MARCUS KING « El Dorado »

par GBD · 25 février 2020

Avec sa voix puissante à la Bobby Womack, naviguant avec art entre blues soul et pop le (jeune) guitariste Marcus King n’est pas seulement le protégé de Dan « The Black Keys » Auerbach mais avant tout un surdoué du rock, dont le tout premier album solo « El Dorado » ne peut laisser quiconque indifférent. Et surtout pas Jean Christophe Mary qui vous exhorte à courir l’applaudir pour son premier show parisien, dimanche à l’Alhambra…Be there or be straight 😜 & long live the King !

Par Jean Christophe MARY

Vous aimez Joe Bonamassa, Gary Clark, Jr., Warren Haynes, Lukas Nelson & Promise of the Real mais vous avez envie d’écouter du neuf, du moderne, de l’actuel ? Alors, c’est le moment ou jamais de découvrir le quatrième album de Marcus King ! Tout juste âgé de 23 ans, ce brillant spadassin de la guitare publie un quatrième album blues soul et pop remarquablement abouti en remettant au goût du jour une formule efficace qui, depuis les 60’s, a fait maintes fois ses preuves. Soit un rock brut, doté de refrains pop organiques qui prend solidement appui sur un mariage de voix et d’arrangements blues rugueux. Le guitariste chanteur a enregistré 12 titres au son lumineux et joyeux leur insufflant un zeste de country et surtout, surtout une troublante âme soul. Pour ce faire, il a recruté de brillants songwritter tels Paul Overstreet, Ronnie Bowman et Pat McLaughln. Pour la réalisation, Dan Auerbach (Black Keys) apporte son univers et sa patte sonore : des guitares claires et épurées pour les couplets, qui mettent en valeur le lyrisme des voix, pour finir par des éclats sonores gargantuesques. Dès le premier titre, ça commence doucement, juste guitare-voix. Puis la pedal-steel et le piano entrent en action, sans que l’on y prenne vraiment garde, jusqu’à ce riff électrique de Gibson Lespaul qui déchire l’espace . L’attaque de la grosse caisse et de la guitare sur « The Well », puissant mélange à la Black Keys, ces harmonies vocales, qui planent en apesanteur au-dessus de la toile sonore donnent la tonalité pour le reste de l’album. Sur » Wildflowers & Wine », une émotionnelle ballade soul, Marcus King redonne à cette blackitude profonde cette dimension vintage restée longtemps l’apanage des plus grands, les Otis Redding, Wilson Pickett et autres Sam Cooke. Le jeu de guitare blues jazzy, particulièrement accrocheur, se marie admirablement avec le piano et les chœurs féminins.

Marcus King « One Day She’s Here » aux guitares et aux basses funky dont la redoutable construction pop sur le refrain évoque le meilleur des Black keys, devrait faire un carton en radio. Toujours dans la lignée soul / Rythm & Blues se distinguent « Beautiful Stranger » et l’émouvant « Sweet Mariona ». Ce dernier en particulier renvoie au « You Better Move On » d’Arthur Alexander par Willy DeVille. « Break » est un délicieux croisement de folk, de soul et de blues. Coté refrain catchy comment ne pas fondre comme neige au soleil sur ce délicat « Say You Will », blues rock primaire aux secousses énergiques et rapides. Là encore, on reste proche de l’univers Blak Keys. Sans oublier « Turn It Up », un titre chaloupé aux faux accents reggae, doté d’un refrain accrocheur. Cela faisait longtemps que l’on n’avait entendu ce mélange de force brute et de volupté soul dans une production scintillante. Un son aussi riche nous ramène également à l’époque du rock blues en version deep south des Lynyrd Skynyrd. Les chansons collent à ce son pur qui transpire les racines profondes du sud, tout en offrant des torsions modernes. Le reste est calibré sur le même modèle : les accords rêches de la Lespaul télescopent la basse/batterie, le tout renforcé par le soyeux travail des choristes. À mi-chemin entre soul et blues pop, les textes bien ficelés donnent aux compositions un caractère mûr et abouti. Bref, « El Dorado », comme son nom l’indique, est album doré à l’or fin, que je vous invite à découvrir en live le samedi 1er Mars à l’Alhambra Paris.