprenante « Ghosts ( How Can I Move On) », délicate et classique, essentiellement interprétée au piano, pour une after-love story aussi romantique que spleenienne qui ne peut laisser indifférent, incontestablement une des plus belles réussites de l’album. Quant à la festive « You Make Me Feel Like It’s Halloween », elle oscille entre les Sparks version « This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us »… et Michael Jackson pour le clin d’œil, à la voix de Vincent Price dans « Thriller »… tout un programme ! Metal industriel et destroy aux guitares assourdissantes à la Metallica pour « Killed Or Be Killed » avant de retrouver un lyrisme carrément Queenesque avec la bien nommée « Euphoria », qui emprunte également un je ne sais quoi de la sequence synthé de Moroder pour « I Feel Love » de Donna Summer. Et enfin c’est avec la frénétique body-buildée « We Are Fucking Fucked » que s’achève cette épique aventure. Capturé au Red Room, le studio perso de Matt Bellamy à Santa Monica, produit par Muse ce « Will Of the People » n’a décidément pas fini de nous a-Muse-r 🫣