MAYERLING AU PALAIS GARNIER

MayerlingSex, drugs & … opéra… tel est le cocktail sulfureux offert par « Mayerling » sous les dorures de l’Opéra de Paris. Le ballet le plus célèbre de Kenneth MacMillan porté par son livret composé par Franz Liszt fait ainsi une entrée remarquée au Palais Garnier porté par son époustouflante chorégraphie. Un spectacle intégra qui a su gravement ravir notre mélomane JCM.

MayerlingPar Jean-Christophe MARY

 

Créé en 1978 par le London Royal Ballet, Mayerling est, avec l’« Histoire de Manon », le ballet le plus célèbre de Kenneth MacMillan. Dans cette vaste fresque en trois actes, le chorégraphe britannique s’inspire d’un événement historique : le suicide de l’archiduc Rodolphe, héritier du trône d’Autriche, en compagnie de sa maîtresse, la baronne Marie Vetsera. Qu’est-ce qui a pu conduire le fils de l’empereur François-Joseph 1er et de Sissi à ce geste ? Mêlant l’amour et la mort, Kenneth MacMillan explore les passions amoureuses et les enjeux politiques, alternant scènes grandioses et intimes. Portée par la musique de Franz Liszt, sa chorégraphie offre l’un des rôles masculins les plus exigeants du répertoire.

Le célèbre ballet de Kenneth MacMillan fait son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris pour y être présenté au Palais Garnier du 25 octobre jusqu’au 12 novembre. Le rideau s’ouvre et se referme sur l’enterrement de l’archiduc héritier d’Autriche Rodolphe, fils de l’empereur François-Joseph Ier d’Autriche et de l’impératrice Elisabeth, dite Sissi. Nous sommes en 1889. Quelques heures auparavant, lui et sa maitresse la Baronne Mary Vetsera, sont retrouvés morts dans un pavillon de chasse à Mayerling, dans la banlieue viennoise. Deux heures durant, le chorégraphe Kenneth MacMillan retrace le destin tragique de ces deux amants sur lequel l’ombre de la mort rôde en permanence. On y découvre dans le rôle principal, Rodolphe, prince maniaco-dépressif qui le jour s’oppose à son père l’Empereur François-Joseph en prônant la démocratie pour l’empire austro-hongrois. La nuit venue, il mène une vie de débauché dans les bordels viennois, abusant de stupéfiants divers et variés. Tout au long du ballet, la musique romantique de Frantz Liszt exalte les passages où le prince plonge dans ses obsessions, jouant tantôt avec un crâne, menaçant avec un revolver, terrorisant sa femme ou bien s’injectant une seringue de morphine. Reclus dans un mariage sans amour, impliqué politiquement dans la cause nationaliste hongroise, il se retrouve coincé dans une impasse.

MayerlingGrande fresque narrative néo-classique sur fond d’événements historique, d’amours éperdus et de folie mélangée, cette chorégraphie d’une grande virtuosité met l’accent sur les qualités théâtrales des danseurs et danseuses et nécessite des prouesses de portées acrobatiques d’une redoutable technicité. Tout au long du ballet, les pas de deux frappent par leurs mouvements vifs et acrobatiques qui exacerbent le style néo-classique de MacMillan. C’est un ballet sur pointes, qui se sert de la technique classique, mais qui est présenté ici en costumes d’époque plutôt qu’en tutus.

Mayerling offre l’un des rôles les plus exigeants du répertoire. Le danseur étoile Hugo Marchand dont la gestuelle gracieuse et la prestance scénique à incarner les grands rôles (« La Bayadère », « Roméo et Juliette », « Le Songe d’une nuit d’été », « La Sylphide ») fait preuve ici d’une névrose sans pareille, avec le soupçon de perversité inhérente au rôle. Son mode de vie borderline entre ses activités au palais de Hofburg et les nuits passées dans les maisons closes qu’il fréquente illustre le mal être existentiel d’un homme en quête de sa véritable identité. La baronne Mary Vetsera incarnée par Dorothée Gilbert incarne une femme totalement dévorée par son amour, volontaire jusqu’au suicide pour celui qu’elle aime. Personnage emprise par une passion aveugle, la baronne Mary Vetsera se montre encore plus suicidaire que son amant. Hannah O’Neill en Comtesse Marie Larisch, l’ex-maîtresse du Prince, est remarquable : elle incarne les états d’âme de son personnage, explore toute la palette des émotions. La musique de Franz Liszt s’articule efficacement autour de la dramaturgie et porte le ballet avec une grande fluidité.Mayerling

Costumes colorés et décors luxuriants de Nicholas Georgiadis, somptueuses lumières de John B. Read, ici tout concourt à la féerie. Si on vous dit que la direction d’orchestre est confiée à Martin Yates, ces nouvelles représentations devraient vite récolter les faveurs du public. Pensez vite à réserver.

 

 

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